Des Français de souche djihadistes ? Oui, mais ils sont d’abord islamistes

On a entendu, sur les plateaux de télévision, que 30 % des Français impliqués dans des activités djihadistes sont des convertis. C'est possible. Mais que veut-on démontrer par là ? Que les djihadistes ne sont pas tous issus de l'immigration ou de pays de culture musulmane ? Personne ne le prétend. On dit aussi que les musulmans sont les premières victimes du terrorisme. C'est incontestable. Certains pays du Moyen-Orient sont la scène de boucheries sanglantes, lors d'attentats dont l'horreur dépasse l'imagination. Mais que veulent signifier ceux qui soulignent cette réalité cruelle ?

Avançons une hypothèse, parmi d'autres, qui n'excuse en rien ces actes de barbarie. Si des Français de culture occidentale se convertissent à l'islam et qu'il leur arrive de pratiquer un activisme radical, c'est peut-être, en partie, parce que notre société ne leur a pas offert un idéal qui puisse donner un sens à leur vie. Nos prétendues élites, qui ont failli à leur devoir de tracer la voie, ne sont pas dénués de responsabilité. L'Église elle-même y a sa part : un trop grand nombre d'évêques, cédant aux schémas de pensée dominants, n'ont pas toujours été de bons apôtres. Une fraction du clergé a subi la contagion soixante-huitarde, privilégiant le temporel sur le spirituel, et n'a su ni attirer ni retenir des jeunes qui ont cherché ailleurs, fût-ce en se fourvoyant, de quoi pallier le vide de leur existence.

Il ne s'agit pas de sombrer dans le fatalisme. Il existe encore quelques personnes courageuses, qui s'engagent dans la vie sacerdotale, une voie bien difficile à suivre dans une société pervertie par une pensée imprégnée d'égoïsme, sous le faux-semblant d'un humanisme intéressé. Il existe des communautés rayonnantes, revivifiant des paroisses, donnant envie à nombre de jeunes garçons et filles de s'investir dans un apostolat religieux ou laïque. On peut espérer, de la même façon, que la société éprouvera, un jour, le besoin de sortir de l'abîme.

Pour en revenir aux Français convertis à l'islam ou au terrorisme massivement exercé contre des musulmans, ces arguments ne prouvent rien, sinon le contraire de ce que voudraient démontrer leurs adeptes. C'est bien la religion de Mahomet qui peut les conduire à cette radicalité, cette violence, cette volonté d'imposer aux autres leur culture et leur loi. On peut légitimement discuter de savoir si c'est ou non le résultat d'une mauvaise interprétation de l'islam, de la contingence de ce phénomène, mais on ne peut nier que ce comportement y trouve ses racines et sa justification.

Quant aux populations de culture musulmane, qui subissent régulièrement des attentats odieux, ils sont les victimes de fanatiques qui pratiquent le terrorisme dans son essence : terroriser le peuple et le contraindre à les suivre ou à se taire. On en eut la triste illustration durant la guerre d'Algérie, où les fellaghas s'attaquaient indistinctement à tous ses habitants. Benjamin Stora, à l'origine du rapport sur la guerre d'Algérie, ose déclarer, dans L'Expression, un quotidien algérien proche du pouvoir, qu’« [il ne voyait] pas d'inconvénient à la présentation d'excuses de la France à l'Algérie pour les massacres commis ». Apparemment, cet historien est rendu borgne par son parti pris. Faut-il s’étonner que Macron l'ait choisi ?

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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