Hiroshima et Nagasaki : quand un empire succède à un autre empire
Le 6 août 1945, un avion B-29 largua une bombe atomique, chargée d'uranium, sur la ville de Hiroshima, située dans la zone sud-ouest de l'île principale du Japon (Honshū). Trois jours plus tard, un engin explosif, cette fois-ci chargé de plutonium, s'abattit sur la ville de Nagasaki (ville du Kyūshū). Le bilan humain fut considérable : près de 250.000 morts, et bien plus si l'on compte les victimes indirectes des radiations provoquant de multiples maladies mortelles et une multitude de blessures (« la peste atomique »), les hibakusha. Alors, 74 ans après les faits, il convient de se pencher sur les mécanismes qui ont entraîné une mise sous tutelle globale du continent asiatique par les États-Unis d’Amérique.
Comme le démontre le documentaire diffusé, le 4 août 2015, par Arte sur le sujet (intitulé Hiroshima, la véritable histoire), ces deux terribles attaques n'étaient nullement nécessaires, dans la mesure où les soldats japonais perdaient les batailles sur tous les fronts. En vérité, Washington se livrait à une course à l'armement nucléaire. Dans le même temps, l'état-major nippon, en dépit d'une logistique lui permettant de surveiller les différents passages des B-29 dans son espace aérien, n'envoya pas de chasseurs pour neutraliser ceux qui allaient propager deux immenses champignons nucléaires sur son sol.
Les militaires, contrôlant un empereur réduit à un pouvoir symbolique, étaient davantage préoccupés par l'avancée des troupes russes dans le nord de la Mandchourie. Certains d'entre eux pensaient également que les Américains ne disposaient pas encore d'un arsenal nucléaire suffisamment conséquent pour pouvoir frapper l’archipel plusieurs fois. Un calcul effroyable révélant le cynisme de généraux à l'endroit d'un peuple ne servant, pour eux, que de chair à canon. D’où l’hypothèse selon laquelle il valait mieux, de leur point de vue, se mettre dans la main de l’Oncle Sam que dans celle du Bolchevik. Après leur capitulation et la prise de parole inédite, à la radio, de l’empereur Hirohito, le général MacArthur prit les commandes du pays. Ceci marqua le début d’une colonisation rampante de l’Asie par les Yankees. À ce jour, seule la Chine résiste véritablement, pour le meilleur et pour le pire.
En troquant le maintien de la famille impériale et celui de quelques hauts fonctionnaires, Tokyo vendit son âme au diable. Ce pacte générera une police parallèle, la mafia japonaise, les yakuza : un lobby qui a su, avec le temps, se diversifier dans tous les marchés, y compris les plus licites (cf. Yakuza. La mafia japonaise, de David Kaplan et Alec Dubro, aux Éditions Philippe Picquier). Tout ceci fit le jeu du parti libéral-conservateur – toujours au pouvoir actuellement –, celui de Shinzō Abe, qui contribua largement à l’occidentalisation d’une société, à l’origine chamanique. Ainsi, les commémorations annuelles de ces deux bombardements atomiques, bien que légitimes eu égard aux nombreuses victimes, dissimulent d’autres vérités sur l’ancien empire panasiatiste.
En effet, le pouvoir nippon ne reconnaîtra jamais les terribles massacres perpétrés par ses troupes dans toute l'Asie (notamment à Nankin, entre décembre 1937 et février 1938). Sens de l'honneur oblige, le Japonais n’est pas prompt à l’examen de conscience en public, l'essentiel étant de ne jamais perdre la face. Enfin, l'Histoire se façonne toujours selon les lubies et des vainqueurs et de leurs collaborateurs.
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