Euthanasie : ultime liberté ou ultime transgression ?
Alors que notre pays se débat dans une crise sanitaire depuis plus d’un an en cherchant à protéger la vie de tous les Français, quatre parlementaires venant d’horizons différents proposent paradoxalement des lois pour légaliser l’euthanasie. Au prétexte que d’autres pays ont autorisé l'euthanasie, faudrait-il aussi faire ce premier pas législatif en France ?
Mais qu’y a-t-il de digne à permettre le suicide assisté, à tendre la corde ou la seringue à celui qui souffre ou est en fin de vie ? Est-ce la bonne réponse ? Le « droit à mourir dans la dignité » n’est finalement qu’une négation de la personne humaine. Celle-ci ne devient pas indigne parce que son état physique ou mental se dégrade. Le devoir est de soulager, d’accompagner la personne humaine et de respecter la vie. Hippocrate, qui a fondé l’éthique médicale il y a 25 siècles, disait : « Je ne donnerai pas de poison, même si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion. »
Ce premier pas, ce nouveau pas, nous entraînerait dans un avenir qualifié par ses promoteurs d'« ultime liberté ». Celui-ci deviendra vite sordide. La logique est la même qu’avec la loi Veil, où certaines restrictions initialement posées par le législateur ont toutes été progressivement levées. En effet, la transgression de principes moraux fondamentaux, des éléments de base d’une société civilisée, entraîne inéluctablement vers toutes les dérives.
Donner la mort plutôt que soulager, dire que toute vie ne mérite plus d’être vécue, dire qu’une personne humaine n’a plus de dignité quand elle souffre ou est affaiblie, c’est la porte ouverte vers tous les renoncements éthiques. On l’a vu avec l’exécution de Vincent Lambert, qui n’a pas eu la chance d’avoir des séances de rééducation, d’être soigné, stimulé, promené. C’était plus simple d’interdire les visites, de le laisser enfermé dans sa chambre, de s’en débarrasser en le laissant mourir de soif. Il est vrai que l’hydratation, depuis la dernière loi Claeys-Leonetti, n’est plus considérée comme un soin de base mais comme un traitement. En l’occurrence, Vincent Lambert n’avait rien demandé. Comme lui, 1.500 personnes en stade pauci-relationnel sont dans l’antichambre de la mort.
Un premier pas qui sera suivi de beaucoup d’autres. Des lits occupés que l’on pourrait libérer. Des personnes handicapées dont il est compliqué de s’occuper et dont on pourrait accélérer le départ. Des malades dont on pourrait finalement se passer. Des mineurs dont on pourrait abréger la vie. Des vieux pour lesquels on pourrait économiser des retraites. Est-ce le futur dont nous voulons ? Notre société sera-t-elle à ce point inhumaine ?
Ce que nous voulons, c’est un plan national pour déployer de vrais soins palliatifs en milieu hospitalier ou à domicile. Il faut pouvoir soulager la douleur, permettre une sédation discontinue en cas de besoin et permettre un accompagnement familial en fin de vie. Il ne doit pas y avoir, bien sûr, d’acharnement thérapeutique, mais il doit y avoir un respect absolu de la vie. C’est une question d’humanité.
Le 8 avril, la proposition de loi Falorni pour légaliser le suicide assisté et l’euthanasie est examinée à l’Assemblée nationale. Des milliers d’amendements ont été déposés par des députés courageux pour s’y opposer. La dignité est de leur côté. Mettons en échec la culture de mort.
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