Des métiers disparaissent, d’autres voient le jour : ainsi va le monde…

bourreau

Des métiers disparaissent, d’autres voient le jour au gré de l’évolution de notre société. « De tout temps les hommes… », accouchait péniblement le lycéen d’autrefois en introduction de sa dissertation. Bourreaux (on disait officiellement « exécuteur des arrêts criminels », ce qui faisait plus solennel), allumeurs de réverbères, commis de barrière, porteuses de lait et autres forts des halles ont pratiquement disparu de notre paysage social. En tout cas, vous ne les trouverez pas dans la « nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles » de l’INSEE.

Quand ils ne disparaissent pas, les métiers ou professions évoluent, et leur nom avec. Certains viennent du fond des âges et n’ont cessé de changer d'appellation depuis deux siècles et demi : laboureurs, ménagers et gens de labeur sont devenus cultivateurs à la Révolution puis, plus récemment, agriculteurs. Aujourd’hui, on ne dit plus « représentant de commerce » ni, trop, « VRP », mais « commercial ». C'est mieux. On ne vous fera pas l’injure d’évoquer le technicien de surface, du reste souvent technicienne. Des métiers n’auront existé qu’à peine un siècle : la dactylographe tout comme le poinçonneur des Lilas ou le petit télégraphiste.

Il paraît même que 85 % des emplois de 2030 (demain, donc) n’existent pas encore. C’est Pôle emploi qui relaie l’information tirée d’une étude américaine de 2017. De quoi, peut-être, faire patienter ceux qui cherchent un boulot pour aujourd’hui, parfois même en traversant la rue. « L’intelligence artificielle ou la robotique vont non seulement transformer en profondeur les métiers existants mais en créer de nouveaux, dont on peine encore à dessiner les contours, comme les éthiciens ou les psydesigners. » Un éthicien, ce n’est pas, bien évidemment, le féminin d’esthéticienne mais un spécialiste des problèmes d’éthique. Le monde de demain sera spécialiste ou ne sera pas. Et l'éthique, c'est important et tellement plus chic que la morale, qui fait ringard. Quant au psydesigner, rien à voir avec un tenancier de galerie d’art - pardon, un galeriste. Non, le psydesigner est un architecte de l’intelligence artificielle. Le progrès nous épatera toujours.

En tout cas, grâce ou à cause de la crise sanitaire, de nouveaux métiers (si on peut les appeler ainsi) voient d'ores et déjà le jour. C’est ainsi que, depuis plusieurs semaines, les boîtes d'intérim recrutent des « agents de contrôle passe sanitaire » ou « contrôleur passe sanitaire ». Bien évidemment, il ne s'agit pas de « petits boulots ». Niveau d’étude requis ? C’est variable. Une agence précise « Bac +2, Bac +3, Bac +4, Bac +5 ». Comme quoi les socialistes avaient raison d'ambitionner, pour la France, plus de 90 % de bacheliers. Une autre boîte précise qu’une formation sera effectuée (une heure) et que la compréhension et la pratique du français doivent être irréprochables. C'est pas un peu discriminatoire, ça ? Une autre, encore, indique que l’aisance relationnelle et le sens du service seront des atouts pour réussir. On imagine. Qu’on se rassure - ou pas -, toutes ces offres d’emploi sont en CDD. Le passe sanitaire ne doit-il pas prendre fin en novembre...

À coup sûr, d’autres métiers vont apparaître au fil de l’évolution de cette crise qui n’en finit pas, et plus vite qu'on ne pense. À bien y réfléchir, nombre de métiers prospèrent sur le malheur des temps : de tout temps, n'est-ce pas, les hommes ont eu faim... Peut-être, même, verrons-nous d’anciens métiers renaître. En y réfléchissant bien, le bourreau pourrait reprendre du service pour mettre au pilori les récalcitrants du passe sanitaire…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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