DVD : Hercule contre les vampires, de Mario Bava

hercule

S’il y a évidemment Hercule, dans ce film, de vampires il n’y a point. Il y aura, un jour, un livre à écrire sur les distributeurs français du siècle dernier, connus pour rebaptiser des films, italiens le plus souvent, de la manière la plus grotesque qui soit. On précisera donc que le véritable titre est Hercule au centre de la Terre ; ce qui n’est pas exactement la même chose. Pour la défense de ces sagouins, on dira que Christopher Lee, en 1961, est auréolé de son interprétation dans Le Cauchemar de Dracula, de Terence Fisher (1958). Pour le réquisitoire, on estimera juste que le rétablissement de la peine de mort serait encore trop doux pour de tels vandales. Passons.

Hercule, donc, interprété par l’excellent Reg Park, digne successeur de Steve Reeves, culturiste au visage de statue antique ayant permis de remettre le péplum au goût du jour, avec Les Travaux d’Hercule, de Pietro Francisci (1958), doit ici descendre aux enfers. Accompagné par Thésée, il est chargé de rapporter une pomme d’or cueillie dans le jardin des Hespérides afin de venir à bout de l’ignoble Lycos – Christopher Lee, toujours pas vampire pour deux sesterces –, usurpateur du trône d’Œchalie. Les spécialistes en mythes antiques auront sûrement de quoi se taper la tête contre les murs de désespoir ; peu importe, sachant que nous sommes ici dans la plus totale des licences poétiques.

En effet, tout cela est mis en scène de main de maître par… le maître Mario Bava, le Georges Méliès italien, seul cinéaste au monde à pouvoir emballer un film aux allures de grande production avec un budget misérable. En effet, si le tout début et la toute fin de ce petit chef-d’œuvre obéissent aux canons du péplum, avec leur lot de bagarres plus ou moins athlétiques, leurs jeux de mots adolescents, tout le milieu, soit les trois quarts de l’ensemble, forme un opéra macabre dont l’esthétique a dû faire, en son temps, les délices d’un Jean Cocteau.

Car ce n’est plus un film qu’on regarde, mais des tableaux que l’on contemple. Il y a le Georges Méliès plus haut cité, mais c’est également Gustave Doré et ses gravures que l’on pourrait convoquer. Chaque plan, magnifiquement cadré et éclairé de couleurs irréelles, est d’une beauté à couper le souffle : pas de doute, Mario Bava est né de l’autre côté des Alpes !

Comme toujours, Christopher Lee est en tous points remarquable d’inquiétante intensité. Les femmes, comme toujours et une fois de plus, sont d’une si renversante beauté que l’on traverserait volontiers le Styx rien que pour avoir une chance de s’attirer leurs faveurs.

Pour ceux qui voudraient s’instruire en s’émerveillant, cette édition de chez Artus présente le film en DVD et Blu-ray, le tout accompagné d’un remarquable essai sur la mythologie grecque en général, herculéenne en particulier.

Ne pas faire l’acquisition de cet incontestable bijou du septième art équivaudrait un peu à faire offense aux dieux. Vous voilà prévenus.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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