« Nous devons déconstruire notre propre Histoire », a suggéré Emanuel Marcon, en évoquant le passé colonial français dans l’émission « Face the Nation », sur CBS News, dimanche 18 avril. L’heure est à la repentance, les Français le savent, et l’Histoire ne constitue plus tant la connaissance des faits passés que la démonstration de la culpabilité de nos ancêtres.

Et, chose curieuse, alors qu’on l’assoit sur le banc de l’accusée, l’Histoire, c’est-à-dire la réelle et profonde connaissance des faits passés, se fait peu à peu oublier, en témoignent les chiffres qui révèlent un effondrement du niveau historique et géographique au collège.

Avant de déconstruire, de condamner, cherchons donc à connaître celui dont la France s’apprête à célébrer - pardon, seulement « commémorer », selon les mots de notre Président, et pour ne pas dire « déconstruire » - le souvenir et dont nous voulons vous donner les faits principaux.

Né à Ajaccio, le 15 août 1769, Napoléon Bonaparte s’attache tout d’abord à un rêve, celui de l’indépendance de la Corse. Son destin semble alors être lié à celle de son île natale et les événements de 1789 le laissent relativement indifférent. Napoléon serait donc probablement resté le « petit caporal corse » si une mésentente avec l’indépendantiste Pasquale Paoli ne l’avait contraint à quitter sa chère patrie pour gagner le continent.

Officier militaire, il se fait alors connaître par ses campagnes d’Italie où il développe son principe favori : la surprise. Après une entrée triomphale à Milan et la victoire de Lodi, il va jusqu’à écrire, en 1796 : « Je me regardais non plus comme un simple général mais comme un homme appelé à influencer sur le sort d’un peuple. » Le mythe est en train de naître. D’autant plus qu’en métropole, sa campagne en Égypte fait rêver.

La gloire acquise, et profitant du discrédit jeté sur le Directoire, l’ancien caporal corse renverse le régime par un coup d’État. Le 1er décembre 1799 voit donc Napoléon Bonaparte devenir Premier consul, selon la Constitution de l’an VIII. Commence alors la mise en place d’un code général du droit par le Code civil.

L’épopée commence alors, puisque le 18 mai 1804, il est proclamé par sénatus-consulte empereur des Français et sacré empereur à Notre-Dame de Paris, le 2 décembre de la même année. L’histoire de l’empereur s’écrit ensuite sur les champs de bataille : d’Austerlitz à la campagne de Russie qui marque sa chute, en passant par la guérilla espagnol, le nouveau César se taille un immense empire de près d’un million de kilomètres carrés, de Hambourg à Rome, de la Baltique à l’Adriatique.

Elle s’achève à Sainte-Hélène, dans l’Atlantique Sud, où, après le « vol de l’Aigle » et la restauration de l’Empire qui tombe de nouveau, à Waterloo, en juin 1815, l’exilé termine ses jours le 5 mai 1821, il y a deux cents ans.

Alors, était-il grand César ou Néron, doit-on voir en lui la figure du vil esclavagiste ? Avant de le juger, laissons la parole aux faits ! Qu’ils montrent que sa personnalité ne peut se réduire exclusivement à l’une de ces étiquettes contemporaines qu’on veut bien lui assigner.

Car l’Histoire, c’est-à-dire l’étude des faits, n’est pas à construire, encore moins à déconstruire, le fait passé existe déjà et son étude consiste à le connaître et à l’analyser et non à le créer. On déconstruit une approche, une méthode historique, une vision. On ne déconstruit pas l’Histoire.

Alors, Monsieur le Président, Françaises, Français, avant de déconstruire l’Histoire, je vous en prie, étudiez-la !

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04 mai 2021 à 21:46

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