Jupiter atterrit au Niger, et l’avion n’est pas vide !

Quel sujet gourmand ! Quel acteur protéiforme ! Incontestablement, Emmanuel Macron s'est coulé dans le costume présidentiel à merveille pour nous donner une incarnation de la fonction à couper le souffle. Mais pas l'appétit ! Une incarnation comme nous n'en avions plus vu depuis... très longtemps, qui nous décline toute la palette de ses talents.

Retour sur images.

Il y a quinze jours, c'était le Président protecteur de l'Académie française, rendant hommage à Jean d'Ormesson, dans la cour des Invalides, et à la littérature, "ce que la France a de plus beau et de plus durable". Avec ce "crayon des enchantements" déposé sur le cercueil de l'immortel, et ce discours au ton et au prononcé si justes, il dessinait son portrait, variante Ancien Régime et France éternelle. Président des lettres et du verbe.

Le lendemain, c'était le Président du peuple de Johnny sur les marches de la Madeleine qui s'adressait à ces milliers de Français qui n'avaient pas forcément voté pour lui. Président people.

Et vendredi, Emmanuel Macron, profitant de la tradition qui veut que le Président visite nos troupes à l'étranger pour Noël, atterrissait à Niamey, capitale du Niger, pour réveillonner avec des centaines de soldats français de l'opération Barkhane, lancée en 2014 pour lutter contre les troupes djihadistes au Sahel. Président chef des armées.

Certes, il a déjà endossé cet uniforme à plusieurs reprises. Mais pas toujours à bon escient. On se souvient de son autoritarisme déplacé et humiliant pour le chef d'état-major des armées Pierre de Villiers, à la veille du 14 Juillet. Emmanuel Macron savait qu'il avait beaucoup à se faire pardonner. Mission accomplie. Absolution complète.

Cette fois-ci, le scénario était parfait. Alors que son Premier ministre fait déplacer des avions vides à coups de centaines de milliers d'euros pour son petit confort personnel, le Président Macron avait rempli le sien. Et pour nos soldats, il avait visé juste. Pas de la basse valetaille moitié ENA-moitié MEDEF mais... le cuisinier de l'Élysée en personne, Guillaume Gomez, arrivé de Paris la veille, et deux tonnes de produits offerts par les grossistes de Rungis. Le chef (des saveurs) avait préparé un menu inoubliable : pâté en croûte Élysée veau-foie gras, volaille des Hautes-Pyrénées rôtie aux morilles et plateau de fromages de toutes les régions françaises.

Les soldats reconnaissants, qui se bousculaient pour avoir leur selfie avec lui, lui avaient réservé une surprise : un beau gâteau d'anniversaire bleu-blanc-rouge avec quatre bougies, pour ses 40 ans, crachant le feu. Le Président était ravi, fêté par « son » peuple. Il s'est dit « très ému ». On le serait à moins.

Bien sûr, le Président a aussi eu les mots de reconnaissance pour nos soldats et leurs familles. Bien sûr, il a redit les engagements et les objectifs de la France au Sahel. Bien sûr, il s'est entretenu avec le président nigérien.

Mais une image symbolique demeurera : les saveurs du Palais descendant par avion jusque dans les popotes de Niamey par la grâce du Président pour fêter Noël... et (en même temps) son anniversaire.

Plus jupitérien que cela ...

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