Jean-Paul Gourévitch : « La propagation de l’épidémie en Afrique sera problématique pour l’Europe »
Au micro de Boulevard Voltaire, Jean-Paul Gourévitch, auteur du livre Le Grand Remplacement, réalité ou intox, revient sur l'influence du Covid-19 sur les flux migratoires, et en particulier sur les conséquences de l'épidémie en Afrique.
Les flux migratoires sont-ils augmentés ou diminués ?
On peut distinguer deux cas. À court terme, la plupart des pays asiatiques, africains et même européens ont fermé leurs frontières. L’Union européenne a fermé ses frontières extérieures et certains pays ont fermé leurs frontières intérieures. Les avions n’étant plus au sol et les bateaux bloqués au port, les flux migratoires sont par conséquent automatiquement en baisse.
À moyen terme, lorsque la pandémie sera peut-être jugulée, les migrations risquent de reprendre avec d’autant plus de force qu’elles ont longtemps été contrecarrées. Je ne parle pas simplement des migrations familiales, politiques, médicales et étudiantes, mais aussi des migrations économiques et sociales. Ce n’est pas la situation sanitaire qui crée le désir de migrer ou de ne pas migrer, mais la détresse économique et le rêve sociétal. On peut s’attendre à ce que de nouvelles vagues migratoires arrivent vers l’Union européenne. Comme à son habitude, elle n’a rien anticipé...
La fermeture des frontières a-t-elle une influence sur cette baisse des vagues migratoires ?
La réponse est oui, pour l’instant. Actuellement, l’Afrique paraît moins atteinte que les autres continents. Au 24 mars 2020, sur 414.000 infections recensées, le pays d’Afrique le plus touché était l’Afrique du Sud, avec 550 cas. Après, il y a l’Égypte, le Maghreb, le Burkina Faso, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. C’est la même chose pour les décès. Ces chiffres sont transmis par le gouvernement. Dans des pays où l’état civil est défaillant, les chiffres ne sont pas fiables.
Je pense, notamment, à la Somalie. Le pouvoir essaie de masquer la vérité, par exemple au Mali. En République centrafricaine, la collecte des données est impossible. Comment peut-on croire que le Mali, ce pays en guerre, n’a pas de contaminés et de morts ?
La situation ne va pas s’améliorer. Les pays africains n’ont pas suffisamment de matériels équipés, de protection et de médecins formés pour les besoins. L’Organisation mondiale de la santé a déclaré qu’elle craignait que l’Afrique ne puisse pas affronter la pandémie.
L’explosion des cas en Afrique est-elle inquiétante, d’un point de vue gestionnaire de crise migratoire ?
Le mot explosion est peut-être un peu forcé. Néanmoins, la propagation de l’épidémie est arrivée plus tard en Afrique. Maintenant, elle est en train de rattraper son retard. Cela va poser un problème à l’Europe. S’il n’y a pas de dépistage et de contrôle à l’entrée des pays européens lorsque l’immigration irrégulière en provenance du continent africain va reprendre, les pays européens prennent le risque d’être confrontés à une nouvelle vague d’épidémie.
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