Narcotrafic : les magistrats marseillais craignent « de perdre la guerre »

drogue

En novembre 2023, une « commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier » était créée. Prévue pour une durée de cinq mois et demi, elle est ponctuée par des déplacements. Ces 7 et 8 mars, c’est à Marseille, ville gangrenée par le trafic de stupéfiants, qu’elle s'est établie.

À la veille de ce déplacement, des magistrats du tribunal judiciaire de Marseille, Nicolas Bessone, procureur de la République, Isabelle Couderc, vice-présidente du tribunal judiciaire de Marseille, Isabelle Fort, procureur adjoint de la République, et Olivier Leurent, président du tribunal judiciaire de Marseille, ont été auditionnés. L’état des lieux qu’ils livrent est des plus alarmants.

Un État inefficace

Le premier constat, fait par Olivier Leurent, met le doigt sur la faiblesse de l'État : « Les perspectives sont préoccupantes, avec une forme de désarmement complet des institutions policières et judiciaires, dit-il. L’État semble mener une guerre asymétrique contre le narcobanditisme avec cette spécificité que dans ce cas précis, c’est l’État qui se trouve en situation de vulnérabilité face à des trafiquants qui disposent, eux, d’une force de frappe considérable sur le plan des moyens financiers, humains, technologiques et même législatifs. » Sans commentaires.

Nicolas Bessone ne peut que confirmer les dires du premier intervenant. Preuve de l’impuissance de l'État, il explique que « l'incarcération ne remet pas en cause la capacité opérationnelle » des narcotrafiquants. Isabelle Fort ajoute : « La détention ne met plus fin aux activités des têtes de réseaux qui [...] commanditent de l’intérieur des assassinats ou gèrent leurs points de deal comme s’ils étaient à l'extérieur. »

Le procureur adjoint de la République met lui aussi l’accent sur l’inefficacité des mesures prises pour lutter contre le trafic : « Si les saisies de stupéfiants ont considérablement augmenté, elles n’ont pour autant pas du tout freiné l’expansion des réseaux criminels. » En réalité, ces actions ont conduit les trafiquants à s’organiser autrement. Ils ont créé de plus gros points de deal, plus sécurisés, avec plus de guetteurs. Des points qui sont donc plus difficiles à démanteler pour la police. Ils ont également étendu le trafic « aux départements limitrophes ». Malgré la lutte menée par les autorités, ce trafic prolifère.

L'adversaire a les mains libres, ou presque

Pendant près de deux heures, l’incapacité de l’État à mettre un terme au trafic de drogue est largement exposée. Tous les intervenants s’accordent à dire que l'impact des actions entreprises est quasi nul. En cause, un nombre ahurissant « de contraintes et d’entraves » administratives dont les narcotrafiquants savent parfaitement se servir. En cause, également, l'augmentation de la corruption de certains surveillants pénitentiaires, de fonctionnaires de police et de fonctionnaires du greffe.

Les magistrats se disent « dépassés », ils réclament plus de « moyens matériels et juridiques pour [leur] permettre de lutter plus efficacement contre cette criminalité particulière » : « des prisons de haute sécurité », « un régime pénitentiaire spécifique très dur [..] où ils ne puissent avoir aucune communication avec l’extérieur... » Ils demandent plus de fermeté, sans quoi ils craignent « de perdre la guerre contre les trafiquants ». L’exemple salvadorien a montré qu’en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, quand on veut, on peut. Nos dirigeants voudront-ils ? Là est toute la question.

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Et bien voilà..! Une belle guerre juste , importante que Manu devrait mener , une guerre nécessaire à quelques centaines de kms de Paris . Il pourrait faire joujou , déguisé en commando parachutiste de l’air …et perso qu’il ne s’inquiète pas pour les approvisionnements, la Hollande est plus près de Paris que Marseille ,

  2. mort de rire : ce sont ceux qui sont à l’origine politique du problème qui viennent se plaindre des conséquences négatives de ce problème. Les préfets du 13 et du 04 ont avoué que plus de 50% de la délinquance de leur département est perpétrée par des étrangers le plus souvent en situation irrégulière, et encore, ils ne « comptent » pas les immigrés français de papier…

  3. De nombreux pays appliquent la peine de mort pour les trafiquants de drogue.
    Amnesty international en a fait la liste.
    Dans ces conditions, le trafic ne peut pas continuer depuis la prison et puis, la peine de mort, c’est quand même un peu dissuasif.
    Si on n’en passe pas par là, il n’y aura jamais assez de place dans les prisons.
    Et puis, qu’attend -t-on pour sanctionner les consommateurs, notamment au portefeuille ?

  4. Il ne faut pas rêver, jamais nous n’aurons un pays sans crimes, sans délinquants, sans drogue ou sans trafics. Cela n’existe pas. Mais il y a des pays plus sûrs que d’autres. Clairement, le Venezuela n’est pas au même niveau que le Qatar. Il faut bien comprendre que la France ne lutte pas contre la délinquance ordinaire, mais contre le crime organisé, des mafias connectées à des réseaux étrangers, car la mondialisation ne concerne pas que le commerce ou la finance, cela touche aussi le crime. Les moyens dont disposent ces organisations atteignent ou dépassent ceux des états, et elles ne s’encombrent pas de l’état de droit, leurs modes d’action sont sans limites. Nous avons compliqué les procédures à outrance, ouvrant une brèche aux avocats des mafieux qui s’y engouffrent et plaident sur la forme et non sur le fond, nous avons supprimé les frontières, nous avons allégé les peines, nous avons rationné les crédits pour la justice et la police, limité le nombre de places de prison … et nous nous étonnons du résultat. D’autres pays, comme l’Italie, ont eu à lutter contre des mafias, avec des succès divers c’est vrai, mais ils l’ont fait. C’est donc possible, les mesures qui ont été prises pour lutter contre les mafias ne sont pas allées dans le sens Badinter-Taubira- Dupont-Moretti, bien au contraire la législation a été durcie, les pouvoirs donnés à la justice et à la police ont été étendus. Serions-nous incapables en France de faire ce que nos voisins ont fait ? De quoi manquons-nous le plus, de moyens, de courage, de volonté ?

  5. Dans les pays musulmans la charia s’applique aux dealeurs.
    La consommation de drogue esr interdite par le coran .
    Tout comme manger du porc ou boire de l’alcool.
    Faut il appliquer la charia ?

  6. Ce n’est pas la faute de l’état car voulant s’occuper de l’Ukraine il ne peut être partout et encore moins à Marseille.

  7. Nous assistons, de fait, à cette légalisation, non pas du cannabis, mais de toute la drogue, tant vantée par la gauche. Légalisation de fait, car le trafic s’étale, ne se cache plus, les points de deal prospèrent au nez et à la barbe de la police et de la justice, l’argent de la drogue s’étale au grand jour, les armes circulent librement, s’exhibent dans la rue, les règlements de compte se font à visage découvert, en toute impunité, les dealers contrôlent des quartiers entiers, font régner la loi, leur loi, celle du plus fort. L’État recule, baisse la tête, se soumet. Les sommes faramineuses engendrées par le trafic permettent de corrompre de plus en plus de fonctionnaires et d’élus, à tous les échelons de la hiérarchie. Alors, la légalisation est-elle un succès ? Oui, bien sûr, pour les trafiquants ! La solution ? Je n’en vois qu’une, il n’y a que les aveugles, ou pire, ceux qui ne veulent pas voir, pour ne pas comprendre ce qu’il faudrait faire.

  8. Il y a toujours des esprits chagrins pour aller critiquer. Je dirai aux sceptiques, que s’ils doutent de ce projet formidable qu’est « Marseille en Grand », que s’ils s’interrogent sur le coût des 5 milliards d’euros prélevés sur le dos des contribuables français, ils peuvent toujours chipoter sur les détails, la réalité est pourtant irréfutable, c’est un succès ! Il suffit de lire cet article pour s’en convaincre. Eh oui, quand on veut, on peut, surtout si on y met les moyens. Marseille est un formidable exemple de cette France de demain, ouverte au monde, créolisée, inventive, bref, une France qui réussit. Aujourd’hui Marseille transformée en narco-ville, demain la France toute entière sera transformée en narco-état. D’ailleurs, le projet est déjà bien avancé dans de nombreuses villes de France, Nantes, Grenoble, Lyon, Paris, la start-up nation de M. Macron est en marche et elle avance vite …

    • J’ai un curieux résultat dans qui gère ces villes que vous citez si brillamment, des villes gérés par la gauche, surprenant non et de rajouter si des villes très moyenne deviennent également des espaces narcotique c’est par débordement de ces grandes villes et déjà des villages sont touchés.

  9. Ce ministre de la justice, qui n’arrive pas à se défaire de son costume d’avocat quand il intervient à l’AN, ferait mieux de s’occuper de ces problèmes que de passer son temps à taper sur le RN ! Il est le plus mauvais des ministres de la justice comme son maître et le gouvernement, nous avons la palme de la nullité ! On a réélu l’olibrius, qu’on vienne pas pleurer !

  10.  » Ils demandent plus de fermeté, sans quoi ils craignent « de perdre la guerre contre les trafiquants ». » Il y a une guerre a mener et elle est dans ce pays . Alors Macron doit envoyer nos soldats pour y mettre fin et oublier l’Ukraine . L’urgence est là pas au bout du monde et  » quand on veut on peut  » mais la question est : ce gouvernement le veut il et là j’ai quelques doutes , ils sont bien trop lâches pour agir ici .

  11. Le problème est d’expression simple : la priorisation !
    Et si la France priorise, il ne faut plus légiférer car tout est déjà en place : il faut investir des milliards pour ensuite frapper très fort.
    Pour frapper très fort il faut la volonté de frapper très fort : on incarcère pour longtemps, on expulse sans égard.
    Mais quel boulot, et durant si longtemps .

  12. J’ai vécu 10 ans dans les pays du Golfe.

    Pas de dealeurs dans les rues.
    30 ans minimum ou la peine de mort.
    Et pour les étrangers pris en arrivant a l’aéroport.
    Taule et expulsion définitive.

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