La ville de Valence (Drôme) est-elle devenue une base locale des Frères musulmans ? 

Nicolas Daragon

Dans son édition du 8 janvier, le Journal du dimanche dévoile une note des renseignements territoriaux s’inquiétant de l’influence des Frères musulmans sur le conseil municipal de Valence (Drôme). Autorisés en France, les Frères musulmans, sous couverts de francisation et de normalisation, prônent une vision conservatrice de l’islam. Dans le viseur des renseignements territoriaux, Adem Benchelloug, conseiller municipal de Valence, est soupçonné de proximité avec l’islam radical, bien implanté dans cette ville.

Un conseil municipal sous influence

Cela fait-il de Valence une plaque tournante de l’islam radical dans le département ? C’est, en tout cas, ce que laisse penser une note des services de renseignement rédigée, l’été dernier, à destination de la préfète de la Drôme et dévoilée, ce week-end, par le JDD. Dans ce document de douze pages intitulé « Radicalisation – Adem Benchelloug – élu municipal et communautaire – Frères musulmans », les renseignements territoriaux détaillent les liens présumés entre le jeune élu municipal et la mouvance islamiste de Valence. Cette note brosse le portrait d’un conseiller « formaté théologiquement depuis 2012 au sein […] des associations L’Ouverture et l’institut La Plume, incontournables de la formation théologique frériste dans le département. » S’il continue d’afficher des « gages d’attachement à la République », cet élu de 32 ans « applique en réalité tous les préceptes de la cause religieuse fondamentaliste », notent les services de renseignement. Et d’ajouter qu’Adem Benchelloug « apparaît comme le pur produit des incubateurs fréristes locaux ». Au-delà de son parcours, les renseignements territoriaux s’inquiètent de son rôle et de son influence politique. Ainsi, il ne serait pas étranger à l’existence du projet de groupe scolaire hors contrat islamique créé dans sa commune.

L’écosystème radical à Valence

Au cœur de cet écosystème valentinois, les services de renseignement pointent d’abord du doigt l’imam Abdallah Dliouah, qui officiait bénévolement au sein de la mosquée de Valence. Ils l’accusent d’être le « fondateur de l’influence frériste dans la Drôme ». Cet imam qui, par ailleurs, ne cache pas sa proximité avec le jeune conseiller municipal a, par exemple, partagé en 2013 le signe de ralliement des Frères musulmans sur les réseaux sociaux. Abdallah Dliouah, sur son compte Facebook et sur son blog personnel, apporte régulièrement son soutien à différentes personnalités réputées proches de la confrérie frériste ou réputées comme telles, dont Mohamed Morsi, ancien président de l’Égypte, le désormais célèbre imam Hassan Iquioussen ou encore Tariq Ramadan. Il ne manque pas non plus de citer Al-Qaradawi, principal idéologue de la mouvance frériste, et de féliciter Marwan Muhamad, fondateur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) dissout par Gérald Darmanin.

Mais le document rend compte de l'ampleur de la galaxie frériste implantée à Valence. Outre cet imam, on trouve là différentes associations accusées de proximité avec l’islam radical. Les services de renseignement mettent d’abord en exergue l’institut La Plume, qui propose des cours en langue arabe. Cette organisation, fréquentée par Adem Benchelloug, aurait été « pourvoyeuse de plusieurs djihadistes drômois en 2014 », expliquent les renseignements territoriaux. À ces « œuvres » s’ajoute l’association D’Clic qui souhaitait organiser, ce 8 janvier, une conférence – finalement annulée - en présence d’imams controversés. Enfin, Valence abrite l'’école musulmane hors contrat Valeurs et Réussite. Ce groupe scolaire, qui avait obtenu de la mairie la vente d’un terrain, a récemment vu son dossier retoqué. En cause ? L’opposition de certains élus du gauche et une enquête menée par les journalistes de Charlie Hebdo qui accusent l’école d’être « proche des Frères musulmans ».

Face aux accusations portées par les services de renseignement, Adem Benchelloug et l’imam Dliouah nient dans les médias toute proximité avec les réseaux fréristes. Nicolas Daragon, maire de Valence (LR) et proche de Laurent Wauquiez, continue de soutenir son conseiller municipal. La mairie n'a pas répondu à BV à l'heure où nous bouclons cette article. Cependant, les renseignements territoriaux n’abandonnent pas le dossier et promettent de suivre « avec un grand intérêt l’évolution de ce jeune personnage public, qui remplit parfaitement les critères de la stratégie de la confrérie des Frères musulmans ».

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

28 commentaires

  1. C’est la ville où Napoléon avait fait ses 1ère Classes d’artillerie la 1ère fois qu’il est arrivé de Corse, avant de suivre une autre formation dans l’Est. S’il savait ce que la France est devenue depuis !

  2. les frères musulmans qu’on appelle maintenant « musulmans de France » semble t-il ne sont pas déclarés comme terroristes alors que dans certains pays arabes ils le sont, la France soumise se contente de cette situation.

  3. Cet état de fait n’est ni nouveau ni isolé.Evitons que ces élus deviennent majoritaires.
    Attention au moment du vote,à moins qu’il ne soit déjà trop tard.Bon courage pour la
    suite si ce n’est pas votre tasse de thé.

  4. Autrefois, Valence avait la chance d’avoir une forte minorité d’Arméniens, c’était une population qui, elle, était une chance pour la France et qui l’aimait et lui était reconnaissante de l’avoir accueillie.

  5. J ignorais que les frères musulmans étaient autorisés en France…je peux être encore plus inquiète sur le devenir de mon pays et au delà de ça m interroger sur le fait de la complaisance des pouvoirs pour les laisser vaquer à leurs occupations en toute quiétude

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