En souvenir de la Provence 1944 : pas d’état d’âme quand il s’agit de bouter l’ennemi

Le général de Lattre de Tassigny
Le général de Lattre de Tassigny

Une nouvelle fois, le Covid-19 aura eu bon dos en empêchant les cérémonies habituelles qui ont lieu traditionnellement autour de Cavalaire et Saint-Raphaël pour commémorer le débarquement des troupes françaises (largement pieds-noirs et d’Afrique du Nord) commandées par le général de Lattre de Tassigny, le 15 août 1944. Une occasion de rappeler un haut fait de nos armes et une période glorieuse de notre histoire a été perdue.

Pourtant, notre pauvre pays sur lequel soufflent bien des vents contraires aurait besoin de se souvenir des moments où il était grand et où il ne se posait pas de faux débats de conscience. La France était occupée. Il fallait bouter l’ennemi. En 1944, comme à Bouvines ou comme du temps de Jeanne d’Arc. En tous points ! Pas d’état d’âme contre les sauvageons du temps et autres incivils !

Et pour moi qui ait eu la chance de côtoyer, dans ma jeunesse, nombre d’anciens de cette épopée, comment ne pas voir qu’il y avait chez eux un légitime motif de fierté. Ils étaient fiers d’avoir accompli leur mission, fiers de s’être dépassés. Faut-il rappeler que cette génération qui avait 20 ans sur le front de Provence, et à peine plus quand elle atteignit Colmar et les Vosges avant de franchir le Rhin, était celle qui allait donner aussi à la France les « Trente Glorieuses » ?

Oui, une France fière et forte ! Des Français qui en voulaient. Et qui entreprenaient. Une France sûre d’elle-même et de sa mission comme on souhaiterait la retrouver actuellement. Il n’y a pas à chercher très loin les exemples. Regarder, pour ceux de ma génération, nos pères et, pour ceux qui ont trente ans actuellement, leur grand-père. Ce n’est pas seulement dans les siècles passés que la France fut grande, c’est aussi il y a quelques dizaines d’années. Pas de repentance alors, ou alors si, une ! Celle d’avoir perdu la guerre en 1940. Un affront à effacer et ce fut l’épopée des nouveaux héros. Ils eurent le droit de signer l’armistice, le 8 mai, à Berlin. L’honneur était revenu. La France pouvait être reconstruite.

Voilà ce que ceux qui nous gouvernent – mais encore faudrait-il qu’il aient quelques connaissances historiques - auraient pu rappeler en commémorant le débarquement de Provence. Cela aurait pu leur redonner des idées de grandeur et leur rappeler que les populations d’outre-mer ne demandent qu’à participer à la gloire de la France quand un véritable idéal leur est proposé.

Voilà un temps à retrouver et encore plus un état d’esprit. Celui des vainqueurs. Celui de ceux qui ont confiance dans leur pays, dans son histoire, dans son destin. Cet esprit a été perdu au début des années 1980, quand une nouvelle génération est arrivée au pouvoir. Formée dans le confort et avide de jouir de tout, immédiatement et sans réfléchir, comme des enfants perdus, cette génération s’est jetée dans les mirages de fausses idéologies. Elle a préféré détruire tout ce qui existait, à commencer par les institutions, la justice, l’éducation, l’industrie, car elle n’était plus assez forte pour se regarder dans le miroir des anciens. En trente ans, l’œuvre de destruction est immense. Il appartiendra à une nouvelle génération de reconstruire l’édifice.

De reconstruire la France, telle qu’on l’aime dans nos frontières et au-delà. Celle du modèle de civilisation, seul barrage face aux barbares, avant-avant-hier anglais, hier nazi, demain…

Philippe Montillet
Philippe Montillet
Historien et juriste

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