[EDITO] Assistants européens du RN : la gauche en redemande

© Jordan Florentin
© Jordan Florentin

Alors que les drames récents - ces meurtres atroces commis par des OQTF - serrent le cœur de tous les Français qui en ont un, les grandes orgues médiatiques ont le regard tourné vers un scandale bien supérieur à leurs yeux : l’ouverture, lundi, du procès de Marine Le Pen et de plusieurs cadres du RN et du FN dans l'« affaire des assistants d’eurodéputés du Front national ». Ils comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris, à compter de ce lundi 30 septembre ; les auditions se prolongeront jusqu’au 19 novembre.

Les médias de gauche se lèchent les babines. « Pourquoi Marine Le Pen risque plus gros que François Bayrou », titre Mediapart. « Marine Le Pen face au barrage de l’inéligibilité », se réjouit d’avance Libération. « Jordan Bardella accusé d’avoir fabriqué de faux documents », jubile L’Humanité. On affûte les couteaux, on s’aiguise les canines, on s’échauffe : ça va cogner. C’est le moment ou jamais. Favorite des sondages pour 2027, Marine Le Pen semble sur un toboggan pour arriver à l’Élysée, derrière un Macron dont le crédit sombre au fur et à mesure que son bilan économique et sécuritaire apparaît dans sa nudité.

Méchant FN, es-tu là ?

Reverra-t-on la joie et les commentaires de ces grands résistants qui n’ont risqué que des pluies d’hommage, des agrafes de Légion d’honneur, des postes confortables à la tête de musées ou d’organismes confortablement agrippés au portefeuille du contribuable ou de maroquins ministériels ? Sans doute aurons-nous l’écho des grandes heures de la gauche, quand on pouvait se refaire une santé politique et médiatique facilement sur le dos de Le Pen. Mais voilà, le contexte a tout de même beaucoup changé : tous les médias ne jappent plus en chœur au coup de sifflet. La diabolisation n’est plus ce qu’elle était, ma bonne dame. C’était mieux avant. Les Français ne croient plus au diable Le Pen. Un électeur sur deux, environ, qui a voté ou votera pour le RN sait qu’on lui a menti.

Il s’agit, pourtant, de ressusciter le mal : méchant FN, es-tu là ? On va rêver à gauche, partis et médias confondus, d’attraper la queue du Mickey qui dansera au-dessus des audiences : Marine Le Pen risque une peine d’inéligibilité. La bonne aubaine. Sauf que, dans ce jeu de cartes politiques, la reine Le Pen cache le jocker Bardella. Libé s’acharne donc sur l’emploi du temps du dauphin qui fut attaché parlementaire européen mais n'est pas mis en cause dans la procédure. On va voir et revoir Marine Le Pen entourée de nombreuses caméras et de 26 autres prévenus, dont le maire de Perpignan Louis Aliot, l’ancien député européen RN Nicolas Bay ou l’ancien numéro deux du parti, époque Le Pen père, Bruno Gollnisch. Il leur sera reproché des « détournements de fonds publics », une « complicité » et peut-être un « recel ». Hélas pour les médias d’extrême gauche, le vilain méchant loup lui-même sera absent : l’état de santé de Jean-Marie Le Pen, 96 ans, rend « incompatible » sa comparution.

Bayrou ne menaçait pas le système

Gros défi à gauche : il va falloir, sans Le Pen, intéresser le grand public à cette histoire de voleur volé. Car de quoi s’agit-il ? Bouchez vous les oreilles : Marine Le Pen est soupçonnée d’avoir fait travailler les assistants des députés européens du parti, payés par l’Europe, pour le RN français. Se posera la question de fond : le collaborateur français d’un député RN est-il au service du RN ou du Parlement européen ? En d’autres mots, le RN français aurait volé le RN européen à l’insu de l’Europe, qui subtilise elle-même, chaque année, à la France une dizaine de milliards d’euros (la différence entre ce qu’elle verse et ce qu’elle reçoit de l’Union européenne). Cela dit, avec son accord ! Le Parlement européen est partie civile dans le dossier. Marine Le Pen conteste frontalement tout abus.

Le RN a-t-il dépassé les bornes de la loi ? La Justice tranchera comme elle a déjà tranché dans l’affaire parallèle du MoDem de François Bayrou. En février 2024, Bayrou a été relaxé de toutes les charges qui pesaient contre lui mais cinq anciens eurodéputés de son parti ont été condamnés à des peines de prison avec sursis.

En attendant, dans de nombreux médias de France, l’effroyable tragédie de Philippine, l’immigration folle, l’insécurité galopante, les déficits abyssaux, le désastre de notre industrie et de notre commerce extérieur, la camisole de force européenne, tout cela passera au second plan. France Inter pourra enfin danser sur deux pieds, sur ses deux thèmes favoris : le méchant RN et le réchauffement climatique. Question de priorité.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 02/10/2024 à 15:40.
Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Cette affaire nœud dira si la justice existe vraiment.
    Pensez-vous que les instigateurs de magouilles comme « URBA-GRACO » soient blancs comme neige ?
    Où en sommes nous des sacs à patates remplis de billets de 500€ de la vice-présidente (socialiste ) de la commission européenne ? Et les SMS ?

  2. Puisque la gauche en parle…
    J’aimerais bien qu’elle nous démontre que l’action de ses propres suppléants « oh! combien européens » ne sert pas en même temps, propagande à l’appui, les intérêts de ses partis dits, avec un culot à briser les murs, « de gouvernement » !
    Comme dirait si bien Philippe de Villiers : « Encore une histoire de cornecul ! »

  3. Marine le Pen reste l’assurance tous risques du « Système » en place. La condamner, en plus sans réel motif, et l’empêcher d’être candidate en 2027 se retournerait contre ses accusateurs, en ouvrant une fenêtre pour un patriote moins sulfureux… Zemmour ? De Villiers ?

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