Les historiens diront peut-être un jour si le président George H.W. Bush aura délibérément entraîné Saddam Hussein (qui accusait le Koweït de faire des forages obliques sous son territoire) dans un traquenard. Toujours est-il que Bush aura créé la plus grande coalition militaire de l’histoire moderne avec le soutien des Nations unies comme de la Russie, fort d’une campagne de diabolisation faramineuse (incluant les massacres - prouvés faux - de prématurés dans les couveuses du Koweït).

Donc, le réactivateur du novus ordo seclorum américain a atteint sa date de péremption en novembre 2018, tandis que son esprit avait déjà cessé d’émettre à la fin 1991, année de la fin de la guerre froide, avant que l’hubris post-soviétique des néoconservateurs et financiers américains ne détruise son héritage géopolitique.

Car héritage il y avait. George W.H. Bush, 41e président des États-Unis, incarnait une souche américaine qui n’existe plus, celle d’un hégémonisme « énergo-géopolitique » débonnaire fait de réalisme et de prudence, baignant dans la Bible plutôt que dans sa copie d’aujourd’hui : la religion humanitaire, marchande de repentance, au service d’une super-classe mondiale hostile aux peuples. Il provenait d’une culture darwinienne où ceux qui gagnent s’enrichissent, à l’opposé de celle d’aujourd’hui où seul le statut de victime patentée garantit la prospérité.

Bush le 41e naît au sein d’une famille « patricienne » du nord-est des États-Unis. Il s’engage dans l’aéronavale à l’âge de 18 ans, en 1941. Le 2 septembre 1944, il est abattu dans le Pacifique à bord de son Grumman Avenger, avant d’être recueilli par un sous-marin américain. En 1945, toujours militaire, il épouse celle qui sera son pitbull comme son bouclier dans la vie, Barbara Pierce, autre « patricienne ». Après être passé par Yale, université des élites où il sera initié par la société secrète Skull and Bones, Bush s’installe entre le Texas et la Californie, où il apprend le métier du pétrole avant de créer sa propre compagnie texane, la Zapata Petroleum Company (renommée plus tard Harbinger).

Du pétrole au service public, il n’y a qu’un pas. En 1963, il devient le président du parti républicain du très important Harris County, au Texas, où il œuvre à couper le parti de l’envahissante John Birch Society. Il est élu à la Chambre des représentants en 1966 mais ne parvient pas à se faire élire au Sénat en 1970. Nixon le nomme ambassadeur à l’ONU en 1971, puis président du parti républicain en 1973, en pleine crise du Watergate. Il est de ceux qui poussent Nixon à démissionner en 1974. Gerald Ford (successeur de Nixon) le nomme envoyé spécial en Chine. Il jouera, ainsi, un rôle majeur dans le rapprochement sino-américain.

Ford lui lance un nouveau défi en 1976 : regonfler le moral de la CIA (il en devient le directeur) qui a subi un harcèlement parlementaire constant au sujet de moult « exactions ». D’une certaine façon, Bush devient ainsi, consciemment ou non, le reconstructeur d’un élément-clé de cet État profond qui prolifère depuis 1991.

La fortune lui sourit ensuite lorsque Reagan, qu’il prenait pour un nain, le nomme vice-président de 1981 à 1989. Il assiste donc, de son siège, à l’effondrement du mur de Berlin comme du bloc soviétique, et aux événements de Tian’anmen. Il devient président en 1989 et s’illustre au début, tout comme son secrétaire d’État James Baker, par sa grande modération. Ainsi, il ne « finira » pas l’Irak, laissant Saddam au pouvoir afin de ne pas provoquer le chaos dans la région.

Considérant que la guerre avait été gagnée contre le communisme et non contre les Russes, habile, il a toujours veillé à ce que Gorbatchev sauve la face, obsédé par la crainte d’un coup d’État militaire russe, d’où les promesses (certes verbales) faites par son secrétaire d’État James Baker à Gorbatchev quant à ne pas étendre l’OTAN plus à l’Est. Ou encore sa poursuite de la politique mutuelle de restriction de la course aux armements, ou encore son accord stratégique avec Eltsine marquant « officiellement » la fin de la guerre froide en 1991.

Trop intelligent et visionnaire, pas assez politicard, il ne pouvait donc pas être réélu pour un deuxième mandat, la présidence ayant, depuis, été occupée par des générations de politiciens opportunistes et créateurs de dette (dont son fils, de facto porte-parole de Cheney et de Rumsfeld), jouets de l’État profond américain et de ses alliés mondialistes qui conduisent, aujourd’hui, le monde vers l’implosion. Bush le 41e est donc bel et bien mort en 1991. Il ne reste plus rien de lui.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:47.

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03 décembre 2018 à 18:17

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