Interview du 14 Juillet : Macron se défile en toute complexité

Emmanuel Macron ne répondra pas à la traditionnelle interview du 14 Juillet. Il a piscine. Il a Trump, défilé, chars, légionnaires… Peut pas parler. Non, non, n’insistez pas… Il aura déjà parlé à Versailles devant le Parlement réuni en Congrès le 3 juillet. Grand moment de solennité, perruque sur la tête, feuille de route pour les cinq ans à venir dévoilée devant un public en délire… Le capital « mots » pour juillet sera épuisé. Peut-être un "bonjour" par-ci, par-là, un "how do you do" au grand blond, mais pas davantage…

Pour justifier cette dérogation au fameux rituel médiatique du 14 Juillet, l’Élysée a expliqué doctement que la pensée complexe du Président se prête mal au jeu des questions-réponses avec des journalistes. Einstein serait encore vivant, pourquoi pas un petit entretien ? Descartes n’est pas libre ? Spinoza est en vacances ? Ah zut… À qui répondre, dans ce cas ? Aux demeurés de France 2 ? Aux vendus de BFM ? Ah ah ah, laissez-moi rire… Ah je rrrris de me voir si beau en cette galerie des Glaces… Caletez volailles, du large manants, "Sa Complexité" se lève… Puis il se sustentera… Croissants alambiqués, café concocté par le CNRS… Bref, vous ne pouvez pas comprendre… Allez, ouste… Un jeu de questions-réponses ! Mais nous croyons rêver !

À l’occasion du défilé, le Président se défile. À l’unisson avec la fête, raccord avec les militaires… Ces journalistes seraient bien capables d’évoquer du Bayrou, de tartiner de la Sarnez, du Ferrand, passer trois couches de Goulard… Pouah ! Que répondre ? Excepté "Ben, je me suis un peu emmêlé les pinceaux" ou bien "Y a eu comme un raté à l’allumage, les gars". En version complexe, la formule "Racine carrée de Bayrou, je pose une Sarnez et je ne retiens personne" pouvait faire son petit effet…

Par cet évitement à une banale interview, Macron avoue sa faible capacité à s’exprimer plus ou moins spontanément. La complexité est évoquée alors qu’il s‘agit d’une peur de se frotter à un échange hors de contrôle intégral. Nul en figure libre, le chérubin de l’Élysée n’est à l’aise qu’avec un prompteur. Le discours de Versailles sera calibré, pensé, sans doute affiché sur un écran hors du champ des caméras… La communication élyséenne met en avant cette prestation pour justifier l’absence du 14 Juillet… Combien de temps pourra-t-il tenir sur ce mode de communication aseptisé ? La réponse en toute simplicité : pas longtemps.

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Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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