Jean-Frédéric Poisson figurera sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan aux élections européennes. L'occasion, pour le président du Parti chrétien-démocrate, de tracer les grandes lignes du projet de cette liste. Mais il revient aussi sur le mouvement des gilets jaunes.

La nouvelle est tombée la semaine dernière. Vous figurez bien sur la liste aux européennes conduite par Nicolas Dupont-Aignan. 3e ou 5e place ? En sait-on un peu plus, aujourd’hui ?

On n’en sait pas beaucoup plus aujourd’hui. Nous nous sommes engagés, il y a un an et demi, en fondant ensemble Les Amoureux de la France, c’est encore plus que jamais d’actualité. Vous vous souvenez que nous avions décidé de créer ce rassemblement de personnalités et de formations politiques en vue, ultimement, d’écrire un programme commun de la droite. Ce rassemblement permet de dire les choses rapidement et, de manière intermédiaire, de proposer cette dynamique de rassemblement à l’occasion des élections européennes. C’est en cours et cela confirme la coopération du Parti chrétien-démocrate à la liste européenne des Amoureux de la France.
D’une certaine manière, la place n’a pas beaucoup d’importance. Nous verrons cela ces jours-ci, puisque l’annonce de la liste devrait être faite jeudi. 3e ou 5e, l’important est de pouvoir siéger au Parlement européen avec la confiance de nos électeurs et de défendre notre conception de l’Europe.

Parallèlement à la lancée de cette campagne européenne, les gilets jaunes s'imposent tous les samedis à Paris. On a vu que la liste dans laquelle vous figuriez a accueilli en son sein Benjamin Cauchy, une figure médiatique du mouvement des gilets jaunes. Êtes-vous favorable à cette "irruption" des gilets jaunes dans la sphère politique ?

Les gilets jaunes ont fait "irruption" sur la scène politique depuis déjà cinq mois. La rue fait partie de la scène politique et des modalités du débat public. Ils sont implantés. On peut même considérer que ce mouvement dure et qu’il a vocation à durer davantage.
L’intérêt est de transformer la mobilisation sociale qui dure depuis cinq mois dans la mécanique électorale. Ce mouvement est extrêmement intéressant.
Comment glisse-t-on, en quelques semaines, d’une revendication sur le prix du gazole à la revendication d’un référendum d’initiative citoyenne ? Cette évolution est quand même très intéressante. Elle montre bien que la revendication principale des gilets jaunes n’est pas fiscale et ne porte peut-être même pas sur le pouvoir d’achat. Elle porte sur de la considération.
Des millions de Français, par la voix des gilets jaunes, disent au pouvoir politique "Donnez-nous de quoi vivre dignement et arrêtez de nous faire payer des choses qui ne servent pas, ne sont pas dans le sens de nos intérêts et ne nous permettent pas d’exercer nos responsabilités correctement".
Ceci vaut, d’ailleurs, y compris pour un certain nombre de personnes qui se sentent lésées par les gilets jaunes, je pense notamment aux commerçants et artisans qui sont parfois gravement et durablement empêchés de travailler par ces mouvements. D’une certaine manière, c’est la même revendication. Ils pourraient aussi le dire si jamais ils n’étaient pas gênés ou empêchés comme ils le sont de faire leur métier.
Ce mouvement des gilets jaunes est intéressant, c’est un mouvement de revendication de dignité. Il a donc parfaitement sa place dans une liste électorale. Quand on revendique le respect de la dignité humaine, vous comprenez que je ne peux pas y être insensible, puisque cela fait partie de nos convictions de fond. Par conséquent, la présence de monsieur Cauchy est la bienvenue.
Je pense que ce sera aussi l’occasion d’expliquer à toutes les personnes qui peuvent se sentir lésées ou gênées par ce mouvement des gilets jaunes que, finalement, au-delà de l’écume qui peut leur paraître encombrante, il y a des revendications de fond dont tout le monde peut bénéficier. Quand on défend la dignité humaine, on défend en réalité tout le monde.

La défense de la dignité humaine est une partie de votre projet politique. Pouvez-vous détailler le projet politique que vous allez porter au sein de la liste des Amoureux de la France et au sein du Parlement européen, si vous êtes élu ?

Il peut se résumer en quelques mots. Redresser la société française et l’Europe, cela veut dire replacer la famille au cœur des politiques publiques, reprendre le contrôle des frontières, contrôler les flux migratoires, redonner aux nations davantage de place et de liberté de décision dans le concert international et, en particulier, au sein des institutions européennes, reprendre la maîtrise de sa propre stratégie industrielle et, enfin, se battre contre la société multiculturaliste, en particulier l’expansion de l’islam conquérant. Voilà ce qui peut représenter non seulement un projet européen digne de ce nom, mais faisons confiance aux acteurs que sont les nations et les peuples, donnons-leur davantage d’oxygène, imprimons la ligne claire que je viens de décrire. Même si nous ne réussissons "que" cela (je mets des guillemets, parce que c’est déjà un projet immense), je pense que nous verrions des résultats très immédiats. Je pense, également, que, pour le pays qu’est la France, en deçà de l’Europe, cela pourrait constituer le socle d’un programme commun de gouvernement qui rassemblerait un très grand nombre de Français. C’est l’Europe que nous souhaitons et c’est le sens dans lequel nous voulons qu’elle aille. Je constate que la perspective de constituer un groupe conservateur et réformiste très important au sein du Parlement européen avec des personnes venues d’horizon et de pays très différents peut vraiment donner à ce projet toutes les chances de réussir.

Dans l’imaginaire collectif, on a tendance à rassembler les opinions du PCD à celles de François-Xavier Bellamy, l’actuelle tête de liste des Républicains. Votre liste est entre la liste des Républicains et la liste du Rassemblement national. Que propose cette liste de nouveau que vos deux adversaires ne proposent pas ?

Par rapport à la liste du Rassemblement national, c’est d’abord une capacité d’action. Nous avons passé des accords de coopération avec le groupe ECR, le groupe des conservateurs réformistes qui rassemblera très largement au-delà d’une centaine de parlementaires européens. Cela peut faire de ce groupe le 2e groupe du Parlement européen au soir du 26 mai. Ce n’est pas rien. Cela donne vraiment de la réalité au rêve. C’est un vrai moyen d’agir, une vraie capacité d’infléchir le travail et les décisions du Parlement européen, donc celui de la Commission. Il y a là une réalité politique et un rapport de force qui peut s’engager beaucoup plus facilement qu'avec les députés du Rassemblement national. Ils seront certainement un peu à part de ce système de décision.
Vous avez raison de dire qu’il y a entre nous et monsieur Bellamy, en tout cas ce qu’il défend et ce en quoi il croit, beaucoup de proximité. Malheureusement, dans leur ensemble, Les Républicains, une fois élus, voteront pour la candidature de Michel Barnier à la tête de la Commission, puisqu’il sera le candidat officiel du PPE. On ne peut pas dire que, d’un côté, nous voulons une autre Europe et, d’un autre côté, souhaiter l’élection de Michel Barnier à la présidence de la Commission. Michel Barnier est l’assurance-vie de la continuation de la politique menée par la Commission depuis maintenant quarante ans. Cela ne changera rien. La seule vraie opportunité de mener une autre politique au sein de l’Europe est de se donner les moyens de la conduire, c’est-à-dire d’envoyer les députés des Amoureux de la France siéger au groupe ECR au Parlement européen.

En ce qui concerne ces potentiels futurs députés, on sait que vous y figurez et que Nicolas Dupont-Aignan et Benjamin Cauchy y figureront. Sait-on qui siégera ?

Je laisse le soin à la conférence de presse de jeudi de donner ce détail. Ce qu’il faut atteindre comme objectif, c’est à la fois le respect des forces politiques en présence et des personnalités qui ont contribué aux Amoureux de la France depuis un an et demi et afficher, de manière extrêmement déterminée, cette volonté de rassemblement qui est la marque de fabrique des Amoureux de la France. Elle a rencontré beaucoup de succès dans un certain nombre de réunions publiques. Boulevard Voltaire était, d’ailleurs, parfois présent. Elle correspond à l’attente profonde d’une grande partie de l’électorat. En France, c’est la première tentative qui, petit à petit, arrive à construire ce rassemblement nécessaire. Si nous arrivons - et je pense que nous y arriverons - à constituer une liste qui est à l’image de cette volonté de rassemblement, alors tous les espoirs sont permis.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 26/03/2019 à 23:11.

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25 mars 2019 à 19:55

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