Et revoilà Benalla, le nombriliste !
« Tel maître, tel chien », dit l'adage. Malgré leur séparation, les ressemblances entre Emmanuel Macron et Alexandre Benalla ne s'estompent pas. L'ancien garde du corps de notre Président continue de se montrer égocentrique et prétentieux. Dans un entretien au Nouvel Économiste, comme pour fêter un anniversaire, il revient sur l'affaire qui fit la une, en juillet 2018, la qualifiant de « fait divers Benalla ». Visé par plusieurs enquêtes, il se dit victime d'« instrumentalisation politique » et de « manipulation », critiquant vivement Mediapart et Edwy Plenel, qui seraient « les “Breitbart [site américain d’extrême droite] et Steve Bannon” d’une certaine gauche française ».
Il est piquant de voir un ancien militant trotskiste, journaliste à Rouge, hebdomadaire de la Ligue communiste révolutionnaire, puis au journal Le Monde, comparé à un trublion d'extrême droite. C'est, sans doute, pour Benalla, le summum des injures, l'extrême gauche étant, c'est bien connu, un modèle d'humanisme. En 1972, après l'assassinat de onze athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de Munich, n'écrivit-il pas, sous le pseudonyme de Joseph Krasny, qu'« aucun révolutionnaire ne peut se désolidariser de Septembre noir » ? Dans ces milieux, on a le cœur sélectif mais généreux.
On comprend que Benalla puisse en vouloir à un journaliste qui, en vieillissant, ne s'est pas bonifié mais a diversifié ses cibles, se spécialisant dans la révélation d'affaires politiques. Mediapart avait publié des extraits enregistrés d'une conversation entre lui et Vincent Crase (salarié de La République en marche), qui s'était tenue quatre jours après leur mise en examen, en violation de leur contrôle judiciaire. N'a-t-on pas idée d'utiliser des procédés de barbouzes et de faire ainsi de la délation, en s'attaquant à la réputation d'un honnête homme !
Il n'en veut pas aux autres médias, qui n'ont fait que leur travail « en informant les gens de ce qu'ils ont pu percevoir comme étant étrange, bizarre, bancal, voire borderline et illégal ». Ce n'est qu'une perception et l'on sait, depuis Pascal, combien les sens sont des « puissances trompeuses ». Il estime qu'il est porteur d'une « marque Benalla », qui « bénéficie avant tout aux médias ». Modeste, avec ça : « Quand on sort du Benalla, c'est qu'on n'a plus rien d'autre à vendre. »
S'il épargne l'Assemblée nationale, il n'a guère d'indulgence pour les sénateurs, qui ont « voulu faire de la politique », ajoutant : « Après, il y a la Justice qui fait son travail en prenant le temps qu’il lui faut, elle dira la réalité des choses. » Ah ! Ce brave Benalla, qui n'est qu'un citoyen comme les autres et se fie à la Justice !
En tout cas, quoi qu'on pense de son passé, il est fier de son présent. À défaut d'être glorieux, il propage sa propre gloire. « J’avais la volonté de devenir entrepreneur pour concilier mes trois passions : l’aventure, la sécurité et l’intelligence économique, et l’Afrique », explique-t-il. Il a créé une société de conseil et de sécurité dont le but est « de faciliter l’implantation d’entreprises étrangères en Afrique en leur garantissant une information fiable qui épargne les mauvaises surprises et réduit les risques d’échec ». Il vise un chiffre d'affaires de 300 à 500 millions d'ici dix ans. Un vrai premier de cordée. Macron doit être fier de lui !
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