Avec 35,5 % des suffrages, SYRIZA vient de gagner les nouvelles élections législatives que le Premier ministre démissionnaire, Aléxis Tsípras, avait lui-même provoquées, devançant assez largement ses rivaux de droite - Nouvelle démocratie -, qui ne rassemblent que 28 % des voix. Avec seulement 3,7 %, les Grecs indépendants (souverainistes de droite) seraient donc en mesure de reconduire l’alliance gouvernementale de ce début d’année. Sachant surtout que les dissidents de gauche de SYRIZA (Unité populaire) ne devraient pas être en mesure de peser sur la composition du futur gouvernement.
Une victoire, donc. Mais victoire de qui ? Et, surtout, contre qui ? Certes, Aléxis Tsípras a gagné. Mais à quel prix ? En se reniant lui-même, peut-être. Pour le peuple grec, celui qui n’en finit plus de souffrir du carcan européen, c’est évidemment une trahison. Il l’avait porté au pinacle lors des précédentes élections législatives. Puis avait massivement voté « non » à ce référendum censé redonner à la fois dignité et indépendance aux Grecs.
Il y eut les précédents du référendum de 2005, lorsque les instances européennes s’essuyèrent les pieds sur les bulletins de vote des Français, ou celui de la campagne présidentielle de 2012, quand François Hollande se faisait élire par le peuple de gauche et un peu celui de droite, sur un programme consistant à lutter contre la finance internationale - son pire ennemi, assurait-il alors - tout en promettant de renégocier les traités européens.
Aléxis Tsípras a été élu sur un programme à peu près similaire, évoquant même une sortie de l’euro. Pourtant, il sauve les meubles ; sauf que la maison mère est en flammes. Encore quelques secondes, monsieur le bourreau…
Car les véritables vainqueurs, ceux qui sont en droit d’applaudir au retournement en forme de double axel et de pas de tango (un en avant et deux en arrière) d’Aléxis Tsípras, sont évidemment les banques, les autorités européennes et la puissante Allemagne, dont l’intraitable Angela Merkel, celle qui invite toujours à négocier, sachant qu’elle aura toujours le dernier mot.
Madame "le" chancelier sait surtout qu’en Grèce, la gauche de la gauche est à peu près aussi puissante que son homologue français. Pourtant, en écho à la déclaration de Jean-Luc Mélenchon assurant « qu’entre euro et souveraineté nationale » il choisira toujours cette dernière, c’est très logiquement que Zoé Konstantopoulou, tête pensante de la révolte contre SYRIZA, proche de Yánis Varoufákis (ancien ministre des Finances d’Aléxis Tsípras), assure, dans la dernière livraison de L’Obs : « Si le dilemme posé est la démocratie ou l’appartenance à la zone euro, ma réponse sera toujours la démocratie. »
Pis : elle évoque un véritable « coup d’État » : « Le monde entier a vu les créanciers maîtres chanteurs mettre Tsípras devant un terrible dilemme : la sortie de l’euro, l’asphyxie économique du pays et l’aggravation de crise humanitaire, ou la démocratie. »
Et le meilleur pour la fin : « Personnellement, j’ai pris les devants pour que l’on ait des armes pour se défendre, en mettant en place la commission d’audit de la dette et la commission chargée d’étudier le paiement par l’Allemagne de ses dettes contractées auprès de la Grèce durant la Seconde Guerre mondiale. J’ai aussi adressé un courrier au président du Parlement européen, Martin Schulz, pour lui dire qu’une crise humanitaire provoquée par des décisions politiques à caractère punitif contre un pays souverain n’est rien moins qu’un crime contre l’humanité. »
À ce jour, reconnaît Zoé Konstantopoulou, ces éléments qui auraient certainement pu faire pencher la balance n’ont même pas accusé le moindre accusé de réception.
C’est qu’il a dû s’en passer, des choses, en coulisses…
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