[Trafic de drogue] À Marseille, la DZ Mafia en plein recrutement

Le mercredi 3 janvier dernier, Gérald Darmanin était en visite à Marseille pour parler sécurité et lutte contre le trafic de stupéfiants. Le ministre de l’Intérieur avait alors affirmé : « Aujourd'hui, certains quartiers en sont débarrassés. À la Paternelle, il y avait quatre points de deal. Il n'y en a plus aujourd'hui. » Cela ne devrait pas durer.

Fin janvier, la police a intercepté des messages Telegram montrant que la DZ Mafia a prévu de réinvestir les lieux d’ici peu. Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police qui réagit auprès de BV, n’est pas surpris : « La nature a horreur du vide, et comme c’est un point qui fonctionnait extrêmement bien, je ne suis pas étonné qu’ils essayent de le faire reprendre. Quand il y a des points qui font 40.000 euros par jour, ils ont envie de les rouvrir. »

Salaires attractifs et avantages en nature

Pour ce faire, le réseau, à l’origine de nombreux règlements de comptes dans la cité phocéenne, recrute. Sur le réseau social, une annonce a été publiée. Elle commence par « Réouverture imminente », comme le rapporte Le Parisien. Les 1.400 abonnés du compte auteur ont ensuite pu lire : « La Fontaine [nom de l’un des plus importants points de vente de la cité, NDLR] recrute, les amis, nous cherchons des travailleurs déterminés et sérieux. » Comme sur n’importe quel site de petites annonces d’emploi, la rémunération est indiquée : « Vendeur 300 €, guetteur 150 €, rabatteur 120 €. » Vient ensuite la liste des avantages en nature : « Air BNB/Fumette/Nourriture/Moyen de transport. »

Pour le policier, cette annonce est le signe que le réseau peine à recruter localement. Selon lui, suite aux règlements de comptes, aux interpellations et au pilonnage de la police, « les gens d’ici ont peur d'aller travailler ». Pourtant, la DZ Mafia se veut rassurante : « La guerre est finie depuis longtemps. Vous pouvez venir travailler en toute sécurité. » Cela ne semble pas suffire. Le réseau doit attirer une main-d'œuvre extérieure. Pour y parvenir, il va jusqu’à promettre un « hébergement » à ceux qui « viendraient de Lyon, Bordeaux, Paris ou Lille ».

Débutants acceptés

L’annonce ne précise pas quel type de profil est recherché, mais comme sur la plupart des points de deals, les mineurs de moins de seize ans sont particulièrement appréciés. Rudy Manna explique : « Ils sont intouchables. En dessous de 16 ans, ils sont considérés comme irresponsables, pénalement. Ils sont positionnés en tant que choufs et quand la police arrive, ils crient. Ils sont interpellés mais on ne peut rien faire. » Ils alertent les dealers de la présence des forces de l’ordre, sauvent le trafic et sont automatiquement relâchés.

Jusqu’à présent, à Marseille, ces jeunes guetteurs qui sabordent le travail de la police ont entre « 12 et 13 ans », mais cela pourrait changer. La DZ Mafia et Yoda, l’autre grand réseau marseillais, pourraient suivre l’exemple des narcotrafiquants d’Île-de-France et de l’Oise, qui embauchent des enfants de 9 ans, plus faciles à impressionner, plus dociles et encore moins condamnables. Quand cela rapporte, les trafiquants ont peu d’états d’âme. Les habitants de la Paternelle pourraient bientôt en refaire le triste constat.

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