Les Fils de la Charité portent en eux la croix mais nous, nous avons besoin de la voir

À la lumière de ce que j’ai pu glaner çà et là, le christianisme est une religion de la représentation. La raison première en est que Dieu s’est fait homme en la personne du Christ. Aussi n’est-il pas étonnant que l’art chrétien ait atteint des sommets de grâce et d’inventivité, depuis ses monuments jusqu’aux représentations picturales, qui sont souvent les plus importants joyaux des musées qui les abritent. Mais avant d’être de l’art, ces créations sont l’expression de la foi, pleines d’une substance spirituelle qui envahit les croyants.

Passé cette petite introduction, je vais encore parler de La Sentinelle, dans le département du Nord, et plus particulièrement de son église dédiée à sainte Barbe, dont on avait trouvé judicieux de remplacer la croix par un paratonnerre lors de sa restauration. En effet, l’équipe de prêtres – membres de la congrégation des Fils de la Charité dont on fêtera le centenaire le 25 décembre prochain – ayant la charge de l’édifice est revenue sur cet événement, avec une retenue et une indéniable profondeur d’esprit. "“Humer” la vie des gens ordinaires, c’est ce qui caractérise l’optique pastorale des Fils de la Charité", précise l’article de la Croix du Nord, ce qui veut tout dire à leur propos.

Jean Ménétrier, curé modérateur de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul, a donc "trouvé salutaire qu’un Sentinellois s’émeuve du nouveau visage du bâtiment rénové, propriété de la commune" (Croix du Nord), faisant référence à Daniel Brulant, qui s’était insurgé contre la disparition volontaire de la fameuse croix. "Pour notre part, le fait qu’il n’y ait plus de messes depuis quelques années rend plus difficile notre présence" (op. cit.), explique encore l’homme d’Église, comme un triste aveu de la raréfaction des fidèles.

Cependant, lorsque le père Jean déclare au journal que "l’Église actuelle va disparaître progressivement. Son avenir est dans la Parole de ce Dieu qui est avec nous si nous décidons d’avoir besoin de Lui… Alors un signe s’en va – la croix, le coq –, mais quel signe sommes-nous capables de poser là, maintenant ?", je me permets humblement de rappeler que ces petits signes – calvaires, croix de chemins, chapelles, etc. – sont autant de tuteurs qui soutiennent les croyants. Certes, il est des signes plus invisibles, et non moins forts, qui renforcent la foi, mais les premiers revêtent une importance capitale. Sinon, pourquoi placer des ex-voto dans les sanctuaires au lieu d’y faire une simple prière ? Une croix physique demeure essentielle pour la plupart d’entre nous, qui voyons en elle un phare spirituel et le rappel d’une présence rassurante.

Cela étant dit, les Fils de la Charité évoluent en permanence dans la proximité de Dieu et sont l’image même de la foi dans ce qu’elle a de plus noble, leur ferveur religieuse s’exprimant dans tout leur être quand ils soutiennent les plus fragiles et les plus égarés, faisant acte de résistance, souligne le père Jean. Une résistance à l’individualisme, c’est certain !

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