Il aura fallu plus de trois ans et demi, depuis le référendum de juin 2016, pour que la volonté du peuple britannique soit enfin respectée. Elle s’est pourtant manifestée plusieurs fois, jusqu’à ces dernières élections législatives remportées largement par Boris Johnson, après une campagne exceptionnelle. Des dirigeants européens, il est d’ailleurs sans doute celui assumant le plus cet héritage européen qui a fait la grandeur de notre civilisation, pétri de culture grecque et chrétienne. Il a souhaité un joyeux Noël à tous et particulièrement aux chrétiens, contrairement à Emmanuel Macron, et récite l'Iliade en grec ancien dans le texte.

Mais au-delà de la personnalité du Premier ministre, il faut retenir la portée sans précédent de ce processus historique et les perspectives que le Brexit ouvre pour les peuples et les « tenants de la souveraineté » de leur pays.

Historique, d’abord, parce que tout a été fait pour le combattre. Malgré les tentatives ininterrompues des « prétendues élites » européennes et anglaises pour saborder le retrait, celui-ci aura bien lieu. Ils avaient pourtant promis l’apocalypse, l’enfer économique, les dix plaies de Londres. On constate déjà qu’il n’en est rien, que Londres impose son rythme à l’Union européenne, menaçant de se tourner vers le marché américain si les 27 font la fine bouche.

Historique, aussi, parce qu’à bien des égards, les inquiétudes populaires britanniques se retrouvent ailleurs en Europe. Le malaise anglais, la fracture entre les métropoles mondialisées et les perdants de la mondialisation, entre les « somewhere » et les « anywhere », ceux qui sont de quelque part et ceux qui sont de nulle part [1]. Chez nous en France, les vainqueurs et les vaincus de la mondialisation, les nomades et les enracinés.

Historique, enfin, parce que le Brexit prouve une chose : le fédéralisme européen n’est pas une fatalité. Le prétendu sens de l’Histoire a été mis à mal par la volonté du peuple britannique. Pour nous, qui portons la voix du peuple de France, méprisée par les traités et les puissants, c’est un grand signe d’espoir et d’encouragement.

[1] Clivage sociologique théorisé par David Goodhart, journaliste et sociologue anglais dans son livre Les Deux Clans.

 

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23 janvier 2020 à 8:55

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