Dr Violaine Guérin : « Les hôpitaux publics sont débordés comme tous les automnes, donc, rien de nouveau ! »
Co-créatrice du collectif « Laissons les médecins prescrire », le Dr Guérin dénonce le confinement de personnes saines et ses conséquences catastrophiques alors que l’on sait soigner les malades…
Vous avez co-créé, en mars, le collectif « Laissons les médecins prescrire ». Doit-on comprendre que ce n'est pas le cas, aujourd'hui ?
C’est redevenu le cas, pour le moment. Cela signifie que, théoriquement, nous pouvons prescrire l'hydroxychloroquine. Rappelons qu’en mars, le ministère de la Santé l’avait interdit. Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, des médecins étaient entravés dans leurs prescriptions. En pratique, nous rencontrons quand même des problématiques d’exécution des ordonnances : les Conseils de l’ordre des médecins et des pharmaciens ont envoyé des courriers et des injonctions individuelles en rappelant à tout le monde que cela pouvait être dangereux de prescrire hors AMM [autorisation de mise sur le marché, NDLR], que cela engageait la responsabilité des uns et des autres. Donc, nous constatons des retours de patients qui ont des refus d’exécution de leurs ordonnances dans certaines pharmacies…
Existe-t-il des traitements efficaces pour soigner précocement les malades atteints du Covid-19 ?
Oui, un certain nombre de publications nationales et internationales ont souligné l’intérêt de différents produits. Donc oui, nous savons soigner précocement les malades atteints du Covid-19.
Alors, pourquoi confiner la population si on sait la soigner ?
Tout cela n’est pas normal, il faut être bien clair. Premièrement, les confinements de populations saines n’ont jamais apporté leurs preuves d’efficacité. Aucun argument ne justifie l’utilité ni l’efficacité de cette mesure. A fortiori, si l’on prend en compte les traitements disponibles, cela met encore plus en évidence l’anomalie de la situation. Il faut traiter les malades, mener des actions de prévention utiles et qui ne sont pas mises en œuvre. Par exemple, j’avais écrit, mi-mars, une lettre au président de la République lui indiquant qu’il fallait remonter les stocks de vitamine D car c’est un moyen peu onéreux de se protéger. Je n’ai reçu qu’un simple accusé de réception.
Sommes-nous face à une deuxième vague de l’épidémie ?
Nous ne sommes pas face à une deuxième vague telle que les gens l’entendent. Le mot a été brandi à l’issue du confinement pour prévenir qu’il y aurait une deuxième vague. Il faut être extrêmement précis dans les terminologies employées. Depuis la semaine 40, et toutes les semaines 40, les épidémies saisonnières repartent. Du 1er septembre jusqu’en août, on comptabilise les nouvelles infections chaque année. On voit très bien que les épidémies saisonnières ont repris, les coronavirus repartent, les rhinovirus, les grippes... Donc, il est tout à fait anormal de continuer à comptabiliser les cas de Covid en les empilant. Il y a une première phase d’épidémie saisonnière qui a débuté en février, officiellement, en France, donc, on a une courbe en cloche normale pour cette première épidémie, et là, nous sommes dans une deuxième épidémie saisonnière. Il est très important d’employer les bons mots et de ne pas parler de deuxième vague. En février, nous avons arrêté de compter les grippes et toutes les épidémies saisonnières ont été étiquetées Covid. Il y a donc énormément d’anomalies sur les chiffres. Aujourd’hui, les indicateurs de surveillance ont été modifiés : ce n’est plus la mortalité mais les tests positifs, qu’on appelle « cas », que l’on compte, avec des gens asymptomatiques ou pas malades. Donc, tout est mélangé. Oui, nous assistons à des épidémies virales saisonnières, dont des Covid, et cela nous paraît tout à fait normal. En revanche, on note que les formes sont nettement moins graves que celles vues en première instance. Une des explications est, entre autres, que le virus mute, qu’il perd de sa virulence. Comme pour l’épidémie du SRAS, je pense que nous aurons une deuxième phase moins virulente, et qui peut-être conduira à l’extinction du virus.
Comment expliquer ce décalage entre votre discours plutôt rassurant et celui, très alarmant, que l’on a coutume d’entendre ?
Il y a de la manipulation de la presse, de la confusion tous azimuts. Les hôpitaux publics sont débordés comme tous les automnes, donc, rien de nouveau ! On peut s’étonner qu’on ne communique pas les chiffres en hospitalisation privée, puisqu’il y a de nombreux lits disponibles dans les cliniques. De même, depuis le mois de mars, la médecine libérale a été totalement shuntée puisque les gens devaient rester chez eux et appeler le 15. Aujourd’hui, on est en train de faire peur à tout le monde en se focalisant uniquement sur les hôpitaux publics, alors que ça ne date pas d’hier !
Certains trouvent que le gouvernement en fait trop, d'autres pas assez. Les mesures sanitaires imposées sont-elles proportionnées à l'évolution de l'épidémie ?
Non, ces mesures sont disproportionnées. C’est extrêmement grave car nous allons assister à de la surmortalité à cause des suicides, des pathologies non prises en charge, des cancers non diagnostiqués à temps. Donc, s’il y a une surmortalité dans les mois à venir, elle ne sera pas liée directement au Covid mais à tous ces « dommages collatéraux » et économiques absolument catastrophiques. Il est urgent qu’on remette la vie en marche dans ce pays et qu’on permette à tout le monde de travailler correctement, de faire du sport et d’arrêter d’avoir peur surtout !
Propos recueillis par Iris Bridier
Crédit photo : Louise Bertrand
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