Ensauvagement : faut pas dire ça…

EDUARDO RIHAN CYPEL

« On doit rassembler tous les Français. Et ça, pour moi, c'est le principal. Monter les Français les uns contre les autres peut toujours être un risque », a fustigé Barbara Pompili, dans une interview sur Europe 1 après que Darmanin a parlé de l’ensauvagement d’une partie de la société.

Nul doute que critiquer son propre collègue, ministre en fonction, celui dont on attend qu’il réagisse devant l’ensauvagement que chacun sait, soit un signe de… rassemblement. Cette grande indépendance d’esprit la pousserait-elle à regretter de facto que Macron ait lui-même parlé de l’ensauvagement du monde lors du G7 d’août 2019 et avant, le 21 avril, dans un discours à l’ambassade de Russie. Heureusement, le même s’est repris et, pour la France, ne parle que d’incivilités. La sauvagerie ne serait-elle qu’au Sahel ou en Syrie ? Cette vision fleure – bon ou dangereusement ? – le néocolonialisme de Jaurès ou Jules Ferry.

Décidément, les écolos ou les socialistes restent prompts dans l’absence de réflexion ou la « non-pensée »… Ici, Barbara Pompili. Mais là, aussi, Eduardo Rihan-Cypel, ex-député socialiste qui dit ne pas aimer ce mot : « On peut très bien lutter contre la délinquance sans insulter les gens et les faire passer pour des sauvages. » Ainsi, selon lui, le meurtre d’un chauffeur de bus ou de quiconque doit-il être qualifié de simple acte de délinquance ? Non passible des assises mais d’un simple tribunal correctionnel, peut-être ? Vite, quelqu’un pour offrir à ce jeune homme un Code pénal ! Révisé par Dupond-Moretti, le mot « criminel » en serait bien évidemment banni.

Sans doute porter un masque réduit-il le langage… Là, leur excuse ? L’emploi des mots pour désigner les choses gêne décidément beaucoup, à gauche. Ne plus leur en vouloir de ne plus penser… Les mots sont interdits, la réflexion et l’action qui en découleraient le sont aussi. Exprimer quelque idée ayant trait à la réalité ? Impossible. On devrait, cependant, attirer leur attention sur les conséquences d’une telle réduction. Si le langage est le fruit de l’évolution de l’homme et de sa pensée, qu’est la réduction du langage, sinon le retour à un état brutal au QI d’huître que d’aucuns qualifieraient de… sauvage ? Ou primaire ?

On me dira que cette restriction dans l’emploi des mots du dictionnaire sert à l’abrutissement des masses que nous subissons par médias interposés. Mais sur le fond, cet ancien député croit-il ce qu’il énonce ? Croit-il que le vulgum pecus voit un criminel comme un simple délinquant ? Croit-il que la loi du milieu qui règne jusqu’en prison ne fasse la distinction entre le vol d’une dose d’héroïne et le meurtre ou le viol d’un codétenu ? Entre une main coupée et un vol de mobylette ?

Féministes de tous pays, arrêtez de nous bassiner : le viol n’est plus qu’une incivilité. Mais l’on vous prierait désormais de n’y plus voir un acte sauvage.

Le choix du mot, « délinquant », incite au néologisme : La déglingance intellectuelle de la pensée politique. Ils s’en gavent sans mesurer que celle-ci les détache du commun des mortels, du moins de ceux qui ne sont encore délinquants dans leur liberté d’esprit et pourraient tourner sauvage si on les abrutit continûment d'inanités. De non-concepts ou non-pensées...

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Bertrand du Boullay
Ingénieur à la retraite

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