Gérald Darmanin a emporté la bataille du burkini. A-t-il gagné la guerre ?

darmanin

Cocorico ! Gérald Darmanin n’a pas la victoire modeste, c’est le moins que l’on puisse dire. Le ministre de l’Intérieur s’est en effet empressé de tweeter, le 25 mai : « Excellente nouvelle : suite à notre recours, le tribunal administratif suspend la délibération de la mairie de Grenoble autorisant le “burkini” dans les piscines municipales grâce aux outils de la loi séparatisme voulue par Emmanuel Macron. » Et d’en rajouter une couche : « L’État continuera de combattre toutes les promotions du communautarisme. J’en prends l’engagement. » Et une troisième, tant qu’à faire : « Le tribunal administratif retient que le maire de Grenoble, avec cette décision autorisant le “burkini” dans les piscines municipales, a porté une atteinte grave à la laïcité. Des excuses s’imposent. » N’oublions pas que nous sommes en campagne électorale… Le tout couronné par un entretien au Parisien, le 26 mai, que le ministre signale par un nouveau tweet : « Ma réaction à la décision du tribunal administratif de Grenoble qui suspend la délibération de la mairie de Grenoble sur le “burkini” : une victoire pour la République, la laïcité et le droit. » Ne boudons pas son plaisir. Dans la foulée, Éric Piolle, maire EELV de Grenoble, a annoncé qu’il faisait appel devant le Conseil d’État. L’affaire est donc loin d’être terminée.

La loi contre le séparatisme voulue par Emmanuel Macron et votée par le Parlement serait donc l’arme absolue, la panacée pour lutter contre ce qu’on n’ose pas appeler le communautarisme islamique. À voir ! À la suite de cette loi, le 31 décembre 2021, le ministère de l’Intérieur diffusait une instruction à l’attention des préfets relative au contrôle de légalité des actes portant gravement atteinte aux principes de laïcité et de neutralité des services publics. Il y est question de subventions ou soutiens aux associations, de marchés publics, de recrutement, d’organisation des services publics locaux. Or, en toute objectivité, en lisant l’ordonnance rendue par le tribunal administratif de Grenoble, on ne peut que constater que les arguments présentés par le préfet (en clair, l’État, c’est-à-dire Darmanin) sont assez ténus et que ceux de la défense interpellent, notamment ceux-ci : « Les usagers des piscines ne sont pas soumis à des exigences de neutralité religieuse ; aucun texte législatif ou principe général du droit ne s’oppose à ce qu’un règlement intérieur de piscine n’interdise pas le port du burkini. » Pour faire simple, ce qu’un tribunal administratif a ordonné pourrait très bien faire l’objet d’une interprétation différente par un autre tribunal administratif. Et l’on verra ce que décidera le Conseil d’État qui nous a habitués à certaines surprises.

Cette loi contre le séparatisme, en tournant autour du pot, n’est donc pas l’arme fatale contre l’avancée de l’islamisme dans notre espace public. C’est tout au plus un outil, pour reprendre le mot de Darmanin, pour freiner, tenter de ralentir le mouvement, mais pas pour mettre un coup d’arrêt décisif.

Du reste - hasard du calendrier aidant -, on serait assez intéressé de savoir si Gérald Darmanin a l’intention de faire usage de cet outil juridique pour stopper le projet d’un grand complexe islamique de 7.500 m2 à Guyancourt (Yvelines), à proximité d’une zone résidentielle. Un projet présenté comme « un espace de prière, d’instruction, d’étude grâce à une école coranique, de divertissement et d’accueil ». D’autant que le site de l’Union des musulmans de Guyancourt (UMG) évoque « une promesse faite par la municipalité, concernant la location d’une parcelle conjointement sélectionnée et validée, qui permettra, inch Allah, d’y lancer la construction aussi rapidement que possible ». En effet, l’instruction citée plus haut donne, entre autres exemples, comme manquements possibles aux principes de laïcité et de neutralité la conclusion d'un bail relatif à un local privé de la commune en vue de son utilisation par une association pour l’exercice du culte. On peut imaginer que la location d’un terrain peut entrer aussi dans ce cadre.

Si Gérald Darmanin a gagné une bataille, il lui en reste bien d’autres à mener. Mais Emmanuel Macron et lui-même le souhaitent-ils vraiment ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

31 commentaires

  1. On doit prendre une douche avant d’aller dans le bassin, et pas tout habillé, donc burkini interdit. De toutes façons une bonne musulmane doit rester chez elle : sourate 33, verset 33.

  2. Gagner la guerre ? ça serait bien la première fois, de plus il faudrait appliquer la loi et là c’est autre chose ! Moralité l’été sera passé et d’autres problèmes surgiront !!!

  3. Les 20 millions de musulmans en France font la pluie et le beau le temps dans les élections, leur vote est uniquement communautaire et ils restent unis comme les doigts de la main, leurs voix se dirigent uniquement du côté de ceux qui leur proposent des avantages, en attendant la création d un parti puissant représentant la charria qui réunit tous les préceptes de l islam, ils n obéiront qu aux lois d allah c est inéluctable

  4. Beaucoup de discours mais dans le fond il n’y a pas le vrai désir ni la détermination pour résoudre ces problèmes . L’ère du « En même temps  » permet de tout laisser passer .

  5. …et après les législatives, le Conseil d’Etat donnera raison à Piolle. On prend les paris ?

  6. Victoire à la Pyrrhus ! Le Conseil d’Etat va retoquer le référé. Et même si ce n’est pas le cas, l’Islam en France est une vague de fond inarrêtable, un tsunami patient qui se nourrit de tous nos abandons, mais qui finira quand même par déferler sur nos paysages en emportant tout, y compris nos illusions. Quand chaque citoyen sera concerné de près ou de loin, négativement, insupportablement, on parlera alors de guerre civile, que nous devrons totalement aux lâchetés de nos politiciens d’hier.

    • Vague de fond inarrêtable ? Non , il faut une volonté politique ferme , mais bien sûr ce ne sera pas le cas avec Macron .

  7. juste un petit point linguistique.Citation de VAUGELAS extraite de l’article « remporter » du dictionnaire de français Littré

    On dit emporter et remporter le prix, mais beaucoup mieux remporter ; le P. Bouhours remarque fort bien qu’on dit remporter la victoire, et non pas emporter la victoire, et qu’au contraire il faut dire emporter le butin, et non pas remporter le butin

    (Claude Favre de VAUGELAS, Rem. not. Th. Corn. t. II, p. 992, dans POUGENS)

  8. Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité ! Au mythe de cette république irréprochable a succédé la réalité d’une république avilie par un recul de la déontologie, de l’éthique et la dhimmitude à un islam conquérant.
    Réveillez-vous, ils sont devenus fous !

  9. Se méfier du conseil d’état qui en d’autres temps avait débouté moult Maires du Sud Est qui avaient interdit le Burkini sur les plages, de plus plusieurs décisions du conseil d’état ont été en faveur des musulmans, alors prudence, rien n’est gagné.

  10. Le conseil constitutionnel risque fort de retoquer la décision du tribunal administratif . Ne pas oublier que Macron et LREM , n’ont pas voulu voter de loi interdisant le burkini !
    Quant à la construction de mosquées , il faut être vigilant, pas de financement de l’étranger , son utilisation,( prêches contre la république).

  11. le Conseil d’Etat va être saisi et il va devoir réviser cette décision dans un sens ou un autre, il est donc prématuré de se réjouir, Darmanin ne devrait pas fanfaronner et attendre.
    Rappelons nous que le Conseil d’Etat avait déjà été saisi et qu’il avait considéré qu’il n’était pas possible d’interdire le burkini dans l’espace public.
    Alors attendons

  12. Pour plastronner Darmanin ferait mieux d’attendre le verdict du Conseil d’Etat qui risque fort d’annuler cette décision qui repose effectivement sur des arguments juridiques très fragiles.

  13. Si Darmanin a gagné une bataille , c ‘est simplement par pur intérêt électoral et ce n ‘est que provisoire ;
    Ni lui ni Macron n ‘ ont l ‘ intention d ‘ endiguer le flot islamique qui se déverse de plus en plus fort dans le pays , comme l ‘ on a pu le constater au cours de ce dernier quinquénnat.

  14. Le Ministre de l’Intérieur plastronne à bon compte sans ne rien résoudre. Le seul intérêt de cette histoire de burkini à la grenobloise réside dans l’aveu sans vergogne de l’intérêt électoraliste des partis de gauche pour l’islam. Mais n’oublions pas que si intérêt il y a , c’est qu’il y a bien une raison. L’immigration islamique sans limite, maintenant, représente une force politique.

    • Malheureusement vous êtes dans le vrai. Si vous me le permettez, je vous conseille si vous ne la connaissez déjà de visionner et de diffuser la vidéo sur YouTube de l’interview de Mélenchon par HIT RADIO RABAT MAROC du 18 février 2013.

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