Incarner l’alternative à Emmanuel Macron

Super-Macron

Le nouveau Président est un homme déterminé, brillant à bien des égards. Pour mieux combattre le projet de notre adversaire, il faut évaluer l’homme à sa juste valeur. Le sous-estimer serait un danger mortel pour notre famille de pensée. Il suffisait de regarder le reportage qui lui était consacré lundi 8 mai sur France 3 pour se convaincre de ses qualités : pédagogie, écoute, empathie et grande détermination.

Son registre de langage trahissait, d’ailleurs, une personnalité beaucoup plus affirmée que ce que nombre d’éditocrates imaginaient durant la campagne. Usant du registre martial, Emmanuel Macron expliquait notamment, à propos des débats autour de la loi qu’il portait quand il était ministre de l’Économie, qu’il voulait transformer une « guerre de position » en une « guerre de mouvement ». Voilà des concepts qui devraient nous mettre la puce à l’oreille…

À ce propos, la soirée post-électorale montrait un homme conscient du poids de l’Histoire de France, préparé à l’exercice du pouvoir tel que conçu par les institutions de la Ve République, c’est-à-dire vertical. La création d’En Marche !, machine politico-médiatique horizontale, répondant aux nouveaux paradigmes des « sociétés ouvertes », fut mal comprise. Il ne fallait pas y voir une rénovation dans la manière dont nous concevons la politique à notre époque, mais bien l'instrument d'un Président en devenir refusant la normalité affichée de son prédécesseur. Pour qui savait lire entre les lignes, les plans d’Emmanuel Macron s'étaient dévoilés au détour d'entretiens plus discrets, comme celui accordé au 1, dans lequel il déclarait, iconoclaste :

La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé, ensuite, de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace.

Joliment dit et plutôt juste. Dans son rapport au pouvoir, Emmanuel Macron se rêve donc monarque républicain, homme providentiel chargé d’une mission historique. Étonnant refus de la machine techno-administrative postmoderne de la part d’un homme qui, aux yeux d’une grande partie du public, incarne le monstre froid. Rajoutez à ça un charme naturel qui fera de lui, très vite, la coqueluche de l’ensemble des médias internationaux, et vous aurez une idée de l’ampleur de la tâche qu’auront ses opposants – les Français étant très attachés à l’image que leur pays renvoie dans le monde.

Nous pouvons nous glisser dans les interstices, en défendant une vision du monde aussi aboutie et solide que la sienne. À nous d’articuler les notions de souveraineté et de peuple, à l’aune des enjeux posés par un monde connaissant des mutations d’une importance équivalente à celles de la période du néolithique. Ne soyons pas les gardiens d’un monde fini, mais les guides éclairés du monde à venir.

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