Dijon : « situation un petit peu moins tendue », dixit Sibeth Ndiaye
Elle nous les fera toutes. Toutes ? Toutes. Qui ça ? Sibeth Ndiaye. La dernière : « Vous n’êtes pas sans ignorer. » Vous chipotez, là. Vous n’êtes pas sans savoir que la pratique de la double négation n’est pas chose aisée, que cela relève de l’acrobatie et demande de l’entraînement. Qui, d’ailleurs, n’a pas fait cette grossière erreur ? Surtout à l’oral, lorsqu’on « pirouette-cacahuète » sans filet et en direct devant plein de journalistes. Tiens, je voudrais vous y voir. Si, vraiment, vous n’avez rien d’autre à faire, le mercredi, que de décortiquer le compte rendu de la porte-parole du gouvernement après le Conseil des ministres, franchement, la vie doit vous apparaître bien longue.
Et, au fait, que sommes-nous censés savoir ou ne pas ignorer ? Que le mardi, il y a les questions au gouvernement à l’Assemblée et que, donc, comme Christophe Castaner en avait tout plein auxquelles il devait répondre, il ne pouvait pas être à Dijon et qu’en conséquence, c’est Nuñez qui s’y est collé. Laurent Nuñez, vous ne pouvez l’ignorer, est le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur. Au fait, et à Dijon, que fait le gouvernement ? Sibeth Ndiaye a réponse à tout. « Nous avons porté attention à la situation avec une intervention proportionnée. » Belle allitération, faut reconnaître. Manquaient, peut-être, les mots « répression » et « sanctions », non ?
Mais cela s’appelle une réponse passe-partout. Madame, on en est où, pour mon dossier ? Rassurez-vous, Monsieur, dit la dame, derrière son Hygiaphone™, il a fait l’objet de toute l’attention qu’il méritait. Ce qui veut aussi bien dire qu’on s’en occupe ou qu’on a procédé à un classement vertical, c’est-à-dire qu’on l’a mis à la poubelle. Bien, merci pour votre réponse. Et la situation, à Dijon, plus précisément, on en est où ? « Vous le savez, Laurent Nuñez a évidemment condamné les violences qui ont été perpétrées à Dijon. Il a condamné le fait que d’aucuns souhaitent se faire justice par eux-mêmes. » Ce qui, à n’en point douter, doit être de nature à rétablir l’ordre subito. Néanmoins, soyons complets dans le compte rendu. La ministre poursuit : « Il [Laurent Nuñez] a annoncé le déploiement de 150 fonctionnaires de police et de gendarmerie et qui permettront, je l’espère [inquiétant, ce « je l’espère »...] dans les plus brefs délais de rétablir l’ordre. »
Elle enchaîne dans la foulée, souriante et presque rassurante : « Mais vous savez, hier soir, la situation était d’ores et déjà un petit peu moins tendue. » C’est-à-dire, un petit peu moins tendue ? Pas trop tendue... plutôt tendue... assez tendue ? Mais vous n'êtes pas sans ignorer que la question ne lui a pas été posée.
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