Emmanuel Macron songe déjà à sa succession

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Comme il est d’usage dans le microcosme politicien, tout finit par se savoir. Et c’est dans Le Point qu’ont filtré les premières indiscrétions. Oui, Emmanuel Macron se préparerait donc à passer la main dans la perspective de l’après 2027, sachant qu’il ne pourra briguer un troisième mandat. Il l'a fait à l’occasion d’un dîner privé donné à l’Élysée, ce 30 août.

Voilà un fait inédit dans l’histoire de la Cinquième République. Bien sûr, il y a deux exceptions, Alain Krivine et Jean-Marie Le Pen, ayant tous deux assuré la relève de leur vivant de la manière la plus volontariste qui soit : avec Olivier Besancenot en 2002 pour le premier et Marine Le Pen en 2011 quant au second. Mais ces deux hommes n’étaient pas à l’Élysée, notera-t-on. Car, pour ceux qui étaient auparavant en exercice, Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et François Hollande, la question d’un possible dauphin ne se posait manifestement pas.

Péché d’orgueil, manque de clairvoyance, jupitérienne indifférence ou simple je-m’en-foutisme ? La question demeure ouverte. Mais il est vrai que, dans le cas d’Emmanuel Macron, la situation est tout autre, ce dernier ayant déclaré lors de ces agapes, à en croire cet hebdomadaire : « Ma responsabilité, c’est que Marine Le Pen ne gagne pas en 2027 », comme si était là l’enjeu majeur de la France, en ces temps troublés, en nos frontières comme à l’international. Toujours selon la même source, un proche du Président aurait aussi affirmé : « Emmanuel Macron a clairement assumé, à la façon d’un patriarche, que son job était de faire en sorte qu’une personnalité de notre camp émerge et soit en capacité de se présenter. » Vaste programme…

Car l’affaire n’est pas forcément pliée d’avance, à en juger par la discrétion de cette rencontre, rassemblant la horde des possibles candidats et des potentiels faiseurs de rois. Le nombre des commensaux parle de lui-même : seize en tout ! Mieux qu’une primaire, un véritable peloton du Tour de France.

Ainsi, étaient présents, dans le désordre et sans ordre de préséance, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Élisabeth Borne, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, son prédécesseur, Aurore Bergé et François Patriat, respectivement présidents des groupes LREM à l’Assemblée nationale et au Sénat, Stéphane Séjourné, patron de Renaissance (ex-LREM), les ministres Clément Beaune, Gabriel Attal, Stanislas Guerini, Olivier Dussopt et Franck Riester, sans oublier d’autres anciens détenteurs de maroquins, tels que Julien Denormandie, Amélie de Montchalin et Brigitte Bourguignon.

Dans ces cinquante nuances de gris couleur muraille, comment se retrouver ? Pour Gérald Darmanin, « il nous faut un parti de masse. Renaissance n’est pour l’instant qu’un parti de bourgeois avec quelques cadres. » C’est plutôt bien vu, même si ce jugement lui vaut cette sentence présidentielle sans appel : « Cette rhétorique est dépassée, tous les partis gaullistes ont échoué. » Pas mal vu non plus, même si Jacques Chirac a finalement été élu en 1995. Mais était-il seulement encore gaulliste ? On est en droit de s’interroger.

Notons, dans cette réunion au sommet, un grand absent : l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, devenu une sorte d’imam caché de la Macronie, auquel Emmanuel Macron reproche par ailleurs de bouder le lancement de son fameux Conseil national de la refondation censé se tenir le 8 septembre à Marcoussis. Il est vrai qu’il ne sera pas le seul dans ce cas. Gérard Larcher, président du Sénat, ne s’y rendra pas non plus, pas plus que toutes les formations politiques, à la piteuse exception du MoDem et de son président, François Bayrou, qui, par un hasard bienvenu, sera le secrétaire général du Conseil en question.

Voilà donc ce que l’on sait, pour l’instant, des projets politiques à long terme d’Emmanuel Macron. Autant dire que ce n’est pas la montagne qui accouche d’une souris mais plutôt la taupinière qui enfante un lombric.

 

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Il peut faire voter par l’assemblée nationale une loi l’autorisant à un troisième mandat. Il y a assez de traitres dans certains partis dits d’opposition pour se laisser soudoyer. À moins que Sholz et Van der Meyer ne lui assurent la présidence européenne. Dans ce cas, il se sentirait le maître du monde et pourrait déclarer la guerre à Poutine.
    Mais à voir la tête et le curriculum vitae des successeurs, on en a des boutons.

  2. Comme je le dis toujurs il se prend pour l’empereur de l’UE et pour cela et prét à toutes les compromissions en particuliers les fameuses éoliennes chères aux allemands on voit où cela les ont menés et on voit ce que cela nous coute. Mais pour le petit Napoléon que ne ferait ils pas pour être reconnu et assoire son dirigisme sans pariel en brocardant notre démocratie et en nous emmenant droit dans le mur. C’est bien domage que les Français ont pour une part d’entre eux écoutés les sirènes anti droite avec leurs vielles recette pour faire peur aux enfants la nuit. On va payer trés cher cette erreure car Macron nous emméne lui et son orgueil droit dans le mur si le parlement ne parvient pas à l’obiger à revenir dans le droit chemin.

  3. Tout ce qu’ils méritent, c’est d’être traduit devant la Haute Cour de Justice pour trahison. Avoir saboté volontairement la nation ne peut être laissé en l’état.

  4. il va essayer de nous faire un coup à la Poutine qui a fait élire Medvedev pour continuer á gérer en douce….

  5. Il peut déjà se voir revenir en 2032 puis en 2037. Il ne peut pas briguer plus de 2 mandats CONSÉCUTIFS. C’est la seule limite actuellement fixée par le 2ème alinéa de l’article 6 de la Constitution de 58. Rien ne l’empêche de supprimer ou de modifier cet alinéa sur « proposition » du CNR ou d’un quelconque nouveau Conseil de défense.

  6. Voilà le « grand remplacement » vu par Macron. Il se croit tellement génial que nul n’est à la hauteur. Mais pour avoir des successeurs, encore faut il avoir des enfants..

    • pour avoir un successeur il faut déja trouver un competent et pour l’instant on cherche mais personne dans le placard

  7. Tiens ! Revoilà Bayrou, éjecté il y a 5 ans…et dont on attend toujours le procès…
    Promu « Haut Commissaire au plan », fonction inestimable sous de Gaulle, qu’a -t-il fait en dehors de toucher sa paie ?

  8. A peine réélu,déja il pense a sa suite!!Il ferait,mieux de penser a l’état du pays,aprés son experience du pouvoir,et de ces 4 ans et demi a venir!!!Ce n’est pas glorieux,nul que « le fin?stratége »doit avoir bien des idées,avec ses soutiens!

  9. Je me garderais bien de tirer des projets sur la comète concernant la réélection ou non de cet homme dont l’esprit tortueux n’est pas à un coup bas de plus, si Dieu me prête vie je verrais et le reste de la France le résultat de cette échéance de 2027. Il risque d’y avoir des surprises.

  10. Est-ce lui, ou des commanditaires ultra -puissants qui l’incitent à cette lucidité ? Pour le remplacement; les candidats ne manqueront pas, mais les Français resteront-ils aussi aveugles qu’ils l’ont été jusqu’à présent ?

  11. Pour lui la victoire n’est qu’une question d’élections, et pour ça, tous les coups sont permis.
    Qu’importe si il détruit le pays dont il s’est vu confier les clefs.

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