Le pape François face à Orbán
La visite apostolique du pape François en Hongrie, un pays revendiquant clairement ses racines chrétiennes et dont les souverains portaient jadis le prédicat de « Majesté apostolique », n’est pas anodine. Rappelons que le royaume de Hongrie fut fondé au XIe siècle par le roi Étienne (975-1038), de la dynastie des Arpad, qu’il fut canonisé par l’Église catholique en 1083 pour avoir contribué à l’évangélisation du pays, d’où ce titre d’« apostolique ». Que de cette dynastie des Arpad sont issues aussi sainte Élisabeth de Hongrie (1207-1231), disciple de saint François d’Assise, et sainte Marguerite de Hongrie (1242-1271), nièce d’Élisabeth. Que le dernier roi de Hongrie, l’empereur d’Autriche Charles de Habsbourg-Lorraine (1887-1922), a été déclaré bienheureux en 2004. Tout cela doit tout de même compter un petit peu dans ce pays de moins de 10 millions d’habitants et dont seulement 39 % se déclarent catholiques et 11 % protestants. Preuve en est : le 19 août, jour où l’on célèbre la fondation du royaume, est l’une des trois fêtes nationales. Un peu comme si en France, en plus du 14 Juillet, on célébrait le baptême de Clovis…
À ce sujet — [Point de vue] La Hongrie poursuit sa politique nataliste, la France fait le choix de l’immigration
Bien sûr, on peut être tenté de réduire cette visite de trois jours du souverain pontife au pays magyar à un simple cliché : celui de la rencontre du gentil pape des migrants avec le méchant Viktor Orbán, véritable concentré de nationalisme, de racisme, d’homophobie et d’illibéralisme, comme il est convenu d’en convenir. La rencontre du successeur de Pierre qui n’a de cesse de prôner l'ouverture à l'Autre avec un défenseur des valeurs chrétiennes dans la société civile. Mais les choses sont plus compliquées que cela. D’abord, parce que Viktor Orbán n’est pas chef d’État mais Premier ministre et que la république de Hongrie est présidée par Katalin Novák, une femme ! Issue du parti conservateur d’Orbán, le Fidesz, elle a d'ailleurs confié à la presse avoir appris l’espagnol pour pouvoir converser avec le pape. Un geste d'ouverture ! Ensuite, parce que ce voyage apostolique a pour fond de tableau la guerre en Ukraine, limitrophe de la Hongrie. Or, le pape argentin souhaite ardemment la paix et Orbán, qui n’est pas spécialement un va-t-en-guerre, se refuse à livrer des armes à son voisin et n’a pas coupé les ponts avec Poutine. De plus, si la Hongrie défend bec et ongles sa souveraineté et son identité et si elle ferma ses frontières lors de la crise migratoire venue du Moyen-Orient en 2015, elle a cependant accueilli des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens dès le début du conflit en 2022. Le pape avait d’ailleurs remercié Orbán en visite privée au Vatican en avril de la même année.
Il n’empêche que cette rencontre du pape de l’ouverture avec le défenseur de l’enracinement est hautement symbolique. Lors d’une première et rapide visite en Hongrie, en septembre 2021, Bergoglio avait exprimé son souhait que les Hongrois soient « ancrés et ouverts, enracinés et respectueux ». Le pape du « en même temps ». Orbán, en réponse, avait offert la copie d’une lettre du roi de Hongrie, Béla IV (1206-1270), adressée au pape Innocent IV, dans laquelle il appelait à l’aide face à l’invasion mongole qui menaçait alors la Hongrie et l’Europe. On imagine que le pape argentin avait bien reçu le message… Au fond, deux visions de la chrétienté, si l’on peut encore employer ce mot aujourd'hui, opposent les deux hommes. L’un, aux affaires de son pays depuis treize ans, défend les valeurs traditionnelles de la famille, promeut une politique nataliste - toutes choses qui devraient ravir l’évêque de Rome. L’autre, répugnant généralement à en appeler aux racines chrétiennes de l’Europe, comme on put le constater dans son discours de réception du prix Charlemagne, le 6 mai 2016. Un pape qui se désolait qu’« en bien des endroits grandissait l’impression générale d’une Europe fatiguée et vieillie, stérile et sans vitalité » mais qui ne semble voir le salut que dans toujours plus d’ouverture, c’est-à-dire d’immigration, notamment musulmane…
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46 commentaires
Lors d’une discussion, mon grand père prétendit que la religion catholique était la seule vraie. L’évêque de Fontainebleau lui demanda la raison de son affirmation, il lui répondit que depuis presque 2000 ans elle résistait victorieusement à son clergé. Préconciliaire assumé, je partage cette opinion…
Toujours se souvenir que le Pape Bergoglio avait nommé aux migrations un certain Peter Sutherland (RIP)…Opus Dei, Ordre de Malte, Bilderberg, Trilatérale, ancien commissaire européen à la concurrence et ancien banquier international….et, et, et…membre éminent de l’Open Society de SOROS ! Chez qui prenait il ses ordres ? De qui était il le sous marin ? Quelle fut son influence réelle sur la « politique » vaticane ?
Ce qui intéresse ce pape est avant tout de déstabiliser le monde chrétien en Europe , il est moins avenant pour son pays d’origine et ses états limitrophes, un sentiment anti-européen l’anime et pousse la civilisation européenne vers une déchristianisation, bravo au souverain pontife !!!