Joyeuses Pâques, chers lecteurs !

Toute la rédaction de Boulevard Voltaire se joint à moi pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de Pâques.

Nous le savons, cette simple phrase, tout comme « Joyeux Noël », est en soi suspecte dans un contexte de cancel culture généralisée. Car la cancel culture ne consiste pas seulement à déboulonner les statues, c’est aussi l’effacement lent de ces fêtes chrétiennes qui rythmaient toute notre vie en société. C’est avec l’apparition des cloches, aux Ve et VIe siècles, pour sonner les « heures », que la synchronisation de la société est vraiment née. On se mettait au travail avant prime et l’on rentrait pour vêpres. Toute la population s’est ajustée à ce rythme commun. C’est non seulement la journée qui était ainsi cadencée, mais la semaine, et aussi l’année. À l’unisson. Jamais le village n’était plus gai, les échanges plus dynamiques que le jour de la fête votive. Après l'avoir abandonnée, on tente du reste parfois de la réinventer pour sauver la France périphérique. Le cabinet de conseil Altavia, « spécialiste de la communication commerciale », propose ainsi, depuis mars 2020, de fêter la Saint-Glinglin afin de « célébrer le lien précieux qui existe entre le client et son commerçant ». Mais saint Glinglin, comme sainte Nitouche, ne fait partie que du sanctoral des blagues Carambar™. Et tout cela semble bien artificiel. Ce n’est pas un hasard si, durant la crise sanitaire, le chercheur Laurent-Sébastien Fournier (sur le site La Vie des idées), avait noté que durant cette période, les catholiques avaient été parmi les Français les plus enclins à maintenir leurs fêtes et leurs rites.

Comme il y a un gang secret qui frappe durant le mois de décembre dans tous les commerces de France et de Navarre, répondant au nom mystérieux de QFJN (Qui Fête Joyeux Noël ?), il y a aussi le QFJP. Tout se passe au moment précis où, ayant remis le ticket, la vendeuse referme d’un coup sec sa caisse et congédie courtoisement le client pour passer au suivant. Saisissant son œuf ou sa poule par le bolduc, le gang remercie et dégaine aussi sec, dans un sourire désarmant : « Joyeuses Pâques ! » S’accrocher ainsi au champ sémantique n’est pas dérisoire. Au commencement était le Verbe.

Pâques est la fête de l’espérance, ce désespoir surmonté comme l’appelait Bernanos. Une espérance bienvenue quand d’aucuns seraient tentés par le « toutestfoutuisme » : un entre-deux-tours semblable à une vieille pièce mal jouée que l’on a vue mille fois et un contexte international délétère de guerre entre chrétiens où même la trêve de Pâques ne semble pas avoir sa place : le pape qui a voulu, le Vendredi saint, faire porter symboliquement la croix à la fois par deux familles, l'une ukrainienne et l'autre russe, a même été conspué.

Nous nous sentons inquiets et impuissants ? Mais fêter simplement Pâques comme nos parents l’ont fait avant nous, et nos grands-parents avant eux, est déjà beaucoup ! Allons aux offices, chantons à pleins poumons O filii et filiæ, quand bien même nous serions moins rose que réséda. Laissons croire que les cloches viennent de Rome à nos enfants qui eux-mêmes nous laisseront croire qu'ils y croient. Prenons autant de plaisir à cacher les œufs que jadis à les chercher. Faisons un sort au gigot d’agneau et ensuite aux chocolats. Alléluia !

 

 

 

 

 

 

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

42 commentaires

  1. Joyeuses fêtes de Pâques à toute l’équipe BV. Le gigot est au four , et les petits vont faire la chasse aux oeufs .

  2. Madame, je vous lis ou vous écoute a chaque fois que l’occasion mes permis et c’est toujours un immense plaisir. Je vous souhaite également a vous ainsi qu’a tous ceux qui vous sont chères d’excellentes fêtes de pâque.

  3. Christ est ressuscité !
    Il est vraiment ressuscité.
    Христос воскрес!
    Он действительно вернулся к жизни.
    J’aime la salutation mutuelle du jour de la Pâques Orthodoxe.
    Merci, chère Gabrielle et cher Boulevard Voltaire, pour vos vœux chaleureux.
    Je me rappelle avec émotion des chasses aux œufs dans le grand jardin de mes parents. Les cachettes étaient nombreuses et mes parents pleins d’imagination.
    Ça remonte à 55-60 ans…

    • Pour moi, cela remonte à 80 ans à Poitiers. C’était la guerre et les oeufs étaient ceux de nos poules que nous avions peints à la gouache. Il n’y avait pas de chocolat. Je me souviens surtout des visites dans les églises où les croix étaient voilées de violet pendant la semaine sainte et du retour des cloches de Rome qui sonnaient à toute volée et annonçaient le retour des beaux jours.

  4. Pas pratiquant , mais inquiet de voir la mise en cause de notre héritage chrétien. On n’ose plus dire le nom du saint du jour, le son des cloches dérange, des processions sont insultées , à la porte des églises on y voit s’installer des souks. Tout ça dans l’indifférence de notre gouvernement ,mieux , Macron félicite une  » voilée  » pour son féminisme , alors qu’on sait pertinemment que c’est devenu un symbole revendicatif. Oui notre identité est en danger , ce n’est pas Macron qui la préservera

    • Non hélas, ce n’est pas lui qui préservera notre IDENTITE, par contre il poursuivra bel et bien son oeuvre destructrice comme un gamin capricieux qui casse son jouet parce qu’il en veut un autre plus gros et plus beau mais comme il est sur le même bateau que le peuple, il coulera avec nous tous. Il n’en est pas conscient parce qu’il n’a pas atteint l’âge de raison et ne l’atteindra jamais comme beaucoup d’autres malheureusement.

  5. Victoire de la vie sur la mort ! De l’Esprit sur la matière ! De l’Amour sur la haine ! Du Respect sur le mépris! Du Courage sur la lâcheté ! De l’Intellection sur la sottise ! De la Liberté sur l’asservissement ! De la Foi sur la mécréance ! De l’Espérance sur l’abandon ! De la Charité sur l’égoïsme ! VERITAS NOS LIBERABIT !

  6. Madame Cluzel un grand merci ! Racines chrétiennes et vie de nos anciens rythmée aux sons des cloches, là est la vérité. Ancien sonneur de cloches et à la corde, j’ai eu durant des années l’insigne honneur du haut de mon clocher de mettre en branle ces lourdes Dames pérennisant ainsi l’appel aux fêtes chrétiennes, permettez moi de citer Lamartine;
    L’airain retentissant dans sa haute demeure, sous le marteau sacré tour à tour chante et pleure, pour célébrer l’hymen, la naissance et la mort !

  7. Merci Madame Cluzel ; très bonnes Fêtes de Paques en retour à partager avec votre famille ainsi que tous les lecteurs et l ‘ équipe de BV ;
    Jamais cette période d ‘ incertitude et d ‘ inquiétude ne nous a autant montré notre attachement à notre civilisation …

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