Macron à Notre-Dame : l’habit ne fait pas le moine

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Comme par hasard, M. Macron a visité le chantier de Notre-Dame de Paris le Vendredi saint, en plein week-end de Pâques et au milieu de la campagne du deuxième tour de l’élection présidentielle. Bien évidemment, seuls des esprits malintentionnés pourraient y déceler une tentative de récupération de l’électorat catholique ! Mais comme aurait dit Michel Audiard, il ne « faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ».

Car, enfin, Emmanuel Macron est sans doute le Président le plus radicalement « contre-chrétien » ou post-chrétien que nous ayons eu à subir. Les « bouffeurs de curé » de la IIIe République professaient une radicalité anticléricale sectaire et assez puérile, mais il ne s’agissait pas de miner l’anthropologie chrétienne ainsi que le fait le président de la République qui pense la société comme devant être purgée du christianisme. L’Église est vue au mieux comme une ONG et la foi comme une curiosité culturelle.

Si les Béatitudes peuvent être considérées comme la « loi fondamentale » du christianisme, toute l’attitude et les propos de Macron viennent en contradiction radicale avec elles. Il y a eu « les gens qui ne sont rien », les « femmes illettrées », le « va t’acheter un costume » ou encore « traverse la rue » pour trouver du boulot, « Jojo qui enfile son gilet jaune », l’envie d’emmerder des millions de Français et, tout récemment encore, « il y a beaucoup de désordre là-dedans » en désignant le crâne d’un opposant croisé dans la rue. Le contraire, même, « d’heureux les humbles de cœur » et dans un mépris d’une brutalité surprenante.

À cela s’ajoutent les lois de déconstruction sociale proposées avec constance : PMA non médicale consistant à faire des enfants orphelins de père, allongement des délais pour l’avortement, demain l’euthanasie, l’inscription d’un « droit à l’avortement » dans la Charte européenne des droits fondamentaux qui ferait d’une exception au principe du caractère sacré de la vie humaine un droit juridiquement opposable aux États membres de l’Union européenne pour les contraindre à modifier leur législation sur le sujet.

Ce qui frappe et surprend tout à la fois, c’est la constance dans les propos et les actes, le cynisme de l’attitude, la volonté jamais démentie d’en fin de compte purger la société des principes qui font qu’une société tend à être chrétienne : l’attention au plus faible, au fragile, la décence dans les propos, l’empathie pour ceux dans la difficulté, l’affirmation qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité, le primat du bien commun sur l’individualisme et le respect dû à l’adversaire. Tout cela est ignoré dans une glaçante indifférence.

Le projet de société « macronien » est celui d’un agrégat d’individus exploités efficacement sur le plan économique, consommateurs dociles et interchangeables, coupés de tout enracinement culturel et national, nomades au gré des besoins de l’économie mondialisée, soumis aux oukases politiquement corrects et gouvernés par une caste administrative et financière « éclairée ».

Lors de la crise des gilets jaunes, révolte spontanée contre ce type de société, on a souvent entendu dire que, malgré tout, les peuples ont besoin d’élites. Ce qui est parfaitement exact, mais une caste n’est pas une élite et il n’est d’élite que du devoir et pas seulement de l’avoir ou du savoir.

En fin de compte, sur le plan social et sociétal, la « Macronie » est le contraire de l’harmonie, c’est le mépris et la brutalité. Les numéros de charme électoralistes du couvent des Bernardins à la visite de Notre-Dame, soupesés à l’aune des voix mais nullement des valeurs de civilisation, ne doivent abuser personne et surtout pas les catholiques. Macronisme ne rime pas avec catholicisme et aucune voix ne soit s’égarer sur le nom d’Emmanuel Macron.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Comment les évêques sont-ils autorisés à donner des consignes de vote ? C’est totalement inacceptable. Qu’est devenue la liberté de conscience ?

  2. Le diable dans la sacristie ! Mais dans la maison de Dieu tout le monde est accepté…Hélas même ceux qui ont mis le feu.

  3. Macron veut tuer le peu de sacralisation chrétienne qui existe encore avec la complicité d’une partie du clergé ,

    pour la sienne ,celle de l’être suprême ,qu’il croit représenter.

  4. Ridicule ..de voir ces pêcheurs à Notre Dame ..mais de la Haut le seigneur sait reconnaître les siens ..et déteste les comédiens .

  5. En s’attaquant directement à l’Eglise, les révolutionnaires, pendant longtemps, s’y sont mal pris, puisque ces actions ont tendance à renforcer la foi. En effet « miner l’anthropologie chrétienne » est bien plus efficace

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