L’Inde est un chaudron en proie à des violences interreligieuses. Alors que le Pakistan, en 1974, a été purgé par la force de l’immense majorité de ses non-musulmans, les fidèles du prophète sont restés en grand nombre sur le territoire de l’Inde où ils forment aujourd'hui 14,2 % de la population. En 2020, le rejet de l’islam a pris de l’ampleur chez les hindous. Une des manifestations de cette animosité est la dénonciation récurrente dans la presse hindoue du « djihad de l’amour » : des jeunes musulmans séduiraient de jeunes femmes hindoues pour les épouser, les convertir à l’islam et augmenter ainsi le nombre de fidèles du prophète. Pourtant, les mariages mixtes sont rares (autour de 6.000 par an) et ne peuvent en aucun cas changer la démographie de l’Inde.

L’Assam, État du nord-est de l’Inde, frontalier avec le Bangladesh, est la région où les tensions religieuses sont les plus exacerbées. Les 35 millions d’habitants de l’Assam sont pour 65 % hindous, 31 % musulmans, le reste étant constitué d’animistes ou de chrétiens. En 2012, des heurts interconfessionnels firent une centaine de victimes. Ils furent aggravés par l’envoi de SMS menaçants aux Assamais vivant hors de leur région d’origine. Une organisation terroriste, soutenue probablement par les services secrets pakistanais, était derrière ces textos. Par peur des pogroms, beaucoup d’Assamais vivant dans les régions où les musulmans étaient nombreux rentrèrent précipitamment en Assam, prenant d’assaut les trains. Pendant cet exode, des hindous furent jetés hors des trains par des sympathisants islamiques.

L’Assam a connu, dans les années 1970, une forte immigration musulmane consécutive à la guerre de libération du Bangladesh. À partir de 2018, les autorités locales assamaises ont entrepris de vérifier la nationalité des habitants de leur État en exigeant de leurs administrés la preuve qu’eux ou leurs ancêtres étaient présents en Assam en 1947. Six millions de musulmans n’ont pas satisfait les tests. Après réclamation, deux millions ont reçu l’autorisation de rester, les autres (quatre millions, 12 % de la population) ont été déclarés apatrides. Le Bangladesh refusant de les accueillir, on parle de les interner dans des camps. Le gouvernement national voit d’un bon œil cette purge locale et voudrait l’étendre au Bengale indien.

Et, récemment, le gouvernement assamais vient également de prendre une décision radicale. Il va transformer les 700 madrassas (écoles coraniques ) publiques de l’État en établissements laïques. En effet, en 1934, le gouvernement local alors dirigé par des musulmans avait intégré ces écoles coraniques dans le système public. Désormais, ces écoles vont perdre tout caractère religieux, y compris leurs noms madrassas. L’enseignement du Coran, qui occupait une bonne partie du temps scolaire, sera proscrit, le but de ces établissements sera avant tout de former des techniciens dont l’État a besoin. Une association de professeurs de madrassas va porter l’affaire devant les tribunaux et saisir les cours suprêmes régionales et nationales. Parallèlement, on peut craindre des manifestations violentes et des troubles. Une guerre religieuse est-elle sur le point d’éclater ?

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02 janvier 2021 à 20:32

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