« Enquête au cœur de la fin de vie » : un reportage choc de Bernard de La Villardière

Image couverture documentaire

L'affaire semble pliée : à une grande majorité (75 %), les citoyens « tirés au sort » pour participer au débat sur la fin de vie se sont prononcés en faveur de la légalisation de l'euthanasie, y incluant même les mineurs (pour 67 % d'entre eux). Il y a un an, un sondage commandé par une association militante (ADMD) nous apprenait que 89 % de Français approuvent l'autorisation du suicide assisté. Et c'est justement pour « marquer l'opinion, interpeller, témoigner et faire témoigner les plus vulnérables », selon les mots du réalisateur Géraud Burin des Roziers, que la fondation Jérôme-Lejeune diffuse, lors de soirées-débats organisées dans plusieurs villes de France, ce film choc, Enquête au cœur de la fin de vie.

Une autre manière d'appréhender le sujet de la fin de vie au plus près de la réalité : dans une unité de soins palliatifs ou à domicile, au chevet de ceux qui, dans quelques heures, quelques jours, quelques semaines, vont mourir ; aux côtés de leurs médecins, infirmières, bénévoles, familles et avec la participation d'experts, juristes, professeurs d'éthique, psychiatres, directeurs d'EHPAD et aussi auprès des « marchands de la mort » (9.000 euros, en Suisse, pour un « suicide assisté »). Un reportage produit par Bernard de La Villardière, journaliste, rédacteur en chef, présentateur à M6, producteur et président de Ligne de Front.

Ce journaliste d'investigation chevronné s'est confié à BV. D'emblée, il nous prévient : « Ce reportage est le fruit d'une collaboration, mais la fondation Jérôme-Lejeune nous a laissé toute liberté éditoriale. C'est, en réalité, un sujet qui me tient à cœur. Avec Géraud Burin des Roziers, mon collaborateur depuis une vingtaine d'années, nous avions traité ce sujet de la fin de vie deux fois dans l'émission "Zone interdite", il y a plusieurs années. Je n'avais pas d'idées préconçues à l'époque, puis j'ai découvert qu'on était dans une escalade législative : seulement 25 % des hôpitaux en France ont une unité de soins palliatifs, une véritable inégalité des Français devant la fin de vie ! Un jour, peut-être, on fera comme dans la Roumanie de Ceaușescu : pour des raisons budgétaires, on demandera aux gens âgés de plus de 70 ou 80 ans de rester chez eux au lieu d'aller à l'hôpital. »

De son côté, la fondation Jérôme-Lejeune souhaite alerter sur l'importance civilisationnelle de cet enjeu « qui nous concerne tous » et dénonce le processus biaisé du débat : la convention citoyenne est un « exercice de fausse démocratie, on en connaît déjà l'issue » et la qualifie de « convention de l'abandon, celle des personnes âgées, malades, handicapées qui seront les premières cibles de la légalisation de l'euthanasie ».

Une crainte que l'on retrouve dans ces voix d'experts interrogés au fil du reportage, car « sous couvert de respecter le droit et la liberté de chacun, on établit une forme de tri entre les individus. On en revient à un ensemble de législations dont la cohérence se rapproche finalement de l’eugénisme » (Bertrand Mathieu, professeur de droit). Avec, derrière, cette interrogation : pourquoi, en 2023, dans une société qui, nous l'assurent les experts, sait soulager la douleur, vouloir à tout prix autoriser l'euthanasie ?

Peut-être y a-t-il, comme le suggère Bernard de La Villardière, une raison financière. À l'exemple du Canada où, selon un rapport parlementaire, le montant des réductions des dépenses de santé liées à l'aide active au suicide assisté est estimé à 149 millions de dollars pour l'année 2021...

Le docteur Estelle Destrée, que l'on suit dans cette unité de soins palliatifs à Houdan, évoque les conséquences délétères d'une légalisation de l'euthanasie pour les professionnels de santé : « On nous demandera de faire le sale boulot. Nous ne serons plus médecins mais agents de l'État prestataires de mort. » Une inquiétude corroborée par ce sondage OpinionWay réalisé au 30 septembre 2022 selon lequel 85 % des acteurs de soins se déclarent défavorables à l’idée de provoquer intentionnellement la mort (sondage OpinionWay, 30 septembre 2022) et 69 % d'entre eux pensent démissionner ou utiliser leur clause de conscience.

En Belgique, où l'euthanasie se pratique sur les adultes comme sur les enfants pour souffrances physiques ou psychologiques, des médecins évoquent les pressions dont ils sont l'objet et leur mise à l'écart lorsqu'ils refusent. Aux Pays-Bas, l'ancien partisan de l'aide active à mourir, professeur d'éthique de la santé, Theo Boers, qui a travaillé pendant neuf ans pour les autorités chargées de contrôler les cas d'euthanasie, sait de quoi il parle : « Ce qu'on a découvert aux Pays-Bas, c'est que légaliser le suicide assisté, cela a favorisé la demande. Il n'y a pas de raison de croire que la France ne fera pas les mêmes erreurs [...] Ne légalisez pas car vous ouvrirez la porte à des milliers de cas. »

Des images et des témoignages utiles pour qui veut savoir à quoi ressemble une société euthanasique, et comprendre que l'alternative est possible. Lieux et dates de diffusion ici et, on l'espère, très vite, grâce au travail de Bernard de La Villardière qui s'y emploie, sur une chaîne de télé ?

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Je comprends tout a fait vos arguments personnels mais je trouve qu’ils ne respectent que VOTRE personne. Je suis belge, mes parents l’étaient aussi. Ma mère de 84 ans, atteinte d’une maladie incurable et qui était dans une maison de retraite « de luxe », en avait marre de vivre avec un tel niveau de dégradation et a fait promettre á son médecin de la laisser mourir quand le moment serait venu. Ayant eu 8 enfants, c’était une femme active habituée a décider pour elle et toute sa clique. Donc, un jour elle s’endort dans son fauteuil électrique et par inadvertance pose son bras sur la commande et son siege l’éjecte á terre. Vu son handicap important, elle y est restée 5 heures sur le carrelage, couchée sur le ventre dans son sang, avant que quelqu’un ne vienne. Elle a donc pensé que cela suffisait et a décidé de partir en faisant la grève de la faim. 16 jours plus tard elle s’est éteinte. A l’époque la loi sur la fin de vie assistée n’existait pas. Cela a été horrible pour elle et pour nous.
    De nombreuses années plus tard, mon père de 93 ans décide aussi qu’il est temps pour lui. Il avait de nombreux problèmes de santé qui ont provoqué un blocage des reins. Il ne lui restait plus que quelques jours a vivre sans machines. Entretemps la loi était passée. Comme il était encore assez actif, passionné de vielles horloges qu’i arrangeait, il a fait venir tous ses enfants un samedi a 14:00 pour leur dire adieux. On s’est raconté de bons vieux souvenirs, on a chanté, prié car ils étaient tous les deux de fervents catholiques et a 14:50 son médecin est arrivé, lui a placé une petite pombe a morphine puis s’est mis en retrait. Mon père avait dirigé son usine de 400 ouvriers et personne ne prenait de décisions a sa place. Quand ses horloges ont sonné les 15:00, il a dit « bon je vous aime bien tous mais il est temps de partir, vous avez autre chose a faire » Il a pris la commande de la pompe a morphine et c’est endormi pour toujours. Pour nous les enfants, cela a été un départ merveilleux comparé a celui de notre maman qu’on a vu dépérir sur son lit de mort pendant des jours interminables. Nous étions terriblement tristes de le perdre mais heureux qu’il soit parti heureux aussi.
    Voilà, c’est un témoignage parmi tant d’autres, peut être en fera t’il réfléchir l’un ou l’autre, c’est le but. Mais je ne me fais pas d’illusions, il n’y a pas plus aveugles que ceux qui ne veulent pas voir !

  2. Comme le résume si bien le site « Sens et symboles », « Les médecins ont été régulièrement détournés pour servir des systèmes totalitaires, qui sont de même soutenus majoritairement par des intellectuels, aveuglés par l’idéologie. » Prochaine mission après la « vaccination » : euthanasier ! La France est devenue un champ de ruines, Macron ira jusqu’au bout de son idéologie mortifère, et tant pis pour un bon nombre de français qui ne comprennent rien !

  3. Le financement des retraites et la légalisation de l’euthanasie ne seraient ils pas finalement liés , on ne nous dit pas tout .

    • C’est qui ce « il faut  » ? votre commentaire prouve que vous ne donnez pas d’identité à la personne , c’est inquiétant , peut être il est bon de demander à chacun ce qu’il veut faire, ce qu’il décide si jamais ! Car voyez-vous je ne suis pas contre fondamentalement , la décision peut être prise par des experts chevronnés et empathiques , de grandeur morale incontestable , mais vous savez très bien que si une loi passe, notamment avec un président comme celui que nous avons, les abus vont être considérables quand on voudra se débarrasser de quelqu’un, je peux vous l’assurer ! l’avortement n’était pas voulu par Mme Veil comme il est aujourd’hui pratiqué ! c’est ainsi l’homme n’est pas fiable, il est assurément individualiste !

  4. Nous vivons un temps ou la propagande, le mensonge et la manipulation sont les outils majeurs de la politique.
    Ces sondages et pourcentages sont bidons bien sur…..
    d’ailleurs s’ils sont sur de leur fait qu’ils fassent un referendum……mais il ne le feront pas et vous savez pourquoi..

  5. L’homme est ce qu’il est. Il n’est pas sans intérêt et les écueils sont nombreux face à une euthanasie pratiquée. Les éléments financiers ne manquent pas : le coût que représente la fin de vie pour la société, la cupidité qui amène certains à lorgner sur un futur héritage, le soulagement de ne plus avoir d’obligations vis-à-vis de ses ascendants, etc…Tomber dans le piège de cette « facilité » ôterait, à mon sens, l’essence même de ce qui fait son humanité. Par contre, si tel est le choix de la personne concernée en toute lucidité, il me paraît difficile de s’y opposer.

  6. A quand une enquête parlementaire sur l’emploi du Rivotril pour euthanasier les personnes âgées des EHPAD au moment du confinement dû à la pandémie de Covid 19 ? Ce devrait être la priorité du Gouvernement, avant toute convention citoyenne sur la fin de vie. On aurait une illustration parfaite de l’euthanasie autorisée et décidée unilatéralement par les autorités, sans consultation des mourants et des familles.

  7. Après plus de trente années d’accompagnement de mourants en aumônerie Catholique et au moment où je serais éventuellement concerné, à 86 ans, je m’élève contre cette campagne gouvernementale d’anti-serment d’Hippocrate. Nous avons un gouvernement amoral, pour ne pas dire immoral. Il ne suffit pas de tutoyer le Pape et de lui taper dans le dos pour embobiner les chrétiens. La loi Léonetti suffit et on ferait bien de davantage investir dans les soins palliatifs.

    • Entièrement d’accord avec vous. Je suis veuf et j’ai accompagné mon épouse jusqu’au bout. Les soins palliatifs ne sont pas donnés suffisamment. l’Hôpital est géré par des financiers qui ne voient que le profit, d’où l’état de délabrement de certains hôpitaux et services de gériatrie!. ça mériterait un référendum sur ce que veulent les français…Au nom de l’égalité devant la vieillesse et les souffrances induites de ce fait. Les moyens existes alors qu’attendons nous ?…..

    • justement c’est faux, la médecine a aujourd’hui tous les produits pour vous empêcher de souffrir. Ce n’est pas le sujet.

  8. Ce projet est diabolique, les retraités qui ont des pathologies dû à l’âge, seront vite euthanasiés . Plus de médicaments produits à l’étranger, et à leur mort, plus de retraite versée, si non la part congrue pour le conjoint. Retraite à 64 ans minimum et à 75 ans le grand départ. Hitler avait les mêmes projets, il était trop en avance sur son temps. Puis les chômeurs, les sans dents, les apatrides, les envahisseurs, enfin tous ceux qui ne rapportent rien et qui coûtent à la SOCIÉTÉ, cela satisfera nos ZELITES qui pourront se partager le gâteau. C’est F O R M I D À B LE. Bravo Président Macron. Je voterai pour vous.

    • Disons que lui offrir un.suicide assisté serait un bon cadeau pour ce satané gamin. Qu’il y goûte donc, il fera un rapport depuis l’au delà !

  9. Ayant pendant plus de 30 ans dirigé un service de chirurgie à orientation cancérologique, je n’ai jamais rencontré un patient me demandant de mettre fin à sa vie, et pourtant j’ai vu de vraies souffrances, la demande de soins oui , de mort non.

    • Merci pour ce témoignage de professionnel. Il est plus crédible que les réactions « à froid » de personnes non concernées dans l’immédiat.

      • Euhh.. crédible? Cancérologie n’est pas « chirurgie de guerre » , et d’un. Patients : si : 1. Et je ne crois aucunement à la compassion d’un observateur (vite, vite , passons, chambre suivante, mon garagiste m’attend) de souffrances rompu aux charcutages du stock de matériaux du centre Descartes. « On » affabule..

  10. En illustration effroyable de cette dérive, cette femme violée qui va être exécutée à sa demande par deux ”medecins” et un psychiatre.

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