Inspection hors normes en vue pour le quatrième meilleur lycée de France… privé ?

BV n’est pas uniquement le lieu où l’actualité la plus brûlante est disséquée, où les menaces contre les libertés fondamentales sont dénoncées et où l’on en revient à des considérations de bon sens sur la terrifiante marche du monde. On peut aussi, de temps à autre, et sur des sujets qui en disent long, s’offrir le luxe de « suivre les dossiers », comme on dit dans le jargon de l’entreprise.

Suivons donc aujourd’hui, amis lecteurs, les tours et détours du harcèlement dont fait l’objet un établissement de province qui n’a d’autre ambition que de transmettre des connaissances à ses élèves : l’Immaculée Conception, à Pau. Il en avait été question dans ces colonnes, il y a quelques semaines, à l’occasion d’un article de Libé, un article que l’on peut objectivement qualifier de nauséabond – car il n’y a pas de raisons que nos adversaires se réservent les pudeurs olfactives. Tout y était : les insinuations, la vieille haine recuite des gauchistes pour l’excellence et la liberté d’opinion, les raccourcis et les témoignages anonymes.

On apprenait, le 20 mars, par La République des Pyrénées, que l’Immaculée venait de se hisser à la quatrième place des établissements privés de France, et même à la dixième place nationale, toutes catégories confondues. Pas trop mal, non ? Que croyez-vous qu’il arriva ? Allait-on présenter de plates excuses à la direction, aux professeurs, aux parents et aux élèves ? L’Éducation nationale allait-elle reconnaître, bon gré mal gré, que, malgré leur superstition rétrograde, les catholiques n’étaient pas plus mauvais élèves que les autres – et qu’en la circonstance, ils étaient même plutôt meilleurs ? Pas du tout. L’Immaculée Conception va même, a appris BV, être inspectée dans les semaines qui viennent.

Du côté des professeurs et des parents, on ignore le format exact de cette inspection. La direction n’a pas communiqué – et n’a d’ailleurs pas souhaité commenter cette information. Certains évoquent même le chiffre, hallucinant s’il était avéré, d’une dizaine d’inspecteurs, dépêchés tout exprès pour vérifier le contenu des enseignements, interroger les profs, s’entretenir avec les élèves et même (paraît-il) auditionner le père Michel, un chanoine qui assure (avec tous les diplômes nécessaires) un cours d’histoire des idées. Un chanoine soumis à la question par un inspecteur de la République en 2024 : comme quoi on n’a pas toujours besoin de costumes d’époque pour faire des films sur la Terreur. Le père Michel a participé, il n’y a pas si longtemps, à un débat philosophique sur la chaîne Internet du Figaro, face à Michel Onfray et sous la houlette d’Eugénie Bastié. Y a-t-il beaucoup d’inspecteurs… qui peuvent se prévaloir de ce genre de légitimité ?

En 2013, les résultats de ce groupe scolaire étaient légèrement en dessous de la moyenne nationale. Dix ans plus tard, ils tutoient le podium. L’équipe éducative qui va passer sur le gril, au début du mois d’avril semble-t-il, y est pour quelque chose, mais n’est-ce pas un peu, également, grâce à l’investissement des parents et des élèves ? Peut-être faudrait-il que les syndicats pressent des inspecteurs de retirer leurs enfants aux parents réactionnaires ?

Reste à espérer que Madame la rectrice et ses inspecteurs fassent la vérité pour séparer le bon grain de l’ivraie et, pourquoi pas, inspecter ceux qui le méritent.

Imprimer, enregistrer ou envoyer cet article