Des sanctions pour les oligarques russes… sauf cas particuliers

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La nouvelle est passée sous les radars. C'est le week-end, il fait froid, les élections approchent, la guerre fait rage en Ukraine... les raisons ne manquent pas.
Il n'empêche. Le gouvernement français, en concertation avec ses homologues européens, avait annoncé dans la presse, dès le début de l'invasion, un plan de rétorsion qui aurait déjà fait perdre plusieurs dizaines de milliards de dollars aux milliardaires proches de Poutine. Une première liste a permis aux Occidentaux de montrer leur détermination. Aucun oligarque ne devait s'en tirer. Les plus enragés demandent déjà que l'on saisisse leurs luxueuses villas.
Pourtant, ce vendredi, le journaliste Fabrice Arfi a publié sur Twitter les noms de trois oligarques russes qui n'ont pas (du moins pas encore) fait l'objet de sanctions de la part du gouvernement français. Ils ne figurent pas en effet dans la fameuse liste.

Fabrice Arfi, c'est Mediapart. C'est le bras droit d'Edwy Plenel. La nouvelle est passée pratiquement inaperçue, au milieu de la campagne présidentielle, de la guerre en Ukraine, de l'augmentation des prix de l'énergie... Malgré tout, cela vaut la peine de s'intéresser à ce que vient de publier le journaliste d'investigation. Ces trois noms sont, en effet, directement liés au pouvoir. 

Quels sont ces trois oligarques ? Il y a d'abord Iskander Makhmudov. C'est l'homme qui a signé un contrat de travail avec Alexandre Benalla, qu'on ne présente plus. Quand le confident du Président a dû quitter précipitamment l'Élysée après l'affaire de la Contrescarpe, il a immédiatement trouvé du travail auprès de ce milliardaire. Il y a également Dmitri Rybolovlev. C'est lui dont le nom est cité dans une affaire qui concerne le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti : celle de l'enquête menée par un juge français autour d'affaires suspectes à Monaco. L'ancien avocat pénaliste s'en était alors pris, avec la virulence qu'on lui connaît, au magistrat. Le troisième de la liste, quant à lui, s'appelle Nikolaï Sarkisov. Il est derrière l'affaire des millions russes de Sarkozy - une affaire qui remonte à 2019. L'ancien président de la République avait signé un contrat de trois millions d'euros pour conseiller les assurances russes Reso-Garantia, contrôlées par les frères Sergeï et Nikolaï Sarkisov. Le parquet national financier a ouvert, début 2021, une enquête préliminaire sur cette affaire de gros sous.
Un employeur de l'ex-garde du corps présidentiel ; un homme qui a des liens troubles avec le ministre de la Justice ; un dernier qui a fait des affaires avec un ancien Président, dont le soutien à Emmanuel Macron est attendu par son camp - et sera probablement effectif bientôt, alors que Valérie Pécresse ne cesse de dévisser dans les sondages. Appelons ça une coïncidence, si vous voulez. Pourtant, tout comme la levée (certainement provisoire) du passe vaccinal au moment de l'entrée en campagne du Président en exercice, comme la suspension par Twitter de plusieurs comptes du RN et de Reconquête le jour même de sa déclaration de candidature, comme tant d'autres phénomènes curieux, il y a des coïncidences qui surprennent. 
Les oligarques russes sont tous méchants, mais certains sont plus méchants que d'autres. Comme pour les grands concours français ou les promotions dans la fonction publique, on attend impatiemment la publication d'une « liste complémentaire ». Cela ne saurait tarder. C'était probablement un oubli. On ne peut pas penser à tout.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Simple remarque : ce déballage de trahisons et de compromissions assure semble t il le casse croûte des journalistes qui les découvrent et les dévoilent.

    « En même temps » il contribue à l’exaspération impuissante des lecteurs destinataires de ces constats . Bonjour les crises d’hypertension.

    Merci cependant à B.V de permettre aux vérités d’être diffusées !

  2. Il serait intéressant de connaitre les liens financiers qui existent entre nos hommes politiques de haut niveau et les entreprises étrangères, là on cite la Russie , il y a la Chine, mais il faudrait regarder aussi vers le Moyen Orient, et les pays qui diffusent avec leurs milliards l’islam dans nos contrées et le terrorisme qui va avec.

  3. Un constat et en rester là? C’est une affaire, ou plutôt 3 affaires, à développer avec grand fracas par toutes les voies encore libres à la circulation de l’information.

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