L’aveu de Gérald Darmanin : safe qui peut !

Le garde des Sceaux l'a avoué ce week-end, en interview : il n’y a plus, en France, de lieux sûrs.
Capture d'écran YT Legend
Capture d'écran YT Legend

C’est l’info qui met les médias en émoi, ce lundi matin. Gérald Darmanin, invité par Guillaume Pley sur la chaîne YouTube Legend, a énoncé cette vérité qui saute aux yeux, sinon à la gorge de chacun : il n’y a plus, en France, de lieux sûrs. Le paradis sécuritaire ressemble à l’enfer.

On est cool, sur le plateau de Legend, ce lieu où « célébrités ou anonymes », tous ceux « qui ont des parcours de vie extraordinaires à partager » viennent raconter leur vie. Gérald Darmanin est donc venu parler du Nord, de son enfance modeste, de sa maman, de son oncle, du stade de Lens et même de l’appartement du ministre de l’Intérieur, qui n’a pas de clef et où chacun peut donc pénétrer sans frapper.

Les politiques ne comprennent pas ce qu’ils disent

La conversation roule, on parle à bâtons rompus. Ça dézingue un peu les confrères. « Vous trouvez que les politiques parlent avec des mots trop compliqués ? », demande Guillaume Pley. « On ne comprend rien à ce qu’ils racontent, répond Darmanin. C’est les médecins de Molière : plus vous avez un langage compliqué, plus vous allez entuber quelqu’un. » En général, ajoute-t-il, celui qui en use « n’a pas compris lui-même, car utiliser des mots compliqués, c’est dire aux gens qu’on n’a pas compris leur vie ». Allô, Macron, si tu l’entends…

Au sommet de l’absurde, dit le garde des Sceaux, il y a la justice. « Les mots ont un sens très important, dit-il, mais au ministère de la Justice, par exemple, ils n’ont pas de sens. On dit que quelqu’un est condamné à une peine de prison, mais il ne fait pas de prison. On dit les prisonniers sont à l’isolement, oui, sauf qu’ils peuvent téléphoner. » Alors oui, il est essentiel « d’employer des mots qui correspondent à la réalité de ce que vivent les gens ». Ainsi, « quand les politiques parlent de "sentiment d’insécurité", ça les énerve, les gens. » Allô, Dupond-Moretti, si tu l’entends…

À ce moment de vérité, on se demande si Gérald Darmanin ne serait pas gagné par le remords, celui, par exemple, de nous avoir « entubés », comme il dit, avec Kevin et Mathéo.

Et quand on a dit cela, qu’est-ce qu’on fait ?

Vient alors la question qui, ce lundi, sème la panique dans le Landerneau médiatique : « Est-ce que la France est plus dangereuse qu’avant ? », demande Guillaume Pley. « Dangereuse, je ne sais pas, répond le ministre, mais violente, oui. C’est plus violent et ça touche plus, partout, tout le temps. » Et comme on est entre gens cool, il le dit en anglais : « Il n’y a plus de lieu safe. » Comprenez « sûr ». Il enchaîne : « Ce qui marque les Français, c’est que ça s’est généralisé, métastasé, quelque part, voyez. » Et là, on bute un peu sur l’analyse alambiquée. « Ce n’est plus que dans les endroits où on cherchait le problème potentiel, dit Darmanin. On allait sur les Champs-Élysées, on savait qu’on pouvait tomber sur un voleur ou un mouvement de foule. Aujourd’hui, n’importe où, vous vous dites "je peux tomber sur un voleur". » Sur un violeur aussi, ou un crackeux en manque, un jeune « en situation de souffrance psychologique » ou un gars qui manie la machette, le sabre à canne, le coupe-coupe, la kalachnikov, l’Opinel ou le katana. On trouve de tout, dans notre France diversitaire.

Et donc, cher Monsieur Darmanin, une fois enfin admis par vous-même et votre confrère Bruno Retailleau que la situation est critique, que fait-on ? Ou, plutôt, que faites-vous, car nous, à part raser les murs, on n’a guère d’options.

Le garde des Sceaux a une réponse : « Si vous voulez une société sécure (sic), il faut la reconnaissance faciale, par exemple », dit-il. Autrement dit, une société à la chinoise, pourtant tellement décriée par nos élites. Si, d’ailleurs, vous voulez savoir à quoi cela ressemble vraiment, regardez l’excellent documentaire Ma femme a du crédit. Il décrit la vie d'une société entièrement placée sous surveillance. Et songez qu’il a été tourné en 2020, c'est dire qu’on a sans doute, depuis, encore « amélioré » le système.

Est-ce cela, le remède envisagé par le gouvernement ? Des applis sur le téléphone pour suivre tous nos gestes et déplacements, acquérir, comme les Chinois, des points de bonne conduite et évaluer, en conséquence, ce qui nous est ou non autorisé (achats, déplacements, spectacles, écoles, etc.) ? Comme le soulignait Gabrielle Cluzel sur Europe 1, c’est tout le paradoxe d’une société qui, malade de son laxisme, n’a pour solution que devenir de plus en plus répressive pour les honnêtes gens. Toujours au nom de la sécurité. C’est la conséquence d’une société ouverte à tout vent, qui n’a plus de frontières extérieures mais en installe partout dans la sphère privée.

Gérald Darmanin a été ministre de l’Intérieur pendant quatre ans, garde des Sceaux depuis quelques mois. Il est donc, lui aussi, responsable du cancer qui nous ronge, et si métastases il y a, elles ont hélas prospéré sous son mandat.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Quand on utilise un mot anglais pour dire quelque chose, alors que le mot existe en français, c’est parce que l’on souhaite que la majorité des Français ne comprenne pas bien.
    Il n’y a plus aucun d’endroit sûr en France ! Est-ce clair pour tout le monde ?
    La faute à qui ? aux ministres de l’intérieur et de la justice de Hollande et de Macron qui sciemment ont laissé le cancer se propager dans notre patrie littéralement envahie de métastases.
    Pour lutter contre un tel cancer généralisé il existe la chimio lourde qui peut rendre nauséeux et les anticancéreux modernes qui vont détruire les cellules une à une là où elles se cachent. Les deux méthodes sont valables.

  2. Nos Politiques ont ouvert les frontières à tous les vents, et ils s’étonnent maintenant qu’il y a partout des courants d’air dans la maison, et que nulle part on n’est à l’abri d’attraper du mal……Des apprentis sorciers auraient fait mieux qu’eux !

  3. Il aurait pu s’épargner le risque d’avouer ca, tout le monde le sait. On préfèrerait l’annonce de mesures sérieuses pour dissuader les racailles de passer à l’acte, et tant pis si ca saigne!

  4. C’est un ministre de la France qui s’exprime? Bon il est lucide mais je vois là un constat d’échec. Ce qu’attendent les Français ce n’est pas le bilan (on le connaît) mais des résultats.

  5. Outre le fond que vous analysez très bien, je suis choqué par la forme avec « safe » en franglais, avec « mec » en argot et même « flics » pour désigner ses anciennes troupes. C’est ça un ministre aujourd’hui ? Quelle honte !

    • Et en plus, un ministre qui parle de se « faire entuber » ? Mais il sort d’où ce malappris ?

      • Quand on utilise un langage de charretier, c’est pour faire croire qu’on est  » nature », simple et franc.  » faire croire » . Donc, la vérité est l’exact inverse.

  6. Plus de temps à perdre pour écouter ce Monsieur « Constat », auquel ont été confiés, une fois de plus, la résolution des problèmes que le système auquel il appartient a engendré et encouragé !

    • Ce que je ne supporte pas chez Gérald DARMANIN ce sont ses multiples mensonges à répétition, sa logorrhée médiatique et son verbe qui remplacent souvent, pour ne pas dire toujours, l’action …
      Il fait lui-même le bilan catastrophique de ses années comme ministre de l’intérieur: opérations « Place Nette » en trompe l’œil et considérées comme peu efficaces par les experts criminologues.
      « Les Kevin et Mateo » dans les émeutes de banlieues, des villes et des villages me sont restées au travers de la gorge.
      Accusation scandaleuse des supporters anglais victimes des délinquants et voyous de Seine-Saint-Denis au Stade de France.
      On ne peut faire confiance à un ministre qui s’arrange avec la vérité même si il s’en excuse 2 x ans après!
      Je saurai m’en souvenir le jour des élections.

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