Fraude sociale : l’énième en même temps ?

ATTAL

« Allocations, cartes Vitale, retraités à l’étranger… » : Gabriel Attal a dévoilé, lundi, un vaste plan de lutte qui doit permettre de faire des économies et de doubler les redressements d’ici à 2027. Pour rappel, le montant de la fraude sociale est estimé, par la Cour des comptes, entre 6 et 8 milliards d’euros par an. Gabriel Attal a fixé un cap de dix ans pour réussir un chantier réclamé à cor et à cri par la droite et le centre depuis plusieurs années. Contacté par BV, le député (Renaissance) des Yvelines Karl Olive se félicite de l’opération Attal : « Il faut de la justice et de la justesse. » Le cadre de la Macronie et ancien maire de Poissy est convaincu du bien-fondé de cette nouvelle politique : « Tout le monde en parle, nous agissons », assène-t-il comme un slogan.

Efficace ?

Le magistrat Charles Prats, qui a fait figure de lanceur d’alerte sur le montant de la fraude sociale, est assez mitigé. L’auteur, en deux tomes, du Cartel des fraudes (Ring) pointe, sur Twitter, « un plan peu ambitieux, avec des effets d’annonce à horizon de plusieurs années voire décennies ». Celui qui est aussi vice-président de l’UDI qualifie ces annonces de « bel exercice de communication, donc. Mais pas de nature à répondre dès demain à l’urgence de la lutte contre la fraude sociale. » De fait, Charles Prats soulève une véritable question : pourquoi avoir autant attendu pour lancer seulement une ébauche de plan ? Le magistrat a un début d’explications sur Cnews : « On a, en France, plus de 75 millions d’assurés sociaux sur 67 millions d’habitants. Si vous en sortez d’un coup plusieurs millions, on vous demandera « Qu’est-ce que vous avez foutu ? » En d’autres termes, admettre que tout le monde savait et que personne n’agissait. « Ils ne veulent surtout pas qu’on s’aperçoive que depuis bien longtemps le roi est nu », appuie Charles Prats.

Des critiques évacuées par la Macronie, qui préfère mettre en avant le fait qu’enfin les choses bougent. « Lorsque vous agissez, vous avez trois types d’opposition », philosophe Karl Olive, « ceux qui voulaient faire pareil mais qui ne peuvent pas, ceux qui veulent faire l’inverse et ceux, plus nombreux, qui ne veulent rien faire. » L’ancien maire de Poissy n’a d’ailleurs pas hésité à tacler Charles Prats au passage : « Ce magistrat s’exprime comme un opposant politique, qu’il est aussi par ailleurs... » En bref, Prats mauvais joueur ?

Les oppositions protestent !

Coté RN, on se contente de rappeler que l’une des propositions de la candidate Le Pen portait, notamment, sur la fusion du titre d’identité et de la carte Vitale. Souhaité par Gerald Darmanin, ce dispositif a été retoqué par Gabriel Attal. Il profite de l’occasion pour donner le traditionnel coup de barre à gauche.

Ce sacrifice de « ligne » pourrait coûter cher, puisque cette technique permet de lutter contre la prolifération de cartes Vitale frauduleuses qui seraient, d’après Charles Prats, un peu plus de dix millions encore en activité… Rassurons donc la gauche, la France tient toujours son rôle de vache à lait du tiers-monde. Récemment, c’est le ministre des Affaires étrangères comorien, Dhoihir Dhoulkamal, et son épouse qui ont été accusés de fraudes massives aux prestations sociales françaises : depuis 2015, ils ont touché indûment l'équivalent de 250.000 euros en aides sociales et remboursements de frais de santé. De quoi prolonger l’opération Wuambushu...

En France, la fraude sociale et la fraude fiscale occasionnent aux caisses de l’État des dizaines de milliards de perte. L’inaction apparente, ou plutôt la passivité des pouvoirs publics face à ces deux fléaux, constituait, outre une spoliation, un véritable angle de tir pour les oppositions. Sur le plan politique, l’opération est, d’un point de vue communication, parfaitement réussie : « Ils disent que l’obsession de la fraude sociale, c’est un truc de droite et la fraude fiscale est un truc de gauche ; nous, on agit contre les deux », se félicite Karl Olive, qui y voit une continuité de l’en même temps. De fait, les oppositions voient Attal s’agiter mais l’attendent au tournant des résultats.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. oui parce que ce n’est pas parce qu’on 67 million d’habitants qu’on a 67 millions de cartes, on devrait en avoir moins puisque les enfants sont avant leur majorité et accessoirement un emploi sur la carte vitale des parents, c’est donc une vingtaine de millions de cartes en circulation qui devraient être annulée.

  2. Il faut arrêter le manège ! Après avoir dépensé un « pognon de dingue » pour la nouvelle C.I.N. ce qui est normal, on va re-dépenser « un pognon de dingue » pour une nouvelle CIN fusionnée… celles qui viennent d’être réalisées on en fait quoi ? Qu’ils commencent par demander un certificat de vie certifié par un officier d’état civil en mairies, consulats ou ambassades à partir de 70 ans ou autres comme le font l’Allemagne et même l’Algérie et une partie du problème est réglé sans aucune dépense en ce qui concerne les retraites !

  3. La macronie ne fait que copier largement la Proposition de Loi du député RN marseillais Franck Allisio pour tenter une tactique de récupération électoraliste lors des prochaines élections
    Alors qu’on sait pertinemment qu’ils ne l’appliqueraient jamais !
    Merci à BV de dénoncer cette duperie honteuse.

  4. On cherche désespérément une personne valable au sein de ce gouvernement et du parti Renaissance, mais il n’y en a pas. Tous sont hautins, imbus de leur petite personne et incapable de faire quoique ce soit de positif. Ce n’est pas qu’ils sont bon à rien, ils sont mauvais à tout !

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