La visite du Président Macron en Chine et le rêve qu’il caresse de profiter des possibilités de développement qu’offre à nos économies européennes le plus grand marché du monde sont l’occasion de s’interroger sur ce qui pourrait bien n’être qu’illusions.
Pour quelle raison la Chine s’est-elle aussi facilement adaptée à l’ultra-capitalisme occidental ?

Hayek, l’un des grands théoriciens de l’ultralibéralisme, préférait une dictature libérale à un gouvernement démocratique, tandis que Lénine voyait dans le taylorisme un immense progrès de la science. Le régime chinois a réalisé la synthèse des deux depuis Teng Hsiao-Ping, synthèse que Xi Jinping ne remet pas en cause.

La planification communiste et l’ultralibéralisme se rejoignent pour asservir le droit à des calculs d’utilité. Le marxisme a apporté au libéralisme cette idée selon laquelle l’État n’est rien d’autre qu’un instrument entre les mains de la classe dominante. Une conception qui se prête beaucoup mieux à l’exercice de la dictature des marchés que la notion d’État de droit chère à nos démocraties occidentales...

Il y a une filiation commune indéniable entre des idéologies qui ont mené le monde durant le siècle qui vient de s’écouler. Les principes ultralibéraux triomphent de toutes parts dans le monde et en Europe avec les effets que l’on sait.

Les forces du marché soi-disant capables, selon les ultralibéraux, d’engendrer un ordre spontané ont ouvert le champ à la loi du plus fort ou du plus rusé, nous entraînant dans un système arbitraire et violent dans lequel le fin et sournois Xi Jinping nage comme un poisson dans l’eau. Lui qui reprend à son compte ce réalisme pratique du communisme chinois selon lequel le pouvoir prétend délivrer la vérité.

Ainsi s’explique la facilité avec laquelle la Chine communiste s’est immiscée dans le système économique mondial et pourquoi, aussi, les États-Unis sont en conflit ouvert avec elle à l’initiative de Donald Trump qui cherche à renverser la table du libre-échangisme actuel. Car la Chine continue de se penser être le monde selon une tradition millénaire. Sa politique des trente dernières années lui a permis de montrer patte blanche et de s’intégrer dans le concert mondial institutionnel sans jamais renoncer à son idéal. Reste que la duplicité chinoise lui permet ce double jeu dans lequel nous sommes, à ce jour, toujours perdants, ainsi qu’en font preuve les échecs de nos installations industrielles sur son sol comme, par exemple, celle de PSA.

Dans ces conditions, la partition jouée par les Européens en asymétrie avec celle des américains est particulièrement risquée, même s’il est indéniable que la fragilité du développement économique chinois le rend tributaire de la nécessité de ses relations avec ses partenaires.

Qui a raison ? Donald Trump et son choix du conflit ouvert ? L’Europe et son choix du dialogue et des échanges ? Et dans ce partenariat à haut risque que nous voulons développer, qui sera victime de l’autre ? Nul ne le sait, mais Shakespeare nous a appris qu’il faut avoir une longue cuillère pour manger avec le diable...

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05 novembre 2019 à 18:01

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