La décentralisation : une idée de droite ?

village

Le discours de Marion Maréchal lors de la Convention de la droite nous invite à nous interroger sur les véritables problématiques qui concernent la droite. L’idée soutenue opposait progressisme et conservatisme, localisme ou patriotisme à mondialisme. C’est pourquoi nous pouvons dire que la décentralisation, bien plus qu’une idée à droite, est une idée de droite.

Souvent, nous sommes tentés de penser que le monde actuel est fait de telle manière qu’il serait impossible de le changer. Cette planète mondialisée est comme un fatras indescriptible dans lequel les interactions sont si nombreuses qu’on croirait, si nous voulions changer quelque chose, devoir démêler une quantité énorme de ficelle. Aujourd’hui, le monde ressemble un peu à cette mauvaise bobine. En effet, pour démêler la mondialisation, il serait plus judicieux de regarder le monde avec une loupe, de façon particulière, plutôt que l’observer dans son ensemble, derrière une baie vitrée.

Regarder à la loupe, c’est s’occuper de ce qui nous concerne directement et, de proche en proche, élargir le champ des préoccupations. Autrement dit, charité bien ordonnée commence par soi-même, parce que c’est bien de charité – d’autres diront d'humanité, nous le leur laissons - qu’il s’agit. Cette charité demande qu’on s’occupe de son prochain, et son prochain n’est pas celui qui se trouve de l’autre côté d’un hémisphère, c’est véritablement celui d’à côté, le voisin, le frère, le commerçant d’en face et les sans-abri de la rue. S’occuper du prochain, c’est faire vivre le paysan et le maraîcher : alors, l’Europe n’aura plus besoin de redistribuer l’argent versé par le commerçant pour payer le paysan.

S’occuper de son prochain, c’est revenir au local ; c’est s’occuper de son chez-soi parce que nous connaissons mieux ce qui est proche que ce qui est loin. Dans un pays où la centralisation jacobine a fait son œuvre, Paris dévore la province et les intérêts du petit commerçant sont négligés. Mais il en fallait plus : l'Europe de Bruxelles, à l'instar d'un Paris centralisateur, noie dans un absolu légal et normatif les réalités concrètes de chacun si bien qu'aucune institution ne sait plus défendre les intérêts d’un particulier parce qu’il n’est qu’un individu seul et isolé, étouffé par la mondialisation.

Alors, pour alléger le poids que font peser sur nous ces façonneurs de ce village mondial, nous devons retrouver ce que naturellement la société nous offre : l’aptitude naturelle à vivre en communauté, au sein d’une famille, d’un quartier, d’un corps de métier, d’une région, d’un pays. L’individu, qui n’en serait plus un, parce que reconnu comme appartenant à un groupe, pourrait se défendre face à un État tout-puissant qui nous donne comme garantie de simples constructions intellectuelles, arguant, par exemple, que le judiciaire est séparé de l’exécutif et du législatif. Le retour au local permettrait de passer d’une séparation des pouvoirs horizontale et intellectuelle à une séparation verticale et physique et l’État ne serait plus qu’un lointain monstre froid.

À l’inverse de la mondialisation, la décentralisation. Cette dernière prend en compte deux aspects : le social et l’identité. Sans le social, le plus faible pâtirait encore face au plus fort, et sans l’identité, on croirait que l’Auvergnat aurait les mêmes besoins que l’Ivoirien.

La décentralisation est ce modèle qui, de proche en proche, fait face à un modèle mondial où tout pourrait être pareil partout. La décentralisation enracine. Ajoutons à cela la charité, parce que le prochain en a besoin, et la droite retrouverait une doctrine politique bien fondée et bien constituée.

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Erwan de Pavelle
Master de recherche en histoire contemporaine

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