Alliance VITA est une association d’inspiration catholique qui défend la vie, est en lutte contre l’avortement et l’euthanasie et qui a cofondé la Manif pour tous. Elle a fait réaliser un sondage sur la paternité par l’IFOP sur un échantillon représentatif. La synthèse des résultats des trois premières questions peut se résumer comme suit : les pères sont essentiels pour l’enfant (93 %) ; leur rôle est différent et complémentaire de celui de la mère (73 %, contre 27 % qui pensent qu'ils sont identiques et interchangeables) ; l’absence du père marque toute la vie (89 %) et peut entraîner des difficultés personnelles (85 %). La conclusion est que le bon sens semble assez bien partagé dans l’opinion, même s’il est surprenant qu’une personne sur quatre pense que les rôles de père et mère soient identiques et interchangeables. Faut-il y voir l’efficacité du rouleau compresseur féministe ?

La quatrième question mérite que l’on s’y arrête plus longtemps :

"Le gouvernement réfléchit à l’autorisation de la PMA (procréation médicalement assistée), avec donneur de sperme, pour les femmes seules ou les couples de femmes, c’est-à-dire la conception d’un enfant sans père. De laquelle de ces deux affirmations vous sentez vous le plus proche ? 
Il faut privilégier le besoin de chaque enfant d’avoir un père en réservant la PMA aux couples homme–femme ayant un problème médical d’infertilité.
Il faut privilégier le désir d’enfant en permettant la PMA sans père pour les femmes seules ou les couples de femmes."

61 % se sentent proche de la première affirmation, contre 39 % de la seconde.

Première remarque : nous sommes loin de l’acceptation sociale de la « PMA pour toutes » brandie ad nauseam par les tenants du lobby LGBT. Les 60 % favorables à l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes et 57 % pour les femmes seules annoncés dans le journal La Croix en janvier dernier, où sont-ils ? Les discussions lors des États généraux de la bioéthique auraient-elles convaincu une personne sur cinq de changer d’avis ? Ou est-ce la versatilité normale d’une opinion ? Ou plutôt la sensibilité du résultat à l’orientation de la question ? Parce que la façon de poser la question n’est pas neutre, et l'IFOP, société commerciale qui a réalisé ces deux sondages contradictoires pour deux clients différents à cinq mois d’intervalle, le sait bien et elle a intérêt à faire plaisir à ses clients.

Deuxième constatation : suivant ce sondage, il y a dans la population 24 % (39 % favorable à la PMA – 15 % ne pensant pas que l’absence de père entraîne des difficultés, soit une sur quatre) de gens qui ont conscience de la vulnérabilité induite par l’absence de père pour l’enfant mais qui, en souhaitant l’ouverture de la PMA sans père, spéculent consciemment ou non sur la résilience de l’enfant. Je trouve cette proportion énorme. La solidarité envers le plus faible, le principe de précaution et l’aversion au risque de la société sont ici curieusement malmenés.

Alors, faut-il encore faire des sondages s’ils révèlent de telles incohérences ? Elles sont, malgré tout, les nôtres, celles de notre corps social. Mais sur les questions anthropologiques, ce qui devrait nous guider, c’est d’abord l’éthique, la connaissance du bien et du mal, et pas l’opinion, versatile, manipulable, incohérente. Et si des adversaires choisissent le sondage comme arme pour parvenir à leurs fins, alors autant les utiliser. Mais en ne baissant pas nos armes principales que sont la morale et le bon sens. Et bonne fête à tous les pères !

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16 juin 2018 à 20:07

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