Enlèvement des panneaux en provençal : il paraît que c’était une « fake news »

Avignon provençal

La semaine dernière, la polémique a fait le tour de France, plus vite qu’il ne faut aux cyclistes du Tour de France pour grimper le mont Ventoux : le conseil départemental de Vaucluse allait faire enlever les panneaux en provençal indiquant le nom des localités et plantés à l’entrée des communes en dessous des panneaux officiels. Mais les maires avaient toute latitude pour faire replanter ces panneaux un peu plus loin. Dans la pièce Topaze, de Pagnol, un conseiller, non pas départemental mais municipal, faisait bien déplacer une vespasienne devant les cafés de la ville. Comme quoi, rien de nouveau sous le soleil de Provence. La différence notabl, et à noter tout de même : dans Topaze, il s’agissait d’une sordide histoire de pot-de-vin, phénomène définitivement éradiqué en France, en général, et en Provence, en particulier. Dans le Vaucluse, il s’agissait de se mettre en conformité avec la Loi. Chose louable s'il en est.

Mais vendredi, on apprenait le rétropédalage du président du conseil départemental. Plus vite qu’il ne faudrait aux coureurs du Tour de France pour descendre le mont Ventoux à bicyclette. « Si les communes tiennent à poser ces panneaux juste en dessous du panneau en français, qu’elles prennent leurs responsabilités. Ce n’est pas le conseil départemental qui les en empêchera. » On appréciera le « qu’elles prennent leurs responsabilités ». Il est vrai que le président Maurice Chabert avait évoqué une question de lisibilité : « Le risque, c’est que chacun marque n’importe quoi en dessous du nom de la commune : “village protégé par des caméras”, “capitale du melon, de la truffe, de la cerise”. » Il avait tout de même esquissé un élégant et léger mouvement en danseuse, ajoutant : « On va attendre que 20 % de maires ne soient pas réélus ou ne se représentent plus, comme dans le reste de la France. » À 18 %, on fait quoi ? Attendre que les élections soient passées, on est là dans la haute politique, faut reconnaître. Bref, on avait connu plus convaincu et convaincant. Ultime tentative d’échappée du président Chabert de cette affaire de panneaux dans lesquels tout le monde serait tombé : « Fâcheuse fake news. » Avé l'assent, s'il vous plaît. Parce que la lettre envoyée par le conseil départemental aux maires quelques mois auparavant devait être un faux, une « fake letter », peut-être…

Mais foin de polémique. L’essentiel est bien que l’on va pouvoir continuer à lire dans la langue de Mistral les noms de nos antiques villes et villages, qu'on les traverse à pied, en voiture ou à bicyclette. À parier que là où il n'y en avait pas encore, ils ne tarderont pas à apparaître.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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