L’affaire Duhamel rend Emmanuel Macron et Édouard Philippe très fébriles…

duhamel

Parmi les articles parus sur l'affaire Duhamel, l'un d'eux est passé relativement inaperçu. Pourtant, il émane de la source, bien informée, qui a révélé l'affaire au grand public : Ariane Chemin et Le Monde. Et il décrit, précisément, l'état d'esprit qui règne à l'Élysée et autour de l'ancien Premier ministre Édouard Philippe : « fébrile », « tétanisé ». Il paraîtrait qu'« Emmanuel Macron surveille chacun de ses rebondissements comme le lait sur le feu ». Une fébrilité qui s'est d'abord traduite par une condamnation tonitruante : « Ces témoignages, ces paroles, ces cris, plus personne ne peut les ignorer. [...] Le silence construit par les criminels et les lâchetés successives, enfin, explose. » Comme si le pluriel et la posture permettaient de noyer dans un mouvement général et anonyme l'encombrant Olivier Duhamel.

Car encombrant, Olivier Duhamel l'est très lourdement pour la galaxie Macron. Dès la campagne de 2016 : « Naguère proche du Parti socialiste, [il] avait en effet tissé sa toile jusqu’à l’Élysée et Matignon. Avant de fêter la qualification d’Emmanuel Macron pour le second tour de l’élection présidentielle, le 23 avril 2017, à la brasserie La Rotonde, il avait fait passer plusieurs notes au candidat et participé à quelques meetings de campagne. » Ben oui, La Rotonde, il en était.

Mais la proximité d'Olivier Duhamel avec Emmanuel Macron ne s'est pas arrêtée aux marches du Palais, il a assuré de très près le service après-vente : articles dans sa revue Pouvoirs, publication d'un livre co-écrit avec Laurent Bigorgne, conseiller du Président, visites à l'Élysée, conseils sur l'affaire Benalla, sur le projet de loi sur le « séparatisme », etc. Olivier Duhamel était un visiteur du soir et du jour très actif de la Macronie.

En outre, Olivier Duhamel échangeait aussi beaucoup avec son « amie » Nicole Belloubet, garde des Sceaux, avec Marc Guillaume, secrétaire général du gouvernement. Mais aussi avec Thierry Solère - conseiller politique, hier d'Édouard Philippe, aujourd'hui d'Emmanuel Macron lui-même -, mis en examen. Un pilier de la Macronie, donc, Olivier Duhamel.

Et un pilier devenu très encombrant... Le Monde nous apprend donc que tout ce petit monde est désormais très fébrile. Car la question qui nous taraude tous est claire : ne savaient-ils donc pas ? Eux, les mieux informés de France ? N'ont-ils pas leur part de responsabilité dans « l'omerta » qu'ils dénoncent à grands cris aujourd'hui ? M. Bigorgne, proche d'Emmanuel Macron, reconnaît qu'Olivier Duhamel lui aurait « dit qu’il avait fait des choses “affreuses”, c’est le mot qu’il a employé ». Ah...

Le malaise est là. Et l'on ne peut s'empêcher de méditer sur les mots du Président : « Ces témoignages, ces paroles, ces cris, plus personne ne peut les ignorer » et sur le sens du verbe « ignorer ». Ne rien savoir, oui, mais aussi ignorer quelqu'un ou quelque chose, ne pas donner suite. Tout en sachant. Comme un classement sans suite.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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