Dénonciation de l’islamisme : ne pas se contenter de mots, mais en tirer toutes les conséquences !

gérald darmanin

Il ne faut pas mettre en cause la compassion et l'indignation des Français qui ont manifesté, ce dimanche, pour dénoncer l'extrémisme des islamistes et défendre la liberté d'expression. Mais on est bien obligé d'admettre que tous ne se sont pas départis d'une forme intéressée d'hypocrisie.

Quand le gouvernement a laissé un dangereux activiste islamiste, bien connu des services de renseignement, contribuer à la traque d'un professeur qui accomplissait sa mission, quand Gérald Darmanin explique qu'il va demander aux préfets d’expulser 231 étrangers en situation irrégulière et fichés pour radicalisation à caractère terroriste, quand un Conseil de défense décide de mener des « actions concrètes » rapides contre « les structures, associations proches des milieux radicalisés », quand Macron lui-même, plagiant Charles Pasqua, qui était d'une autre trempe, déclare, dans cette réunion, que « la peur va changer de camp », on est en droit de se demander si ces fiers-à-bras ne se moquent pas de nous.

À supposer que les mesures annoncées soient effectivement appliquées, pourquoi nos dirigeants ne les ont-ils pas prises plus tôt ? Car le problème n'est pas nouveau ! Les plus lucides, qui, depuis des années, tirent la sonnette d'alarme, non seulement n'ont pas été écoutés, mais ont été accusés d'attiser les haines. Qui ne voit que ce revirement soudain survient, comme par hasard, à l'approche d'élections importantes ? Faudra-t-il d'autres attentats, d'autres décapitations pour que le pouvoir actuel sorte de sa léthargie politique ? Mieux vaut tard que jamais, concéderont les plus indulgents, mais peut-on faire confiance à des politiciens prêts à tout et à son contraire pour rester aux commandes ?

On pourrait en dire autant de Jean-Luc Mélenchon, qui se mute en militant anti-islamiste après avoir participé, en novembre 2019, à une marche contre l'islamophobie, à l'appel, notamment, du CCIF, dont les liens avec les Frères musulmans sont patents. Et que penser des stratégies d'entrisme des indigénistes ou des racialistes au sein de La France insoumise sans qu'apparemment son patron ne s'en émeuve ?

Les responsables LR étaient, pour la plupart, absents des manifestations de dimanche, estimant, selon les mots de Bruno Retailleau, qu'« il y a eu trop d'attaques sans vraies ripostes. Trop de marches suivies de trop de reculs. Trop d'hommages sans courage. » Si l'on ne peut soupçonner de duplicité le président des sénateurs LR, faut-il se fier aveuglément à ces Républicains qui parlent de « déclaration de guerre » contre l'islamisme, appelant à « fermer des mosquées » et les « salles de prière radicalisées », qui veulent apparaître à la pointe du combat mais continuent de dire pis que pendre des partis qui, comme le Rassemblement national, ont dénoncé ce mal bien avant eux ?

Enfin, on a entendu quelques imams défendre « les vraies valeurs de l'islam ». Ainsi, le recteur de la mosquée de Bordeaux, réputé modéré, a exprimé son indignation, « en tant que citoyen français et en tant que musulman », devant l'assassinat du malheureux professeur d'histoire. On veut bien croire à leur sincérité, mais qu'attendent-ils pour dénoncer fermement les ambiguïtés du Coran, condamner sans détours toutes les manifestations de séparatisme et de communautarisme, recommander l'assimilation ?

Bref, dans les prises de position sur cette tragédie subsistent beaucoup de non-dits et, parfois, d'hypocrisie. Tant mieux si une prise de conscience, fût-elle tardive, commence à voir le jour. Mais il faut aller jusqu'au bout et en tirer toutes les conséquences. La France a trop pâti de la lâcheté, du laxisme, voire de la complaisance à l'égard de l'islamisme !

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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