« La Fabrique du mensonge » : les leaders de droite indignés mais discrets

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Décidément, le titre du documentaire était la parfaite définition de ce qu’est devenue France 5. C’était l’émission à voir, hier soir. Diffusé préalablement à un débat dans l’émission « C ce soir », présentée par Karim Rissouli, le documentaire réalisé par l’ancien salarié de Canal+ Félix Seger avait pour but de dénoncer « la récupération du meurtre de Lola par l’extrême droite ». À grands coups de poncifs et de propos lénifiants rendant pluraliste le plus bolchevique des éditos de la Pravda, on assiste, médusé, pendant 1 h 47, à un retour sur l’affaire Lola où il est très peu question de l’assassinat de cette enfant par une clandestine sous OQTF. Au-delà de l’expression courante, la Lune disparaît sous une forêt de doigts de déshonneur subventionnés par vos impôts.

La droite visée

Dans ce documentaire, Reconquête est mis au banc des accusés. Éric Zemmour, Marion Maréchal, la vice-présidente, mais également Samuel Lafont, le directeur du numérique et des levées de fonds, font les frais de cette grande opération de rééducation. En réaction, Zemmour n’y est pas allé par quatre chemins :  « Le documentaire "La Fabrique du mensonge" porte bien son nom. Il reproche à mon équipe d’avoir mis la lumière sur le meurtre ignoble d’une enfant, Lola, par une étrangère qui n’aurait jamais dû être chez nous : un francocide. Avec France 5, c’est la dénonciation d’un meurtre, qui est un problème. Pas le meurtre lui-même. C’est ignoble. Quelle honte pour le service public. » Chez les zemmouristes, le documentaire ne passe donc pas. « C’est un reportage honteux qui voit le service public faire passer le drame de Lola au second plan au profit d’un combat idéologique », réagit, par téléphone, Stanislas Rigault, membre du bureau exécutif de Reconquête. Les féministes de Némésis considèrent que ce documentaire est indigne : « France 5 fustige la récupération politique alors que le reportage est bien plus de "démonter les théories d’extrême droite" que l’affaire en elle-même », affirme le collectif Némésis, qui poursuit : « D’ailleurs, le meurtre en lui-même est très peu évoqué et le viol de la petite ne sera même pas mentionné. »

Parmi les mis en cause, on retrouve en bonne place Samuel Lafont. Le cybermilitant est notamment sous le feu des critiques pour avoir pris l’initiative de réserver des noms de domaine en lien avec Lola. Joint par téléphone, Lafont se contente de déplorer « l’immense tapage médiatique autour d’une polémique fabriquée de toute pièce » au détriment du sort de Lola. « Si cela n’avait pas été le nom de domaine, cela aurait été autre chose », assure Samuel Lafont, qui dénonce « une grande manipulation ».

Un garde des Sceaux en bonne position

Intervenant dans le documentaire, le ministre de la Justice, pour qui l’insécurité « est un sentiment », au mépris de la réalité, n’a pas manqué de faire la leçon à ceux qui se sont horrifiés du meurtre de Lola : « Le moment de deuil, de recueillement, de dignité, ils s'en foutent. Tout ça à des fins politiciennes », lance le locataire de la Place Vendôme, par ailleurs mis en examen pour prise illégale d’intérêts.

Le RN en mode silencieux

« On l’avait bien vu venir... » Dans les travées de l’Assemblée nationale, le RN observe avec retenue les conséquences de l'émission. Globalement épargnés et simplement cités dans le cadre de la minute de silence qu’ils avaient tenue en mémoire de la petite Lola, les élus du Rassemblement national se félicitent à bas bruit d’avoir évité le procès en récupération. « On dépose des amendements, pas des noms de domaine », nous avait glissé, à l’époque, le député Hervé de Lépinau, en marge de la minute de silence. « Bien entendu, on a trouvé ce documentaire immonde et partial, mais on ne se sent pas vraiment concernés », souffle un collaborateur du groupe. Côté LR, pas de réaction de Retailleau, par exemple, cité dans le document. Les LR laissent filer.

La bonne et la mauvaise récupération politique

Ce documentaire accuse donc certaines personnalités de droite de se livrer à la « récupération politique ». Mais quid des polémiques lancées autour de la mort de George Floyd, aux États-Unis ? Quid de la mort du petit Aylan qui avait suscité d’innombrables réactions politiques ? Quid de la récupération politique de la mort d’Adama Traoré par la NUPES, qui voit des Mathilde Panot et autres Louis Boyard s’afficher avec ce mouvement ? Ce documentaire pourrait être insignifiant, il est en réalité hautement manipulatoire.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

23 commentaires

  1. J’ai toujours voté LEPEN lorsque ce nom là était présent sur les affiches électorales et cela depuis les années 70 . On nous dit que MLP est favorite pour dans ….4 ans . Au train où vont les renoncements, les silences , les accommodements du RN, l’issue des présidentielles de 2027 est plus qu’incertaine

  2. Le silence du RN concernant le militantisme gauchiste de plus en plus cru du service public audio-visuel est incompréhensible !

  3. ce qui m’afflige le plus, ce n’est pas la pauvreté des arguments ni la manipulation des consciences, on sait de quoi sont capable ces doctrinaires à la petite semaine, mensonge, contre vérité etc.., c’est le fait que ces gens là sont rémunérés AVEC mes impôts.
    Il y a bien longtemps que je ne regarde plus ces fabriques de désinformation.
    Vous voulez de l’information, regardez « Cnews ».

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