Il n'y en a que pour eux, cette semaine. Je veux parler du prince Harry et de sa fiancée américaine Meghan Markle. Les commentaires de la cérémonie de samedi sont déjà écrits. Stéphane Bern, OBE, s’extasiera sur la capacité de la monarchie britannique à épouser – le mot est de circonstance – notre époque. Vous pensez, un prince de sang royal, descendant de la reine Victoria et de Guillaume le Conquérant, s’unissant à une métisse, qui plus est - cerise sur le gâteau de mariage - divorcée ! Que du bonheur, en somme.

En plus, on s’acheminerait, aux dernières nouvelles, vers une montée à l’autel – et non à l’hôtel, comme l’écrivait mardi la journaliste d’un journal dont nous tairons le nom ! – de Meghan Markle au bras de sa mère. Là, pour le coup, on casse carrément les codes. On pourrait, d’ailleurs, imaginer la symétrique : un petit-fils de la reine d’Angleterre remontant l’allée de l’église au bras de son père. En civil, alors. Parce que si les deux avaient l’idée saugrenue de porter l’épée, ça pourrait être compliqué. Tradition et modernité, en somme. Fier de son passé, résolument tourné vers l’avenir... Anne-Claire Coudray les fait tout aussi bien que Bern, ces commentaires, mais sur la chaîne concurrente. Léon Zitrone, sors de ce corps !

Mais vous voyez, ce n’est pas d’Henry de Galles et de Meghan Markle que je veux parler. Nos deux tourtereaux sont bien mignons et font très joli, sur le mug qu’on posera dans un coin du salon. Mais, finalement, ils n’ont pas grand intérêt. Un royal cadet bambocheur et une starlette de série américaine qui convolent en justes noces : avouez qu’on a vu plus original au cinéma. Non, c’est de la reine que je voudrais parler. De la reine et des divorces - pas les siens ! - qui ponctuèrent sa longue vie. Je sais que ce n’est pas de très bon goût d’évoquer ça à l’occasion d’un mariage, mais cette reine, quand on y songe, ressemble tellement à son royaume : une île. La reine d’Angleterre est une île. Une île de fidélité au milieu d’un océan de divorces !

Au début était le divorce. Car c’est un peu grâce à un divorce qu’Élisabeth est devenue reine. Son oncle de roi, Édouard VIII, n’aurait pas renoncé à la couronne en 1936 pour épouser l’américaine – déjà une Américaine… - Wallis Simpson, une divorcée – déjà une divorcée… -, Élisabeth d’York ne serait peut-être jamais devenue reine à la suite de son père, propulsé sur le trône sous le nom de George VI. Qui sait ? Mais à ce petit jeu du Si mon oncle en avait pincé pour une autre…

A few years later vinrent les péripéties de sa chère sœur, la princesse Margaret, qui voulait épouser un écuyer de son père, le group captain Townsend, divorcé et père de deux enfants. Finalement, elle épousa, en 1960, le photographe Antony Armonstrong-Jones, fait comte Snowdon. Le couple divorça en 1978. Mais ce n’était jusque-là que divorces collatéraux.

Vinrent ensuite les divorces dans la descendance directe de la reine. Trois des quatre enfants de la reine. Une petite hécatombe.

En 1992 – la fameuse annus horribilis -, la princesse Anne (née en 1950) divorça de Mark Phillips, dont elle avait eu deux enfants. En 1996, c’était au tour de Charles (né en 1948), prince de Galles, de divorcer de la princesse Diana (1961-1997), et d’Andrew (né en 1964), duc d’York, de Sarah Ferguson. En 2005, le prince Charles épousa en secondes noces Camilla Rosemary Shand, divorcée en 1995 d’Andrew Parker Bowles.

Le 20 novembre 1947, Élisabeth, alors princesse héritière, avait épousé Philip Mountbatten. Il y a plus de soixante-dix ans. Un mariage et quelques divorces plus tard autour d’elle, Élisabeth, reine, est toujours là. Never complain, never explain.

Au fait, tous nos vœux de bonheur aux futurs mariés... et toute cette sorte de choses.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:04.

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18 mai 2018 à 9:53

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