Le 18 juin, ce devrait être une fête nationale. Ce jour-là, un homme a cru en la France plus que la plupart des Français, et presque seul parmi ceux qui exerçaient ou avaient exercé des responsabilités. Il a affirmé haut et fort que la France n’était pas vaincue et qu’elle devait poursuivre le combat aux côtés de ses alliés. Cette attitude s’appuyait sur deux piliers inébranlables : un patriotisme qui mettait l’intérêt supérieur de la patrie au-dessus de toute autre considération politique et une clairvoyance qui anticipait les moyens dont les ennemis de l’Allemagne disposeraient pour la vaincre.

Plusieurs discours ont été prononcés par le général de Gaulle, entre le 18 juin et le 2 juillet. Le suivant ne sera délivré que le 8 juillet, parce que le 3 juillet, les Britanniques ont attaqué la flotte française ancrée à Mers el-Kébir, hors d’état de se défendre, l’ont détruite en grande partie et ont tué 1.300 marins français.

Durant toute la guerre, l’homme du 18 juin s’efforça de maintenir l’indépendance et la dignité de la France. Au début, c’était une fiction, puis peu à peu, avec les ralliements, la présence à ses côtés d’hommes comme Philippe de Hautecloque, celui qui allait devenir le général Leclerc, maréchal à titre posthume, après son décès en 1947, la France libre serait de plus en plus une réalité incontournable. Leclerc commença son action dans l’Afrique-Équatoriale française, au Gabon, puis au Tchad, d’où il lança son offensive contre les Italiens en Libye. L’A-ÉF a été le premier territoire à redonner à la France libre son statut d’État souverain grâce au gouverneur du Tchad, Félix Éboué, Guyanais, comme la sinistre Taubira, descendant d’esclaves et dont l’attachement passionné à la France peut être rappelé face au déferlement « racialiste » actuel. Sa carrière, son entrée dans la Résistance, son corps au Panthéon sont une réponse à ces « Français » récents, immigrés et non descendants d’esclaves, qui accusent la France de racisme et réclament des « droits » alors qu’ils n’ont aucun titre.

Le 18 juin a sauvé l’honneur de la France. De Gaulle avait parfaitement vu que la fidélité aux engagements pris envers le Royaume-Uni, malgré la disproportion entre un Empire qui tenait les mers et la poignée de Français libres, était moins dangereuse pour l’indépendance de notre pays que la soumission de son État, encore bien réel, à une Allemagne totalitaire qui serait impitoyable. Cette lucidité politique rejoignait la clairvoyance militaire qui lui avait révélé l’importance de l’armée blindée, cette « force mécanique » que l’état-major français avait écartée et par laquelle il avait été vaincu.

Avec le recul du temps, on se rend compte à quel point ce second combat, idéologique et non plus militaire, n’a pas été gagné. Notre civilisation est remise en cause, notre nation fondée non sur une race ou une ethnie mais sur une histoire, un destin commun au peuple français, est accusée. On veut qu’elle révise son passé, s’excuse de crimes qu’elle n’a pas commis. On veut qu’elle débaptise des lieux, quelle déboulonne des statues. Le 18 juin est une date qui permet, au contraire, de se souvenir que près du gouffre, la France n’y est pas tombée mais, au contraire, s’est relevée avec courage. C’est cet esprit nourri de ce « riche legs de souvenirs », comme l'écrivait Renan, qui doit nous animer en espérant que, bientôt, des hommes et des femmes qui le portent remplacent les dirigeants actuels dont les propos et les comportements n’ont rien de commun avec la Résistance et la Libération.

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18 juin 2020 à 8:48

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