Hier soir, les islamistes se sont invités dans la campagne
C'était le dernier débat avant les élections et, jusqu'à présent, on avait réussi à laisser peu ou prou les islamistes avec leurs godillots sales derrière la porte de la campagne soigneusement verrouillée. Pont-levis levé, herse abaissée. Soulagé, on ne pensait pour ainsi dire presque plus à ces tristes sires. On avait décidé de parler avec componction entre gens de bonne compagnie de choses plus ou moins insignifiantes comme le travail de Penelope, le prix des costumes, la sortie de l'euro, l'augmentation de la CSG et la cote immobilière au Touquet.
Et puis, sans crier gare, les terroristes ont débarqué. Un policier (de 37 ans) a été assassiné sur les Champs-Élysées. Au début, on ne voulait pas y croire : sûrement un vol de sac à main qui a mal tourné. À la kalachnikov ?
Sur les réseaux sociaux, Bruno Masure a recommandé de ne surtout pas s'échauffer, de ne pas tirer de conclusions hâtives, de garder son sang-froid et d'attendre… las, on a attendu, mais le problème n'a pas été résolu.
Le maire du IVe arrondissement, Christophe Girard, un chouia complotiste, a tweeté quant à lui qu'il devait sûrement s'agir d'un coup de Poutine (vous avez compris, hé hé, pour servir sa blonde copine...). Et pourquoi pas, aussi, de Trump, d'ailleurs ? À cause des 140 caractères auxquels Twitter donne droit, sans doute. Il fallait faire un choix.
Las, Daech a revendiqué. L'assaillant, qui a été abattu, était fiché S et avait été condamné en 2003 à 20 ans de prison pour tentative d'homicide sur… des policiers. Karim Cheurfi (c'est son nom) a même été arrêté - puis relâché - en février dernier, pour avoir claironné vouloir tuer des gardiens de la paix.
Sur les réseaux sociaux, on a pleuré, on s'est lamenté. Un peu sur le sort de ce pauvre et vaillant policier (d'autant qu'un autre a été blessé), beaucoup sur celui des présidentielles, risquant d'être "impactées". Très vite, on a accusé - les salauds ! - Le Pen et Fillon de "récupérer". Sans tenir le moins du monde grief à la gauche d'avoir laissé l'engeance terroriste proliférer, ni cet islamiste dûment repéré en liberté. Poutou, d'ailleurs, a continué, à la télé, de pérorer : désarmons les policiers ! Tout cela faisait pour le moins… comment dire cela gentiment... décalé. C'est cela. Pas tout à fait ajusté.
Pour contrer le hashtag #ChampsElysées - par trop déprimant -, voilà que des twittos ont décidé de lancer le mot-dièse #BellesChoses, tellement plus ravissant. Et pourquoi pas #PolitiqueDeLAutruche" et #VoilonsNousLaFace ?
Jusqu'à quand ? Et si, au contraire, dimanche, dégrisés, les idées remises en place, les Français décidaient de voter en regardant leur destin en face ?
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