Jean-Paul Brighelli : « Il faut arrêter de prendre le ministre pour cible, il n’est responsable de rien dans ce protocole absurde »

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Alors que la grève des enseignants désorganise l'école aujourd'hui, l'enseignant et essayiste Jean-Paul Brighelli pointe du doigt les professeurs qui s'en prennent à Jean-Michel Blanquer. Pour lui, le ministre de l'Éducation nationale n'est pas responsable de cette colère montante. Au micro de Boulevard Voltaire, il pointe davantage du doigt les autorités de santé qui préconisent des protocoles incohérents et impossibles à mettre en place.

Ce 13 janvier, les professeurs manifestent pour faire entendre leur voix après une rentrée compliquée avec des cas Covid qui se multiplient dans toutes les classes et des consignes sanitaires extrêmement lourdes.

Comprenez-vous la colère des professeurs et des parents d’élèves ?

Je ne comprends pas la colère contre Blanquer. Il n’y est pour rien, ni dans le protocole sanitaire, ni pour d’autres raisons. En 1720 lorsque la peste a débarqué à Marseille, on a fait des processions en invoquant la Vierge Marie et Saint-Sébastien. Aujourd’hui, c’est à peu près la même chose, c’est un rite magique. On fait des manifestations, on se met en grève, mais cela ne va rien changer. On réclame des détecteurs de CO2, mais ouvrez les fenêtres !

De quoi ont-ils peur? De mourir ? Eh bien, on va tous mourir !

Les élèves ne risquent rien et les professeurs, pas grand-chose. Quasiment aucun professeur n’est décédé en 2 ans. Ce que les syndicats regrettent, c’est que Vallaud-Belkacem était tellement nulle qu’elle leur laissait les clés du ministère. C’est ça la réalité !

Les enfants doivent présenter de nombreux tests au moindre cas contact dans leur classe.

Selon vous, cette situation est-elle tenable ? Pour vous, cette politique sanitaire est-elle efficace et a-t-elle du sens ?

On sait qu’elle n’a aucun sens puisqu’elle a changé huit fois en deux ans. Ensuite, elle n’a aucune efficacité puisque les virus se baladent en liberté. Je vous rappelle que ce que l’on nous a vendu comme des vaccins n’empêche ni de transmettre ni d’être malade. Je veux bien qu’ils empêchent les formes graves, mais à ce moment-là pourquoi ne pas vacciner uniquement les gens qui ont des comorbidités déclarées ?

Il n’est évidemment pas tenable d’introduire un coton-tige dans le nez des gamins tous les quatre jeudis. Hier un cas a été détecté dans une classe de 6e dans un établissement marseillais vers quatre heures de l’après-midi. Par conséquent, tous les élèves de la classe étaient cas contacts. Ils avaient le choix entre, rater les dernières heures de cours pour essayer de trouver une pharmacie qui les prendrait en urgence ou rater toute la matinée de cours d’aujourd’hui puisqu’ils ne pouvaient pas revenir sans le fatal certificat attestant qu’ils étaient négatifs. C’est stupide puisqu’il y a un temps de latence entre le moment où vous attrapez le Covid et le moment où il se déclare.

On est complètement incohérent dans ce pays. Blanquer a vraiment fait de son mieux. Il tient une espèce de record mondial du nombre de semaines de cours. Des tas de pays ont supprimé bien plus de cours. En supprimant une vingtaine de semaines de cours, nous avons déjà des élèves qui ne sont pas scolarisables, qui au bout de deux ans sont restés la plupart du temps sur leur canapé à tripoter leur télécommande sans compter le retard en termes d’instruction pure.

Les professeurs se sont habitués à un rythme très bizarre. Ils travaillent un jour sur deux, mais sont quand même payés à plein temps. On ne va pas mettre tout le monde dans le même panier, certains travaillent intensément. Les syndicats ont dit que les professeurs ne devaient pas faire un double emploi du temps, mais la situation l’imposait.

On faisait cours avec une moitié de classe. Ce cours était mis par écrit et on devait l’envoyer à la deuxième moitié de classe à qui on faisait un autre cours quand elle venait en présentiel.

On est là pour instruire. Si on ne le fait pas et si on passe son temps à se réfugier derrière un masque, à se laver les mains en permanence, on est plus des enseignants, mais juste des hystériques.

Pour vous, ce qui motive la colère des professeurs, est-ce la peur du Covid davantage que les conditions ?

Il y a effectivement la peur du Covid et les conditions sont les mêmes pour tout le monde.

On impose un protocole un peu absurde dans les établissements scolaires, mais on ne l’impose pas dans le métro. Pourtant Dieu sait qu’on se côtoie sérieusement. Il y a deux poids deux mesures.

On devrait profiter du variant Omicron, apparemment moins létal que les autres, pour l’attraper le plus vite possible. Non pas pour s’immuniser, mais pour avoir les anticorps qui d’une façon ou d’une autre banaliseront les futures infections. De toute façon, on va vivre avec, alors ce n’est pas en se camouflant derrière son petit doigt que l’épidémie cessera. Il faut faire son boulot d’enseigner et arrêter de prendre le ministre pour cible. Blanquer n’est absolument responsable de rien dans ce protocole absurde qui lui a été imposé.

Qu’il ait eu une communication peu habile, pourquoi pas. Mais à certains moments cela frise à l’exaspération.

D’un autre côté, il a imposé sur Paris une expérimentation sur une méthode de lecture appelée méthode « Légo ». Cette méthode marche du feu de Dieu. Le responsable du SNUipp, principal syndicat des professeurs des écoles a dit que c’était du caporalisme de vouloir imposer une méthode qui marche et que nous préférions une méthode qui ne marche pas. C’est à peu près ça. Je caricature à peine…Ces gens sont nuisibles. Les gens nuisibles sont les syndicalistes qui empêchent la transmission du savoir et pas le ministre qui a fait de son mieux dans une situation dont il n’était ni responsable ni gestionnaire pour que les enfants continuent à apprendre quelque chose. Cela va très mal se passer.

On a bousillé un très grand nombre d’enfants. Il n’y a jamais autant eu de tentatives de suicide.  Ce sont des comptes qu’il va falloir un jour demander à Olivier Véran !

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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