Le mythe du policier casseur a la vie dure
Le mythe du policier-casseur a la vie dure. Il resurgit régulièrement, notamment à l'occasion de manifestations particulièrement violentes et destructrices. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que violentes et destructrices, les manifestations de ces week-ends des 1er et 2 décembre l'ont été. D'avis de policiers, jamais de tels pics de brutalité et de scènes de saccages d'une telle envergure n'avaient été enregistrés au cours de ces dernières années. À tel point que le vocable d'insurrection, voire de révolution (en particulier dans la presse étrangère), est maintenant communément utilisé.
Cette escalade des violences commises est attestée par le nombre important des blessés. Mais aussi par l'ampleur des dégâts recensés. Elle est aussi accréditée par l'utilisation massive des moyens de maintien de l'ordre utilisés par les policiers et les gendarmes. Rarement le nombre de grenades lacrymogènes lancées avait été aussi important. Il se chiffre en milliers, uniquement pour les CRS et les compagnies d'intervention de la préfecture de police. Oui, à n'en pas douter, les manifestations des gilets jaunes font bien l'objet d'une escalade inquiétante en matière d'actes de violences et de destructions.
Pour autant, l'explication de cette casse et de ces violences, qui seraient imputables à des agents de l’État infiltrés, fait aussi florès sur les réseaux sociaux. Et là, il convient de remettre les pendules à l'heure. Ces pratiques de "barbouzes", dont il est vrai que "l'affaire Benalla" n'a fait qu'apporter de l'eau au moulin de ceux qui seraient tentés de penser que ces pratiques sont bien réelles, n'existent pas en France. Les photos largement diffusées sur le Net pour accréditer ces allégations représentent, en réalité, des policiers en civil des brigades anticriminalité ou du renseignement territorial, chargés d'identifier et d'interpeller les casseurs. Ces missions ont toujours existé. Et il est facile de comprendre que, pour procéder à des arrestations en flagrant délit lors de ces scènes d'émeutes, il est difficile d'agir autrement que de l'intérieur.
Quant aux appels de plus en plus fréquents, via Internet, au ralliement des policiers ou des gendarmes au mouvement des gilets jaunes, là également, il convient de rappeler un certain nombre de points. Dans un pays démocratique, dont les représentants ont été élus au suffrage universel, il appartient aux fonctionnaires et aux militaires d'être loyaux et de servir les institutions de la République. Ainsi, si chacun est libre, en son for intérieur, de penser ce qu'il veut, policiers et militaires sont tenus d'obéir aux ordres dès lors que ceux-ci sont conformes à nos lois et émanent d'une autorité hiérarchique légitime et reconnue. Ne pas le faire exposerait les intéressés à de lourdes sanctions pénales et administratives.
C'est donc par le dialogue et la recherche de solutions politiques, y compris le vote, que tout conflit social doit recevoir des solutions. Le mouvement, parfaitement justifié et légitime, des gilets jaunes ne peut échapper à cette règle. En se durcissant de façon inconsidérée et désordonnée, il ne parviendra, à très court terme, qu'à opposer les Français entre eux. De nombreux travailleurs, des chefs de TPE, des petits commerçants, des employés et tous ceux qui ont besoin de travailler en ces temps difficiles souffrent déjà d'actions dévastatrices pour leurs activités. Ainsi, sauf à vouloir le chaos, c'est donc en toute responsabilité que chaque Français doit maintenant envisager la poursuite de ce mouvement.
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