Reconstruire la droite n'est pas une fin en soi. C'est pour reconstruire la France, ou tout au moins empêcher qu'elle ne continue ses dérives destructrices, que cette nécessité s'impose. Après une défaite, en politique aussi, il faut savoir regarder rapidement et lucidement ce qui a péché chez soi et ce qui a réussi en face.

Pour la droite telle qu'elle était, le constat était clair pour beaucoup qui ne nous reconnaissions ni dans la droite LR ni dans le FN, ce seul fait étant déjà hautement signifiant. Et il suffit de relire tout ce qui a été écrit sur Boulevard Voltaire ces dernières années pour voir que LR et FN étaient condamnés à l'échec : paresse intellectuelle, sclérose des appareils, et souvent des personnalités, flottement sur les valeurs. Ce qui fait quand même beaucoup... Cela se voyait à la télé et aussi chez soi, dans sa ville, sa circonscription.

Macron avait acté ces symptômes de décomposition et construit sa stratégie à partir d'eux, en contournant les appareils, et donc en évitant soigneusement la primaire, et en lançant un mouvement moderne et transpartisan. L'erreur de LR comme du FN a été d'ignorer que cette aspiration existait aussi à droite, comme l'avaient montré les Rendez-vous de Béziers en mai 2016, qui avaient réuni cette droite hors les murs. Ils l'ont payé l'un et l'autre, préférant faire leur petite cuisine sur leurs petits réchauds qui chauffaient de moins en moins. Éric Zemmour dit que FN et LR n'ont d'autre choix que de s'allier. Vu leur état d'épuisement, je crois au contraire qu'il ne leur reste plus qu'à se dissoudre. Les électeurs de droite ne les suivront plus dans leurs épopées de l'échec complémentaires l'une de l'autre.

Mais le phénomène Macron a aussi rendu d'énormes services à la droite pour hâter sa recomposition. Déjà, des murs sont tombés, et ces brèches, les appareils exsangues ne pourront plus les reboucher : il y a eu Dupont-Aignan, il y a eu aussi Sens commun qui a refusé d'appeler à voter Macron, et bien d'autres signes, partout en France, que la droite de conviction n'obéirait plus aux oukases de l'adversaire, ou à ceux du centre UDI juppéiste, ce boulet de la droite, qui empêchait tout rapprochement possible, et dont le rejeton Philippe est à Matignon. Rejeton qui n'a plus aucun droit sur la droite et qui, quand il vacillera, n'aura guère de députés LREM pour le soutenir, tous retrouvant leur ADN socialiste pour mettre un coup de barre à gauche. Mais ce n'est plus notre problème.

La droite a donc besoin de lancer très vite un mouvement transpartisan décentralisé, moderne et, bien sûr, 2.0. Capable de susciter rapidement des milliers d'adhésions sur Internet pour lui permettre de peser, voire d'obliger les vieux partis à se saborder. Mais, à la différence de la marque Macron, indécise sur des points essentiels, ce mouvement doit être porteur d'idées et de valeurs claires et puissantes et faire appel à des hommes et des femmes vraiment compétents.

Les idées, elles, sont déjà là, car le travail a été fait : anthropologie humaniste, défense de l'identité et de la culture françaises, libéralisme économique intelligent, concret et maîtrisé, politique internationale de défense des nations et de l'identité européenne, de l'Atlantique à l'Oural, et non de Bruxelles à Molenbeek. Le corpus idéologique de la droite est bien plus solide et structuré que le flou macronien. Ce qui reste à faire est finalement peu de chose et demande simplement que quelques combattants de droite se mettent en marche (pardon, en route) avec ceux qui le sont déjà depuis plusieurs années.

La question pour les hommes de droite vraiment conséquents est désormais celle-ci : voulez-vous vous épuiser à soutenir les murs de maisons qui se vident et qui s'effondrent ?

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19 juin 2017 à 19:20

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