Le ralliement de à Éric Zemmour permet à chacun d’ouvrir les yeux sur les contradictions mortelles de la politique française. Nos institutions actuelles, celles de la Ve République, ont été voulues par un homme, Charles de Gaulle, qui avait horreur des partis. Il considérait ce système comme une de ces féodalités qui empêchent l’État de remplir sa mission au service du pays et sous le contrôle le plus direct possible du peuple souverain. Le long et désastreux passage de Mitterrand à l’Élysée, l’invasion des sphères de pouvoir par les tristes produits de 1968, la vacuité et la lâcheté de la plupart des dirigeants que l’on situe à droite ont dévasté l’édifice pour n’en laisser que des ruines.

Les ambitieux frénétiques peuplent au contraire les partis politiques qui sont, pour eux, les instruments nécessaires de leur réussite. Les plus voraces les créent, comme Mitterrand, comme Chirac, comme Bayrou, avec plus ou moins de bonheur. Derrière ceux qui parviennent au pouvoir suprême, il y a la bousculade de ceux qui vont à la curée des privilèges et des honneurs, et ceux qui veillent à prolonger leur vie d’élus. Et puis, il y a aussi ceux qui ont le malheur d’avoir des idées et des valeurs auxquelles ils tiennent. Entre les premiers, prêts à se rallier opportunément à toutes les circonvolutions du parti pour y demeurer à l’abri, et les autres, qui ont leur moment de « gaullisme », c’est-à-dire qui ressentent en eux l’exigence de dire « non », le choc est inévitable et se termine toujours par l’écrasement des seconds. C’est ce qui m’est arrivé lorsque j’ai vu poindre chez Sarkozy le goût de la mode idéologique, la soumission aux coteries prisées des médias, et que j’ai défendu davantage mes idées, celles qui m’avaient fait venir au RPR, plus que celles qui m’étaient imposées par son avatar en pleine décadence.

C’est l’une des raisons pour lesquelles le soutien de à Éric Zemmour me semble sympathique et courageux. On le traite de transfuge avec plus de sévérité que pour Mme Pécresse ou pour M. Bertrand, qui avaient quitté le parti de Wauquiez, avant d’y revenir par intérêt, ou même que pour les traîtres qui, après avoir criblé de critiques acerbes, se sont piteusement couchés à ses pieds pour obtenir un maroquin. Tous ces professionnels de la politique aspirent au pouvoir, obéissent aveuglement au parti ou changent de camp pour rejoindre leur vainqueur, sans le moindre respect d’eux-mêmes. , c’est l’oxymore du transfuge fidèle, qui cherche désespérément un parti qui ne trahisse pas ses idées. Lui n’en a guère changé : patriote, souverainiste, libéral-conservateur, son passage d’un parti à l’autre ne l’a jamais éloigné de sa ligne de pensée, mais avec l’ambition légitime d’avoir un rôle suffisant pour la mettre en œuvre. Son mandat de député, sa responsabilité au sein de LR lui ont permis de se faire entendre et il prend le risque de tout perdre plutôt que d’y renoncer. Si le RPR était demeuré fidèle à lui-même, la guerre picrocholine des partis qui ont récupéré ses électeurs déçus n’aurait pas lieu. Mais tout se passe selon la prédiction de Rousseau : les partis défendent leur intérêt et non celui du pays. Moins leur unité se fait sur des idées, plus elle se fait sur la sauvegarde de leur existence et sur le succès aux élections et, paradoxalement, plus les sanctions à l’encontre de ceux qui s’écartent d’une ligne inexistante se font lourdes.

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11 janvier 2022

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32 commentaires

  1. Qu’attend donc Ciotti pour faire la même chose au lieu de se laisser cornaquer, vampiriser par la traîtresse pécresse ? Ayez du courage Mr Ciotti si vous avez des convictions de droite

  2. Bravo a Guillaume Pelletier pour la constance de ses idées et son engagement a La Reconquête pour sauver la France Requiem et hémorragie En Marche chez LR

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