Delevoye dévoyé ?
À l’heure où quasiment la France entière s’inquiète de la réforme des retraites, je lis avec stupeur dans L’Express que Jean-Paul Delevoye, le « Monsieur Retraite » du gouvernement, va cumuler allègrement sa pension de retraite du régime général, sa pension de retraite d’élu local et ses indemnités de haut-commissaire (10.135 euros bruts mensuels).
C’est parfaitement légal, mais la loi lui interdit, en revanche, de percevoir en sus ses pensions de retraite d’ancien député et d’ancien sénateur. Là, cela ferait un peu « too much ».
Pour le vulgum pecus, le cumul emploi-retraite est strictement encadré : malheur à celui ou celle qui a liquidé sa retraite, par exemple, à 62 ans sans « avoir tous ses trimestres », ce qui est le cas de nombreuses personnes ayant fait une carrière de salarié en début de vie professionnelle, puis une vie de travailleur indépendant (ou plus généralement d’affilié au RSI) contrainte et forcée après un « accident » de carrière.
En pareil cas, si on retravaille en tant que salarié, le salaire est plafonné selon un système complexe (1,6 fois le SMIC ou moyenne des trois derniers mois de salaire, par exemple, dans certaines situations), sinon il est possible d’avoir une activité en travailleur indépendant, mais il est alors exigé de continuer à cotiser sans acquérir le moindre droit, puisque tout a été liquidé.
Ces cotisations sont qualifiées du doux nom de « cotisations de solidarité » ; en quelque sorte, on achète le droit de continuer à travailler !
Impossible d’avoir des chiffres précis sur le nombre de personnes concernées, mais je connais personnellement un bon nombre de cadres atteints par la limite d’âge pour retrouver un emploi salarié classique (autour de la cinquantaine) qui se sont installés « au RSI » pour continuer à bosser et qui ont fait valoir leurs droits dès que possible au regard de la faiblesse de la décote des pensions pour avoir une sécurité minimum de revenus.
Le cas de M. Delevoye, c’est le cas inverse !
Vous allez me dire qu’il est en CDD puisque sa mission est temporaire, mais convenons qu’il constitue, à lui seul, un « régime spécial » de plus : appelons-le « régime Delevoye » !
Là encore, dans cette histoire des retraites, on confond causes et effets en allant au plus facile.
Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre qu’une cotisation est le produit d’une base par un taux, la base étant la masse salariale.
Il y a des évidences telles que la question démographique et l’allongement de la durée de vie, mais le vrai problème de fond, c’est le chômage, notamment ce chômage masqué des seniors.
Et là, le gouvernement (comme ses prédécesseurs, d’ailleurs) « sèche » particulièrement.
Enfin, M. Delevoye s’en moque, il a son régime spécial bien à lui qui lui permet de cumuler tranquillement en parfaite légalité.
Mais est-ce bien moral ?
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